Québec veut installer un banc d’essai au nord de Baie-Trinité

Par Charlotte Paquet 10 mai 2017
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Baie-Comeau – Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) souhaite lancer dès le mois prochain des travaux d’expérimentation de méthodes de démantèlement et de revégétalisation de chemins forestiers sur le territoire public de la MRC de Manicouagan. Par ce banc d’essai, il vise à développer des pratiques exportables ailleurs au Québec afin de favoriser la survie du caribou forestier.

Le ministère intervient dans le cadre du Plan d’action provincial sur l’aménagement de l’habitat du caribou forestier. S’il envisage le démantèlement de chemins forestiers, c’est qu’il est connu que les perturbations des milieux naturels éloignent les caribous. L’aménagement de chemins est considéré par les scientifiques comme l’une des perturbations les plus communes.

Par la revégétalisation de portions de territoire, le gouvernement veut, à long terme, diminuer l’impact de ces perturbations. Plusieurs décennies seront nécessaires avant que la nature ne reprenne ses droits.

« On vise à restaurer de façon graduelle un habitat propice au caribou », indique Francis Forcier, directeur général des mandats stratégiques au MFFF, en faisant référence à quatre régions, soit la Côte-Nord, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’Abitibi-Témiscamingue et le Nord-du-Québec.

Zone de 231 km carrés

Les travaux expérimentaux seront réalisés dans une zone de 231 kilomètres carrés située au nord de Baie-Trinité. Ils s’étendront sur une période de 12 à 18 mois. Les interventions s’effectueront davantage dans la partie nord, précise M. Forcier.

Pourquoi ce secteur de la Côte-Nord plus qu’un autre? « Parce que ça nous prenait une zone où il y avait beaucoup de cas d’espèce (des types de situations) et une zone où il n’y avait pas trop de villégiateurs », explique-t-il.

Dans les faits, un seul villégiateur est installé dans le nord du secteur et cinq à six dans le sud. Si des squatters ont élu domicile dans les environs, le ministère ne peut les dénombrer.

Jusqu’à la moitié des chemins du territoire du banc d’essai pourrait être démantelée pendant le projet. Les études techniques détermineront si cet objectif est réaliste. Il s’agit principalement de chemins secondaires ou tertiaires qui, dans le passé, ont servi à la coupe forestière.

M. Forcier assure que dans les secteurs où il y aurait des éclaircies précommerciales, les chemins seront protégés. « Ils ne seront pas démantelés si des interventions sont prévues dans cinq ou dix ans », note-t-il à titre d’exemple.

« Le territoire va devenir un banc d’essai. Il y a des portions de chemin auxquelles on ne touchera pas. On va vérifier l’état de la végétation, qu’on aura à l’œil. Ce qu’on veut ramener, ce sont les conditions qu’on avait avant les coupes forestières », ajoute le directeur général des mandats stratégiques au MFFP.

Les étapes

La première étape du projet de démantèlement de chemins s’est réalisée en avril avec une consultation publique, dont le rapport n’est pas encore produit.

La deuxième étape est prévue pour le 17 mai. Des représentants du ministère rencontreront alors les élus de la MRC de Manicouagan afin de leur présenter le projet et obtenir leur appui. « On n’agira pas si on n’a pas leur accord », assure M. Forcier.

Les interventions sur le terrain pourraient commencer en juin, se poursuivre jusqu’à l’automne et reprendre à l’été 2018. Les prochains mois serviront à expérimenter la faisabilité de techniques du côté de la logistique et des couts. Même si le projet vise la survie d’une espèce considérée vulnérable, il n’en reste pas moins qu’il se réalisera avec l’argent des Québécois, rappelle le porte-parole.

 

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