Action-Chômage et le budget fédéral : le « trou noir » demeure entier

Par Charlotte Paquet 29 mars 2016
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Baie-Comeau – Le dernier budget fédéral a beau contenir des mesures positives pour le programme de l’assurance-emploi, il n’en reste pas moins que rien n’est prévu pour faire disparaître le « trou noir » auquel sont confrontés les travailleurs saisonniers du Québec, au grand dam du groupe Action-Chômage Haute-Côte-Nord.

Porte-parole de l’organisme, Line Sirois n’en revient pas. « Il n’y a rien pour les travailleurs saisonniers. Ils ont annoncé des mesures spécifiques pour 12 régions économiques au pays, mais rien pour le Québec et le Nouveau-Brunswick. C’est décevant et c’est même un peu révoltant », lance-t-elle.

Ottawa a décidé d’aider les chômeurs des régions touchées par la crise du pétrole en prolongeant de cinq semaines leurs prestations régulières d’assurance-emploi et jusqu’à 20 semaines additionnelles celles des travailleurs de longue date.

« Parce que le pétrole ne va pas bien, ils pourront obtenir jusqu’à 70 semaines de prestations. Nous, on a eu une crise forestière et on a plein de crises, mais on n’a pas de mesure spécifique », dénonce Mme Sirois. Elle rappelle la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouve l’industrie du fer sur la Côte-Nord.

Le problème du « trou noir », cette période sans revenus qui survient entre la réception du dernier chèque d’assurance-emploi et le rappel au travail, demeure donc entier. En Haute-Côte-Nord, certains chômeurs le vivent depuis le mois de février, même s’ils s’attendent de reprendre le travail en mai seulement. « On est un peu choqué de ce qui est en train de se passer. M. Trudeau avait pourtant dit que M. Harper n’avait rien compris à l’industrie saisonnière », indique la porte-parole d’Action-Chômage Haute-Côte-Nord, en mettant en doute la bonne compréhension de la situation des travailleurs saisonniers par le nouveau premier ministre.

Pas moins de 15 000 travailleurs saisonniers sont concernés par le « trou noir » au pays, principalement au Québec et dans les provinces maritimes, selon le Conseil national des chômeurs et chômeuses.

Les améliorations

Le premier budget Trudeau apporte cependant des améliorations au régime de l’assurance-emploi, admet Mme Sirois. Il élimine l’obligation pour les nouveaux prestataires d’avoir travaillé un minimum de 910 heures pour être admissibles. Tout dépendant de sa région économique, le nombre d’heures minimum nécessaire variera de 420 et 700. Le délai de carence passera aussi de deux à une semaine à compter du 1er janvier 2017.

Les nouvelles mesures écartent aussi la réforme conservatrice de 2012, qui obligeait notamment un prestataire à accepter un emploi dans un rayon de 100 km de son domicile. Mme Sirois s’en réjouit. « Ça enlève un stress », conclut-elle.

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