Un Baie-Comois participe à une avancée historique pour contrer le VIH

27 novembre 2013
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Baie-Comeau – Natif de Baie-Comeau et maintenant installé à San Diego en Californie, l’assistant chercheur senior au Wilson Laboratory pour The Scripps Research Institute, Jean-Philippe Julien, a été partie prenante d’une découverte historique qui pourrait permettre à la communauté scientifique de trouver un vaccin pour combattre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Julie-Andrée Verville

Alors que le virus, qui a pour effet d’affaiblir le système immunitaire et de le rendre vulnérable à de multiples infections, a été découvert il y a environ 30 ans et qu’une équipe de chercheurs internationale s’attarde depuis à mieux le comprendre et à trouver un vaccin pour contrer sa prolifération au sein de l’organisme, une avancée majeure vient de se produire. Cela aura pris plusieurs étapes pour arriver jusque là. En effet, c’est toute une communauté internationale qui travaille d’arrache-pied à trouver un remède pour s’attaquer au virus, et plus particulièrement quatre laboratoires situés aux États-Unis, dont trois reliés à Scripps, et un à Amsterdam, qui se dévouent à la tâche depuis 13 ans.

Le fruit de la recherche

Ces dernières années, l’objectif ultime de l’équipe de chercheurs était de parvenir à regarder de près la protéine responsable de la progression du VIH, alors que celle-ci constitue la porte d’entrée du virus. Après avoir réussi à isoler et stabiliser la molécule en question, le défi de taille était de mieux l’observer. «C’est très difficile, car elle est tellement petite. On ne peut pas la voir à l’œil nu. L’avancée qu’on a réussi, c’est d’observer la molécule à un niveau de détail jamais atteint avec deux techniques différentes, soit la cristallographie et la microscopie électronique, ce qui permet d’identifier des sites de vulnérabilité du virus et ainsi trouver un vaccin qui va s’y attaquer», se réjouit le chercheur.

Il fallait mettre la molécule dans un environnement cristallin propice à l’observation avec des rayons X, ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Comme l’explique Jean-Philippe Julien, cela correspond à créer un mur de briques avec des millions de molécules pour permettre de voir comment se comporte cette protéine. «Il fallait avoir des informations plus précises sur le virus, c’était quelque chose d’essentiel pour en arriver un jour à un vaccin», soutient ce dernier.

Vers un vaccin

Cette découverte s’est produite au printemps, mais le temps de finaliser la rédaction du rapport, l’annonce a été rapportée à la communauté scientifique, au début d’octobre, lors d’un congrès à Barcelone. «C’est vraiment excitant. Il n’y a pas de meilleure sentiment que de faire une telle réalisation en équipe», admet M. Julien.

La molécule ainsi observable pourra être utilisée pour développer un vaccin, mais, avant de parvenir à des résultats concrets, cela pourrait prendre du temps. «Au moins cinq ans seront nécessaires avant d’avoir quelque chose de fonctionnel. Et ça ne veut pas dire que ça va fonctionner. Notre découverte ne va pas nécessairement se traduire en vaccin, mais il s’agit d’information essentielle pour y arriver. Avant, la recherche d’un vaccin était très aléatoire», explique le chercheur.

Un projet de vie

Jean-Philippe Julien a fréquenté l’école Trudel de Baie-Comeau, puis l’école Jean-Paul II et a ensuite poursuivi ses études en sciences. «Au début de la vingtaine, alors que je regardais vers quoi m’en aller, j’ai pensé que les personnes les plus affectées par le VIH étaient celles âgées de 18 à 35 ans vivant en Afrique et que si j’étais né là-bas et que j’étais atteint du virus, j’espérerais que des personnes travaillent fort pour m’aider. Ça a été l’élément déclencheur», se souvient celui qui s’est dès lors dirigé en biochimie et en biologie structurale.

Ses études l’ont ensuite conduit à étudier le VIH et particulièrement la molécule responsable de l’infection. Grâce à un programme de l’Institut de recherche en santé du Canada qui permet aux Canadiens de se rendre à l’étranger pour faire de la recherche, Jean-Philippe Julien a pu s’établir en Californie, il y a trois ans, pour contribuer aux expérimentations sur le VIH.

 

Photo : L’assistant chercheur sénior baie-comois à The Scripps Research Institute en Californie, Jean-Philippe Julien, et une équipe de scientifiques sont parvenus à observer la molécule du virus d’immunodéficience acquise, celle qui occasionne l’infection, à un niveau de détail jamais atteint, ce qui leur permettra de se pencher sur la mise au point d’un vaccin. (The Scripps Research Institute)

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