Annie Goupil et Costaud l’ont échappé belle

Par Charlotte Paquet 16 février 2017
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Annie Goupil, qu’on aperçoit avec son chien Costaud, se souviendra longtemps de la mésaventure. Photo courtoisie

Baie-Comeau – « On vit beaucoup dans un monde où on est connectés virtuellement, mais moins humainement. Il faut se reconnecter humainement aux autres. »

Celle qui tient ces propos, c’est Annie Goupil. Il y a une dizaine de jours, la maman de trois enfants a eu la peur de sa vie et, du coup, a été confrontée à une triste réalité, celle de la peur de l’autre. Alors qu’elle et son chien, Costaud, un labrador, étaient trempés jusqu’aux os après s’être retrouvés dans les eaux de la rivière Manicouagan à -20 degrés Celsius, l’attitude d’une citoyenne chez qui elle venait de frapper pour obtenir de l’aide l’a choquée royalement.

Le vendredi 3 février, au tout début d’une matinée glaciale sur Baie-Comeau, Annie Goupil venait d’envoyer sa progéniture à l’école lorsqu’elle a décidé de faire sa marche habituelle avec son chien dans les sentiers longeant la rivière Manicouagan près de la rue des Rochers.

Comme il n’y a aucun autre marcheur dans le secteur, elle a décidé de libérer Costaud pour lui faire plaisir. Malheureusement, l’animal a glissé et s’est retrouvé à l’eau.

Voyant que Costaud ne réussissait pas à regagner la terre ferme et que ses yeux commençaient à révulser, la promeneuse s’est couchée sur une mince couche de glace afin de tenter d’attraper la laisse toujours au cou de son chien. Malheureusement, la glace a cédé. Elle s’est retrouvée elle-même dans l’eau jusqu’aux hanches. Finalement, elle est parvenue à attraper la laisse et à sauver Costaud, qui venait de passer six ou sept minutes dans l’eau.

À l’aide!

Frigorifiée, Annie Goupil a rebroussé chemin avec son chien, littéralement congelé, afin de quitter le boisé le plus rapidement possible. Dès que ce fut possible, la femme a frappé à une résidence afin de demander de l’aide afin qu’elle et son animal puissent se réchauffer puisqu’elle était encore à une dizaine de minutes de marche de chez elle. Une dame, qu’elle estime âgée d’environ 70 ans, lui a répondu.

« Je ne sentais plus mes mains et mes bottes étaient pleines d’eau. Mes culottes et mon manteau étaient mouillés. Mon chien était recouvert de givre, le pauvre. J’étais là en état de choc, en panique et en pleurs et la dame, à travers une porte vitrée, m’a dit : « Je vais appeler la police », raconte la victime.

Devant pareille réaction et souhaitant se mettre au chaud le plus vite possible, Annie Goupil a tourné les talons avec son chien dans l’intention de marcher jusque chez elle. Voyant cela, l’autre dame a ouvert la porte pour lui dire qu’elle, elle pouvait rentrer se réchauffer, mais pas Costaud qu’elle n’avait qu’à attacher dehors.

Après avoir risqué sa vie pour sauver celle de son chien, il n’était pas question qu’Annie Goupil le laisse mourir de froid à l’extérieur. « Je n’en revenais pas. Je suis partie et, ayant peur de tomber sur une autre personne aussi sans cœur, j’ai décidé de me rendre chez moi. Une dizaine de minutes, c’est assez court, mais quand tu viens de marcher un bon bout toute mouillée et au froid, ça parait long », indique la trentenaire.

Rendue à son domicile, elle s’est empressée de retirer ses vêtements mouillés et d’appeler une clinique vétérinaire afin de demander conseil pour Costaud, qui, finalement, s’en tire sans séquelles.

Incompréhension et pardon

Maintenant que la poussière est retombée sur ce dramatique événement, Annie Goupil ne comprend toujours pas davantage comment quelqu’un peut agir ainsi. C’est l’incompréhension totale. « Comme mon amie m’a dit : « T’étais pas un homme barbu qui frappe à la porte à minuit le soir. » Je pleurais et j’étais paniquée », répète-t-elle.

Sur le coup, elle a éprouvé de la colère pour cette dame. « Mais après réflexion, je me suis dit que je ne lui en voulais pas. Si elle vient frapper chez moi à la suite d’un malaise ou autre, ma porte lui sera toujours ouverte. La loi du bon samaritain et faire preuve d’humanité, j’y crois encore. Il faut ouvrir nos œillères », conclut la maman de trois enfants.

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