Marie-France Raymond et le TDAH : « En 2016, ce n’est plus un problème »

Par Charlotte Paquet 25 janvier 2016
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Baie-Comeau – Marie-France Raymond a 31 ans. Il y a deux ans, elle a mis le doigt sur la cause de tous ses « maux » : le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) . Soulagée de percer cette sorte de mystère qui l’entourait depuis toujours, elle a alors décidé d’apprivoiser son état afin d’en tirer profit.

« J’ai un gros TDA et un petit H », raconte la jeune professionnelle, femme d’affaires et mère de deux enfants. La semaine dernière, elle a prononcé une conférence à une vingtaine de personnes dans le cadre des activités de l’organisme Panda Manicouagan. Une conférence tout en espoir!

« C’est important d’en parler, car, en 2016, avoir un TDA ou un TDAH, ce n’est plus la fin du monde. Il y a de l’éducation à faire auprès de la population et de nos écoles », martèle-t-elle.

La désorganisation régulière, la perte de concentration facile, la nécessité d’élaborer des listes pour fonctionner et le sentiment de devoir mettre trois fois plus d’efforts que les autres pour réussir, voilà une partie du quotidien de Marie-France Raymond. Si elle a réussi à décrocher son baccalauréat en architecture, c’est beaucoup grâce à sa personnalité de fonceuse, à sa curiosité naturelle et sous l’inspiration de son frère, d’un an son aîné et brillant à l’école.

Mais malgré toutes les stratégies que la trentenaire a développées tout naturellement au cours des ans pour surmonter les difficultés, le fonctionnement de son cerveau restait ce qu’il était avec les conséquences dans sa vie de tous les jours. Il aura fallu que son conjoint tombe sur une entrevue diffusée à l’émission Salut Bonjour, qu’il l’enregistre et lui propose de l’écouter en lui disant : « Je trouve que ça te ressemble » pour qu’une petite lumière s’allume à quelque part.

« Oui, ça me ressemblait. Je suis allée lire sur le sujet. J’ai fait un test en ligne et dans le test, j’avais pas mal toutes les caractéristiques, sauf une qui était moins présente », raconte Marie-France Raymond. Elle a ensuite consulté un médecin et un psychologue. « Il n’y avait aucun doute, c’était clair que c’était le TDAH », précise-t-elle.

Lunatique et gaffeuse

Des personnes souffrant d’un trouble du déficit de l’attention sans être diagnostiquées, on dit souvent qu’elles ont la tête dans les nuages. « On leur met souvent l’étiquette de lunatiques. On disait : “Marie-France est gaffeuse, il lui arrive plein de choses.” Je me sentais différente des autres et quand j’ai découvert pourquoi, ç’a enlevé un gros poids sur mes épaules », avoue-t-elle.

« Par après, tout ce qui reste à faire, c’est de se donner des moyens. Il faut le comprendre, l’accepter, connaître ses limites, ses forces et ses faiblesses. Il faut aller vers ses forces», insiste Marie-France Raymond, en rappelant qu’une personne atteinte d’un trouble du déficit de l’attention excelle souvent de façon très marquée dans une chose en particulier. Selon elle, il faut trouver ses forces et y aller à fond.

« Moi, j’ai changé un peu ma vie, mais c’est du long terme. J’avais déjà mis en place des choses, avant, sans le savoir », souligne la dame. Ces façons de faire, c’est ce qui lui a permis de se rendre là où elle est aujourd’hui, tant sur le plan professionnel – elle dirige son entreprise et brille dans le monde de Tupperware – que familial.

L’âge du diagnostic

Une chose est sûre, si elle avait eu à choisir, la femme d’affaires aurait préféré savoir dans son jeune âge qu’elle était atteinte d’un TDAH. Elle se serait sentie moins différente que les autres. Peut-être aussi que la médication aurait pu lui permettre de fonctionner plus normalement. « J’aurais aimé ça tester la médication pour voir si j’avais la même capacité que les autres », dit-elle.

Avoir connu plus tôt son état aurait aussi permis à son conjoint de mieux la comprendre, ajoute Marie-France Raymond. « Mon chum le sait que je ne suis pas très hot sur les choses à faire, sur la gestion du temps. Aujourd’hui, il essaie d’en rire et est plus compréhensif. Moi aussi, je m’exaspère et j’ai le goût de prendre un congé de moi », souligne-t-elle en esquissant un sourire.

Une fois le diagnostic posé, la jeune femme a pris de la médication pendant un temps. Ç’a été presque miraculeux, selon elle. Mais une réaction allergique l’a forcée à cesser. Aujourd’hui, elle ne prend plus rien.

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