Véhicules électriques : une percée difficile « au Royaume du pick-up »

Par Charlotte Paquet 24 février 2016
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Baie-Comeau – Le monde des véhicules électriques est encore aujourd’hui très méconnu et il l’est d’autant plus à Baie-Comeau, où les pick-up règnent en rois et maîtres. Conscients de cela, Mariane Hébert et Simon Ruelland, propriétaires de la seule voiture entièrement électrique en ville, ont décidé de prendre le bâton du pèlerin pour raconter leur expérience, histoire d’inciter d’autres personnes à se tourner vers ces voitures à zéro émission.

Quatorze mois après l’acquisition de sa Nissan Leaf, le couple Hébert-Ruelland est toujours sous le charme. « On veut donner le goût à d’autres. C’est mystérieux pour bien des gens ici. On est encore au Royaume du pick-up», lance Mariane Hébert, le sourire aux lèvres. « On est entichés de ce véhicule avec zéro émission. On est satisfaits de sa conduite. C’est un véhicule très silencieux et qui demande que très peu d’entretien », ajoute son conjoint.

Devant l’impossibilité de se procurer localement une voiture 100 % électrique, Mariane Hébert et Simon Ruelland ont dû se résoudre à se tourner vers un concessionnaire de l’extérieur. Ils ont acheté leur Nissan Leaf à Rimouski.

Encore aujourd’hui, le véhicule est le seul de sa catégorie immatriculé à Baie-Comeau. D’ailleurs, selon des données de la Société de l’assurance automobile du Québec, au 31 décembre 2015, 10 Chevrolet Volt, des véhicules hybrides rechargeables, étaient également immatriculés à Baie-Comeau, soit quatre de plus en un an. À la grandeur de la Côte-Nord, on comptait 37 véhicules électriques au 31 décembre dernier (12 de plus qu’un an plus tôt), dont six entièrement électriques et 31 autres hybrides rechargeables.

Un deuxième véhicule

Le couple admet que pour devenir propriétaire d’un véhicule 100 % électrique, il faut tout de même pouvoir compter sur une deuxième voiture pour voyager sur de plus longues distances. Dans son cas, il s’agit d’une Toyota Prius, un véhicule hybride. « On est sensibilisés au fait qu’il faut réduire les gaz à effet de serre. On est pas mal des écologistes dans l’âme », admet M. Ruelland.

L’autonomie de la Nissan Leaf couvre une distance de 100 kilomètres en hiver et de 150 kilomètres en été. Les propriétaires sont équipés d’une borne de recharge à 240 volts à leur domicile.

Comme Mme Hébert se déplace régulièrement à Forestville pour son travail, elle apporte sa borne de recharge portative et branche son véhicule. Il faut compter jusqu’à trois ou quatre heures pour une recharge complète. Comme le précise son mari, les statistiques démontrent que de 80 à 90 % de l’utilisation d’un véhicule se fait dans un rayon de 100 km.

De l’autre côté du fleuve, une borne de recharge rapide à 400 volts est disponible à Mont-Joli et deux autres le seront bientôt à Rimouski et Matane, selon M. Ruelland. Des bornes à 240 volts sont cependant déjà disponibles dans ces deux dernières villes.

Question de coûts

À ce jour, Mariane Hébert et Simon Ruelland ont franchi pas moins de 20 000 km avec leur Nissan Leaf. Ils sont fiers d’avoir fait leur part pour l’environnement grâce à l’absence totale d’émission. Ils sont aussi contents de ne pas avoir eu à passer à la station-service.

Interrogés sur les coûts additionnels en électricité liés à la recharge de leur véhicule, ils considèrent que ça ne paraît à peu près pas sur leur facture mensuelle. Les statistiques font état d’un coût en électricité de 2 $ pour franchir 120 km. « On se recharge aussi la nuit pendant que le tarif d’électricité est moins élevé », précise M. Ruelland.

Pour ceux qui s’inquiètent de devoir payer le gros prix pour l’achat d’un véhicule entièrement électrique, les copropriétaires mettent cartes sur table. La Nissan Leaf a coûté 35 000 $ plus les taxes, mais ils ont bénéficié d’une subvention gouvernementale de 8 000 $. L’achat et l’installation de la borne de recharge à leur domicile a représenté un montant de 600 $, mais là encore, ils ont profité d’une subvention qui en a couvert près de la moitié.

Copropriétaire de Carrefour Chevrolet, Martin Savard considère que l’intérêt pour les véhicules électriques, qu’ils soient 100 % électriques ou hybrides, augmente d’année en année. « Les gens sont plus informés et il y a une clientèle pour ça, c’est sûr », affirme-t-il. La popularité des Volts, une voiture électrique équipée d’une génératrice à essence, le prouve.

M. Savard s’attend de voir de plus en plus de ces véhicules sur les routes. D’une génération à une autre, la technologie s’améliore et les prix deviennent plus abordables. Chevrolet mettra d’ailleurs sur le marché son premier véhicule entièrement électrique en 2017. La Bolt aura une autonomie de 320 km.

Le son de cloche diffère cependant chez Baie-Comeau Nissan. Copropriétaire de la concession automobile, Régis Fillion affirme que le phénomène des véhicules entièrement électriques ne semble pas avoir un grand intérêt chez sa clientèle. Selon lui, le fait de vivre en région n’aide pas. Nissan possède tout de même un modèle de véhicule hybride rechargeable, le Pathfinder.

Le réseau de bornes de recharge pour véhicules électriques est peu développé dans l’ouest de la Côte-Nord. Dans les faits, il existe seulement deux bornes à 240 volts, l’une au restaurant St-Hubert Express de Baie-Comeau et l’autre à la Maison du tourisme de Tadoussac.

 

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