Sandrine Lebrun se raconte dans L’Autisme apprivoisé

10 avril 2015
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Baie-Comeau –Sandrine Lebrun se demandait depuis son enfance pourquoi elle était si différente des autres. Sa réponse, elle l’a eue en 2012. À 46 ans, elle a appris qu’elle avait le syndrome d’Asperger, un trouble du spectre de l’autisme. Soulagée par cette découverte, elle a décidé d’écrire L’Autisme apprivoisé, un livre au ton léger, mais surtout un outil précieux pour les personnes touchées.

Charlotte Paquet

Le 8 avril, en plein Mois de l’autisme, c’était jour de lancement pour l’auteure, une psychoéducatrice d’origine française à l’emploi de la Commission scolaire de l’Estuaire. Il faudra cependant attendre le 15 mai pour que son livre se retrouve en librairie.

À l’intérieur des 78 pages de L’Autisme apprivoisé, Sandrine Lebrun se raconte, mais à travers son chat Grey, qui agit comme narrateur. Elle offre aux lecteurs une compréhension de l’autisme vu de l’intérieur. Apprendre qu’elle avait le syndrome d’Asperger a complètement changé sa vie, en replaçant en contexte tout son passé. «Ça m’a permis d’avoir une lunette totalement différente avec mon vécu et à mes parents, de se déculpabiliser. Ça m’a permis d’arrêter de me dire que je ne suis pas correcte», avoue celle qui fait partie des autistes de haut niveau, soit ceux qui sont les plus près des neurotypiques, c’est-à-dire les gens dits normaux.

Particularités et forces

Ainsi, pendant que la société perçoit plutôt les personnes autistes comme des «paquets de troubles», ce qu’elle trouve tragique, l’auteure aborde leur réalité en termes de particularités, de forces et de valeurs ajoutées. Après avoir lu le livre, le lecteur découvrira une image différente des personnes Asperger.

Parmi leurs particularités, il y a tout l’aspect sensoriel, qui est envahissant. Leurs sens sont extrêmement exacerbés. À titre d’exemple, Sandrine Lebrun écrit dans son livre jusqu’à quel point les parfums forts la dérangent et les odeurs désagréables captent tant son attention qu’elles l’empêchent de se concentrer. Chez elle, où il n’y a pas de télé, le silence est souvent de mise. Les lumières agressives, comme les néons ou même le soleil, la dérangent et lui font mal aux yeux.

Ces personnes ont aussi une relation différente avec les animaux. «Pour nous, ce sont des personnes. On pense animal. La communication avec eux est très simple», note-t-elle.

Mais quelles forces aussi possèdent les personnes Asperger! Règle générale, elles sont très organisées et ont des pics de connaissances extraordinaires, notamment dans les sciences pures. D’ailleurs, le syndrome d’Asperger ne peut être diagnostiqué que chez les personnes ayant une intelligence normale ou supérieure à la moyenne. «Dans le temps, on nous appelait les idiots savants», note Sandrine Lebrun.

«Être Asperger, c’est un état de fait, point. C’est une intelligence différente et complémentaire à celle des neurotypiques», insiste la psychoéducatrice, tout en ajoutant que leurs interactions sociales sont cependant particulières. Le décodage du non-verbal leur pose problème, notamment. Difficile pour eux de lire dans le regard de l’autre.

Dans la quarantaine

De plus en plus de personnes dans la quarantaine sont diagnostiquées du syndrome d’Asperger. Avant 1994, il n’existait aucun outil pour diagnostiquer les autistes sans déficience intellectuelle.

Son diagnostic, Sandrine Lebrun l’a obtenu de l’experte en la matière au Québec, Isabelle Hénault. Elle était alors en plein «burnout» et venait de découvrir, avec l’aide de son médecin, qu’elle utilisait des systèmes de compensation depuis des années. Cela l’a portée à chercher plus loin.

Après moult lectures, la vérité lui est apparue en plein visage. «J’ai relu plein de bouquins et je me reconnaissais dans tout», raconte celle qui a ensuite obtenu le fameux diagnostic qui a changé complètement sa vie en lui faisant enfin comprendre sa réalité.

 

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