Ossama Khaddour veut réconcilier la Manicouagan avec l’agriculture

4 novembre 2015
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Baie-Comeau — Ossama Khaddour, le directeur à l’aménagement et à l’urbanisme de la MRC Manicouagan, a du pain sur la planche. Il travaille depuis plusieurs mois sur un plan de développement de zone agricole (PDZA) sur le territoire. Un projet ambitieux, qui peut rassembler et enraciner la population dans la région, selon lui.

Maëlle Besnard

« En 1923, le gouvernement considérait que les terres de la Manicouagan étaient très bonnes pour la culture. Chaque famille recevait une terre, une vache, 20 poules, une truie et un cheval », raconte Ossama Khaddour, devant la vingtaine de personnes venues assister, mardi 27 octobre, à la deuxième rencontre d'élaboration du PDZA. Après avoir passé quelques mois à se documenter sur le sujet « tel un moine », comme il le décrit lui-même, cet ancien professeur en aménagement est convaincu que l’agriculture peut contribuer au développement économique et démographique de la région. » Les activités traditionnelles vont toujours contribuer à l’économie de la région, mais on a des preuves que ce ne sont pas des activités durables », pense-t-il.

À coup de rencontres et de discussions, l’homme s’attelle à dresser un portrait très complet des besoins et du potentiel agricole du territoire de la MRC. Ce défi, Ossama Khaddour a en effet bien conscience qu’il ne peut pas le relever seul. Non seulement son budget de 28 470 $ ne lui permet pas de déplacer des montagnes, mais il lui faudra en plus convaincre les décideurs politiques de l’intérêt de sa démarche. « L’aménagement est un acte politique. Ce n’est pas l’aménagiste qui fait l’aménagement, ce sont les politiques », insiste-t-il.   

Un problème d’image

En Manicouagan, on ne peut pas dire que l’agriculture soit un secteur mis de l’avant. D’après Ossama Khaddour, le comité consultatif agricole de la MRC ne s’est pas réuni depuis 1999. Pourquoi ce désintérêt? Plusieurs éléments ont contribué à ranger l’agriculture dans un coin : citons, par exemple, le climat, la réputation de gros pollueurs des agriculteurs, ou encore une industrie auparavant suffisante pour assurer la prospérité de la région. « Beaucoup de municipalités de la région sont rurales, mais on ne veut pas le reconnaitre, car ce n’est pas bien vu d’être rural de nos jours », estime le directeur en aménagement de la MRC.

L'homme pense qu'une bonne communication pourrait régler bien des problèmes. Son cheval de bataille est donc de sensibiliser les jeunes et les politiciens, mais aussi d’encourager la discussion entre les différentes personnes concernées, afin, par exemple, d’éviter des problèmes de réglementation mal adaptée ou de rendre plus accessibles certaines subventions. S’il tient tout particulièrement à partager ses découvertes, c’est aussi car il veut éviter à son dossier de finir dans une poubelle, une fois tout le travail d’élaboration accompli. « Nous, à la MRC, on ne va pas faire un plan d’action, on va faire une action », prévient-il.

 

Pour en savoir plus : blog de la MRC ça pousse en Manicouagan

 

Photo : Courtoisie

 

 

 

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