L’industrie forestière frappée de plein fouet par la tordeuse

3 novembre 2014
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Baie-Comeau – Une visite des forêts du secteur de Toulnustouc et une rencontre avec un entrepreneur a permis au Manic de visualiser les dégâts causés par l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette. Force est de constater que la situation fait peur et que l’ensemble de l’industrie est à bout de souffle.

Roxanne Simard

En annonçant la fermeture de ses deux machines, Produits forestiers Résolu (PFR) a lancé un signal d’alarme au gouvernement. Toutefois, il ne faut pas croire que c’est uniquement la papetière qui en souffre, puisque cette problématique fait mal à l’ensemble de l’industrie forestière.

«Dans le secteur où l’on coupe, il y a seulement un arbre sur huit qui est sain. J’ai 200 à 300 mètres cubes de moins en productivité par semaine. Ça représente pour mon entreprise des pertes de 4 000 $ à 6 000 $», explique Pierre Laforge, propriétaire de la compagnie Forestier D.P.R. inc.

Les entreprises forestières, comme celle de M. Laforge, ont un objectif par semaine et sont payées uniquement pour ce qu’elles vendent. Souffrant de la tordeuse depuis déjà plusieurs années, ceux-ci sont à bout de souffle. «On espère qu’il y aura des actions du gouvernement, parce que c’est des pertes directes que cela provoque et on n’est pas vraiment capable d’encaisser ça. […] C’est certain que ça prend les reins solides et de l’expérience pour s’en sortir. En plus l’hiver s’en vient, donc il faut accumuler», ajoute-t-il.

Un problème qui dure

Le secteur de Toulnustouc est touché par la tordeuse depuis près de huit ans. Une quantité impressionnante d’arbres, ravagés par la tordeuse, sont laissés au sol par les abatteuses, puisque ceux-ci ne sont pas utilisables. Selon Denis Villeneuve, directeur Foresterie Côte-Nord chez PFR,  lorsque le bois est trop atteint, il perd beaucoup d’humidité et devient très cher à transformer. «Plus le bois est sec, plus il est dur à défibrer, donc plus dispendieux. Avec la tordeuse, le sapin passe de  45 à 50 % d’humidité à 30 %. Après quatre à cinq ans de défoliation grave, l’arbre ne peut pas s’en sortir», mentionne-t-il.

L’industrie dénonce le fait que le gouvernement les envoie dans des secteurs où l’épidémie est trop importante, alors qu’il y a des endroits où le bois est encore sain, mais plus pour longtemps.  «C’est trop tard ici, le bois est sec, il est mort. Avec les nouvelles réformes, le gouvernement veut qu’on fasse la tordeuse, mais où on va le moins, c’est là qu’il y a la plus belle forêt», précise le propriétaire de Forestier D.P.R.

Solutions

Selon le directeur des opérations forestières chez PFR, Charles-André Préfontaine, il est urgent de mettre en place des solutions. Une aide financière pour compenser le coût de la récolte serait selon lui une des avenues qui pourrait permettre à l’industrie de reprendre son souffle.

«Il y a trois impacts directs de la tordeuse à l’usine. D’abord la productivité diminue, ensuite la transformation coûte plus cher, puis les gammes de produits que l’on peut faire sont de moindre qualité. Donc trois éléments qui apportent des pertes de revenus», explique M. Préfontaine.

Des membres de la Conférence régionale des élus (CRÉ), qui ont aussi pris connaissance de la situation, affirment que le prix doit être ajusté.  «La forêt est hypothéquée, donc on ne doit pas payer comme si la forêt est saine. C’est comme si on achetait une maison qui était endommagée, on ne payerait pas le plein prix», a lancé Réjean Porlier, maire de Sept-Îles et vice-président de la Table industriels-élus, après avoir visité les forêts touchées de Toulnustouc.

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