Le monde scolaire ébranlé

10 juin 2015
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Baie-Comeau – En plus d’abolir officiellement les élections scolaires et de vouloir enlever le pouvoir de taxation aux commissions scolaires, le ministre de l'Éducation François Blais projette de ne plus financer certaines petites écoles, ce qui pourrait toucher cinq établissements sur le territoire de la Commission scolaire de l’Estuaire (CSE).

Roxanne Simard

Dans son projet de Règles budgétaires présentement en consultation, François Blais envisage de couper les subventions aux écoles qui sont à 50 % et moins de leur capacité d’accueil et qui se trouvent dans un rayon de 20 km.

Même si le premier ministre Philippe Couillard a tenté de calmer le jeu en affirmant que cette mesure ne vise pas les régions et que le gouvernement n’avait pas l’intention de fermer les écoles de villages, rien n’était officiel au moment de la parution.

Selon Ginette Côté, présidente de la CSE, les écoles de Chute-aux-Outardes, de Ragueneau,  des Escoumins des Bergeronnes, de Tadoussac et de Sacré-Cœur pourraient possiblement être touchées directement ou indirectement par cette mesure. Les évaluations n’ayant pas été complétées, d’autres établissements pourraient aussi être concernés.

«Si le gouvernement coupe ce financement, des centaines de petites écoles au Québec pourraient disparaître. Le projet est en consultation, mais avec ce qu’on a vécu dernièrement j’ai bien peur qu’il n’y ait pas beaucoup de lignes qui vont changer», précise-t-elle, inquiète.

Afin de faire d’autres économies, le ministère prévoit aussi couper  27 % des allocations du maintien des petites écoles, dont font partie celles de Franquelin et de Godbout. «Au Québec, il y a plus de 800 écoles qui accueillent moins de 100 élèves», précise la présidente.

En réaction à ces coupes, les commissions scolaires ont fait valoir leur désaccord et la Fédération des commissions scolaires du Québec a déposé un mémoire pour dénoncer ces mesures.

Pour les commissions scolaires, ces mesures s’ajoutent à la confirmation récente de l’abolition des élections scolaires ainsi que la volonté de supprimer leur pouvoir de taxation.

Pouvoir de taxation

En retirant ce pouvoir aux commissions scolaires, le gouvernement souhaite fixer le taux de taxation et décider de la méthode de perception et de redistribution. Actuellement le ministre Blais n’a pas annoncé si ce sera un taux de taxation provincial ou régional.

Selon Ginette Côté, cette décision est inquiétante. Toutefois, elle précise qu’il est difficile de savoir si cela provoquera des changements importants pour le moment. «Il faut savoir sous quelle forme le gouvernement va percevoir ces taxes et aussi comment il compte distribuer ces revenus. Mais c’est certain que ça fait longtemps qu’il y pense et qu’il sait où il s’en va», exprime-t-elle.

De plus, rien ne garantit que la nouvelle méthode de taxation ne représentera pas une augmentation pour la population. «Le citoyen ne sera pas épargné! Il va continuer de payer ses taxes scolaires sauf qu’elles vont être perçues par le gouvernement. Si le ministre opte pour un taux uniforme, ça se pourrait que les taxes augmentent sur la Côte-Nord parce que nous, on n’est pas au taux maximum», explique-t-elle.

Abolition des élections

Précisons que le ministre de l’Éducation a confirmé la semaine dernière l’abolition des élections scolaires. Celui-ci compte déposer son projet bientôt pour qu’il soit effectif à l’automne 2016.

«Ça représente la fin d’un pouvoir en région. Les gens n’auront plus leur mot à dire sur les services qu’ils reçoivent», lance Mme Côté.

Dans son discours, François Blais prévoit toujours remplacer les commissaires élus par des représentants nommés et prévoit une place importante aux parents.

«Il n’y a eu aucune consultation et cela fait plus de 10 ans que l’on suggère de les faire (élections scolaires) en même temps que les élections municipales. Maintenant on va se retrouver avec des gens nommés qui vont répondre directement du ministère et agir en son intérêt», dénonce Mme Côté.

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