Les Nord-Côtiers plus touchés par le cancer

20 mars 2014
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Baie-Comeau – Les résidents de la Côte-Nord sont davantage touchés par le cancer que le reste de la population québécoise, selon une étude dévoilée jeudi par la Direction de la santé publique.

Karine Boivin Forcier

Au cours de la période étudiée, soit entre 1984-1988 et 2004-2008, l’incidence du cancer du poumon a été plus élevée chez les hommes et les femmes de la Côte-Nord que pour le reste du Québec, de même que celle du cancer de la prostate chez les hommes. Chez les femmes, pour le cancer du sein, les taux sont demeurés semblables au reste de la population.

De même, la Côte-Nord présente également un taux de décès par cancer significativement plus élevé que celui de l’ensemble du Québec. Entre 2005 et 2009, cette maladie représentait la première cause de mortalité, à la fois chez les hommes et chez les femmes. «Il y a notamment plus de décès du cancer du poumon sur la Côte-Nord qu’ailleurs au Québec», indique Yves Therriault, agent de recherche à l’Agence de la santé et des services sociaux de la Côte-Nord (ASSSCN).

La Direction de la santé publique explique ces taux de décès plus élevés que le reste du Québec notamment par les taux de survie après cinq ans des principaux cancers. Alors que les taux de survie des cancers de la prostate et colorectal sont de 96 %, le taux du cancer du poumon est de seulement 17 %. «Même si nous avions une augmentation du nombre de cancer de la prostate, cela n’augmenterait pas beaucoup la mortalité, puisqu’il ne cause pas beaucoup de décès. Pour le cancer du poumon, 83 % des personnes atteintes décèdent dans les cinq ans suivant le diagnostic, ce qui a un impact très fort sur le nombre de décès», précise le Dr Stéphane Trépanier, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive.

De mauvaises habitudes

Les taux élevés de cancer dans la région sont en partie liés à la forte prévalence d’habitudes de vie reconnues comme facteurs de risque chez les Nord-Côtiers. À eux seuls, l’alimentation, l’obésité et le tabagisme sont responsable de 60 % des décès par cancer. Selon le Dr François Desbiens, directeur de la santé publique par intérim, la Côte-Nord se positionne de façon défavorable par rapport à ces facteurs. «Nous avons plus de cancer, plus de tabagisme, plus d’obésité et de mauvaises habitudes alimentaires. Il y a des choses qui nous préoccupent, sur lesquelles nous pouvons agir comme Nord-Côtiers», souligne-t-il.

De même, en 2009-2010, on constatait un pourcentage significativement plus élevé de fumeurs au sein de la population nord-côtière que dans l’ensemble du Québec, tant chez les hommes (37,7%) que chez les femmes (28,2 %). Près de 62 % des nord-côtiers et 53 % des Nord-Côtières présentaient un excès de poids, ce qui, pour les femmes, représente un chiffre significativement plus élevé que la moyenne québécoise. Quelque 53,2 % des hommes et 58,2 % des femmes de la région étaient sédentaires. La consommation excessive d’alcool était aussi plus grande sur la Côte-Nord que dans la province, avec 35, 6 % des hommes et 14,5 % des femmes.

Prévention

La Direction de la santé publique prévoit continuer à sensibiliser la population aux conséquences réelles du tabagisme et du surplus de poids sur la santé. «Il faut que les gens prennent conscience que leurs habitudes de vie influencent vraiment leur santé», assène le Dr Trépanier.

L’organisme prévoit aussi multiplier les interventions pour aménager un milieu de vie permettant des choix santé. «Nous espérons que ce ne soient pas seulement les individus qui agissent, mais aussi les organisations, comme les quartiers, les villes, les centre de la petite-enfance, les entreprises et les écoles, qui mettent en place des mesures pour faciliter des choix sains», mentionne le Dr Desbiens.

Par ailleurs, la Direction de la santé publique encourage les Nord-Côtiers à discuter avec leur professionnel de la santé de la prévention du cancer, tout en effectuant des changements dans leur mode de vie. «Toute cessation tabagique est bénéfique pour la santé, peu importe l’âge. […] Ne pas fumer, rester mince, bouger sont les meilleurs facteurs de prévention du cancer», martèle le Dr Desbiens.

 

photo: Le Dr François Desbiens, directeur de la santé publique par intérim, Yves Therriault, agent de recherche, et le Dr Stéphane Trépanier, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive, ont présenté les résultats d’une étude nord-côtière sur le cancer.

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