Pessamit va crier son opposition en Nouvelle-Angleterre

Par Steeve Paradis 14 octobre 2016
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La centrale et le barrage de Bersimis-2, sur la rivière Betsiamites.

La centrale et le barrage de Bersimis-2, sur la rivière Betsiamites.

Baie-Comeau – Le chef de Pessamit, René Simon, s’est récemment rendu dans le nord-est américain pour lancer « un appel à l’aide » afin de « stopper la destruction aveugle de la rivière Betsiamites », qui fera les frais selon lui du projet d’une nouvelle ligne électrique entre le Québec et les États-Unis.

Accompagné par son collègue de l’Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, le chef du conseil des Innus de Pessamit a fait part de ses craintes lors d’une rencontre avec les médias de Boston et des présentations publiques à Concord, capitale du New Hampshire, état où doit aboutir la future ligne. Les deux chefs soutiennent avoir l’appui de plusieurs organismes environnementaux de la région, comme le New Hampshire Sierra Club.

Si le chef Simon s’inquiète d’un projet de ligne qui se trouve à des centaines de kilomètres de sa communauté, c’est qu’il estime que l’énergie qui y transitera proviendra en partie des centrales Bersimis-1 et Bersimis-2, situées sur la rivière Betsiamites. Ces deux centrales construites dans les années 50 sont dites de pointe, utilisées pour répondre à de fortes demandes de courte durée.

Et c’est là que le bât blesse. Ces pics de demande de courte durée font énormément varier le débit de la rivière, qui peut passer de 130 mètres cubes/seconde à 650 mètres cubes/seconde, jusqu’à sept fois par jour. « La gestion hydraulique actuelle de la rivière Betsiamites a un impact dévastateur sur la productivité salmonicole », déclare le chef Simon.

Chute des captures

Dans un communiqué, le chef du conseil des Innus de Pessamit soutient que les captures de saumons, de l’ordre de 1000 par année avant les barrages, a chuté de plus de moitié après la construction de ces derniers. En 2014 et 2015, le nombre de saumons capturés a été de 32 et 84, respectivement.

Selon Pessamit, cette chute dramatique est grandement attribuable à la gestion hydraulique de la Betsiamites, gestion qui contribue à affecter négativement le taux de survie des œufs, des alevins et des saumoneaux. Si le manège se poursuit, «le potentiel salmonicole de cette rivière sera irrémédiablement compromis », lance le chef en ajoutant que le gouvernement du Québec a autorisé Hydro-Québec à « poursuivre la destruction de la rivière Betsiamites au nom d’impératifs commerciaux ».

La communauté avait déjà laissé savoir qu’elle exigeait que le projet d’interconnexion Québec-New Hampshire fasse l’objet d’un examen public du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Pour le chef Simon, il est anormal que le volet production de l’électricité qui transitera par cette ligne « soit passé sous silence ».

D’après les informations disponibles sur le site web d’Hydro-Québec, le projet d’interconnexion Québec-New Hampshire, d’une longueur de 80 kilomètres, est évalué à 125 millions $. Dans l’état actuel des choses, les travaux débuteraient à l’automne 2017 pour une mise en service au printemps 2019. En 2015, la société d’État a exporté pour plus de 1,6 milliard $ d’électricité aux États-Unis.

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