Témoignage d’une survivante : Marie-Josée Arsenault s’est battue pour vivre

27 septembre 2013
Temps de lecture :

Baie-Comeau – Il y a huit ans, Marie-Josée Arsenault a vécu de près le cancer du sein. À 35 ans, lorsque le diagnostic est tombé, elle a choisi de se battre pour vivre et pour continuer de mordre dans la vie, même si la maladie avait déjà emporté des êtres qui lui étaient chers.

Julie-Andrée Verville

Au-delà de sa propre lutte, Marie-Josée Arsenault a côtoyé le cancer de plusieurs façons, en tant que jeune fille et épouse. Dès l’âge de 12 ans, cette femme courageuse a eu son premier contact avec le cancer du sein, alors que sa mère en a été atteinte et qu’elle a récidivé quelques années plus tard, pour finalement décéder des suites d’un cancer des os. «Lors de son décès, j’avais alors 29 ans et le fait que ma mère ait vécu cela de façon silencieuse, n’en ait pas vraiment parlé et ne m’ait pas donné des repères me donne le goût de partager avec les autres, d’outiller les personnes touchées. Bien humblement, je souhaite que les gens prennent ce qu’ils ont à prendre de mon vécu», souligne Mme Arsenault.

En effet, le cancer du sein qu’elle a vécu, Marie-Josée en parle ouvertement, à ses amis, à sa famille et aux personnes qu’elle côtoie. C’est qu’elle ne veut pas taire cette expérience qui pourrait en aider d’autres. «J’ai le goût de partager, et je peux parler de plusieurs facettes, du diagnostic, de la prévention, des conditions à mettre en place, de la guérison, de l’entourage. J’ai différents chapeaux. Je peux dire comment on se sent quand la personne qu’on aime est malade, mais aussi quand c’est moi qui a été la malade», soutient Marie-Josée, qui est d’ailleurs nouvellement ambassadrice Côte-Nord et conférencière au sein de la Fondation du cancer du sein du Québec, étant aussi psychologue et conseillère d’orientation de formation.

Se battre

Juste avant d’apprendre que le cancer du sein la ravageait, elle a vu la santé de son mari dégringoler en quelques semaines, et ainsi découvert qu’il était atteint d’une tumeur au cerveau. Seulement deux mois se sont écoulés entre le diagnostic et son décès. «J’ai vécu un très grand choc comme femme. En deux mois, ma vie a basculé, mais je suis une battante et je me suis bien entourée. J’ai osé demander et accepter de l’aide. Sept mois plus tard, j’apprenais que j’avais moi-même un cancer du sein. Ce qui m’a sauvée, c’est l’étincelle que j’ai au-dedans de moi. Je voulais vivre», se rappelle Marie-Josée, qui est aussi reconnaissante du progrès de la médecine qui donne beaucoup plus d’espoir de survie que dans le passé.

Elle est ensuite passée au travers d’un long processus, incluant deux opérations, de la chimiothérapie et des traitements médicaux. Elle a aussi dû faire un choix important. Voulait-elle retourner sur la table d’opération pour la reconstruction? Elle a décidé que sa vie de femme n’était pas terminée et qu’elle souhaitaits retrouver de sa féminité. «La souffrance était là, mais je n’étais jamais désespérée. La vie a été bonne pour moi. Je devais avoir ma mammographie la veille du décès de mon mari, mais j’ai oublié. C’est une bonne chose car, à ce moment, je n’aurais pas voulu apprendre que j’avais le cancer, Je me serais effondrée», se souvient Mme Arsenault.

S’entourer

Pendant sa lutte contre le cancer, Marie-Josée était célibataire et mère monoparentale, une situation assez délicate. Pour mettre toutes les chances de son côté, elle s’est entourée d’un filet d’amis. «Je l’appelle mon S.W.A.T. team, l’escouade tactique. Je disais mes besoins et la majorité des gens voulaient m’aider. Une amie m’amenait des petits plats, une autre venait me flatter le dos quand je le lui demandais, un ami mettait mes bacs de poubelle et de recyclage sur le bord de la rue. Ma meilleure amie m’a envoyé des cartes de souhaits à toutes les semaines. C’est important de s’entourer et se faire aider», mentionne-t-elle.

Afin de se ressourcer, Marie-Josée a vécu une partie de ses traitements à Baie-Comeau, alors qu’elle habitait auparavant à Québec. «Nous étions trois générations de femmes, ma tante, moi et ma fille. On a eu de beaux moments qui resteront gravés à vie et ça m’a permis de poursuivre mon processus de guérison», explique cette combattante.

Après le cancer

Revenue s’établir à Baie-Comeau après ce dur combat, Marie-Josée Arsenault a pu apprivoiser son corps, rencontrer un homme ouvert et rebâtir sa confiance en elle et en la vie. Aujourd’hui, elle est en rémission depuis huit ans. «C’est un gros bonheur pour moi d’être en vie. Le cancer du sein m’a amenée à revoir ma vie et à oser aller vers un homme. Je mords dans la vie, je voyage, je suis présente pour ma fille, je passe du temps avec mes amis et mon conjoint. D’un côté, je vis comme si la vie pouvait être courte, mais en même temps, je sais qu’elle peut être longue. Ma grand-mère a 98 ans. J’ai aussi un plan de match jusqu’à 100 ans», énonce Marie-Josée, en riant.

 

Photo : Marie-Josée Arsenault, qui est nouvellement ambassadrice et conférencière pour la Fondation du cancer du sein du Québec, offrira une conférence le 17 octobre lors de la Soirée Rose organisée par la Caisse Desjardins de Baie-Comeau. Cette survivante n’hésite pas à partager son vécu pour en aider d’autres. (Courtoisie Marie-Josée Arsenault)

Partager cet article