Les capteurs de rêves, Gérard Vallée connaît ça!

Par Charlotte Paquet 1 avril 2016
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Baie-Comeau – À près de 90 ans, Gérard Vallée ne passe pas le temps à se bercer en égrenant les heures, puis les jours. Oh que non! Quand il n’est pas en déplacement ici et là en ville, il se divertit chez lui en fabriquant des capteurs de rêves et pas seulement un à l’occasion. Sa production frise les 200 unités par année.

« Moi, je fais ça pour passer le temps. C’est un passe-temps pour moi. J’en ai toujours un en marche. J’en ai fini un hier et j’en ai un autre de commencé », explique le citoyen de Baie-Comeau, qui fêtera son 90e anniversaire de naissance en juillet.

Les capteurs de rêves le captivent depuis une douzaine d’années. D’origine métisse, M. Vallée les fabrique le plus près possible de la pure tradition amérindienne. Les plumes de perdrix qu’il utilise sont des cadeaux de ses « bons amis chasseurs », indique-t-il.

Quand il a réalisé son premier capteur de rêves, rien ne laissait présager que cette activité deviendrait son passe-temps favori. Il aura fallu que l’une de ses amies lui en réclame un pour sa fillette pour que ça fasse boule de neige. La petite fille a apporté son cadeau à l’école pour le montrer à ses compagnes de classe et M. Vallée a rapidement reçu une commande de 22 capteurs de rêves.

La fabrication

La fabrication d’un seul capteur de rêves prend de deux à trois heures. « Les petits en prennent autant que les plus grands, car j’ai de gros doigts », raconte-t-il en riant.

Il reçoit parfois des commandes, notamment avec des plumes de couleurs qu’il achète en magasin. M. Vallée y va selon la demande, mais avoue préférer travailler avec les plumes d’oiseaux naturelles. « C’est la tradition! », insiste-t-il.

Les branches minces qui servent de support aux capteurs proviennent principalement de ses terres dans son village natal. « Ça pousse le long de la petite rivière Godbout », note-t-il.

Sur le fil servant à suspendre chaque œuvre, M. Vallée fait glisser quatre billes de couleurs différentes. Le noir, le rouge, le jaune et le blanc représentent les quatre points cardinaux, explique-t-il. Ses capteurs de rêves sont agrémentés d’un coquillage. « Ce n’est pas tous les capteurs de rêves qui en ont, mais moi, j’en ajoute. Je suis venu au monde sur le bord de la mer », précise l’artisan.

Des capteurs de rêves, l’artisan en donne à des connaissances, mais en vend aussi. Il en a en consignation à la Maison de la faune à Baie-Comeau et au Musée amérindien et inuit de Godbout. Il aimerait trouver d’autres débouchés.

Dans la culture amérindienne, un capteur de rêves empêche les mauvais rêves d’envahir le sommeil de son détenteur. Il conserve les belles images de la nuit et brûle les mauvaises aux premières lueurs du jour. Il s’agit d’une légende, insiste M. Vallée. « Moi, je ne me fie pas sur ça pour rêver », dit-il en souriant.

Soutien cancer

Gérard Vallée est l’un des cofondateurs du Groupe Soutien Cancer Manicouagan, qui a fêté ses 10 ans d’existence en novembre 2015.

L’homme, qui s’implique toujours au sein de l’organisme, même s’il ne fait plus partie de son exécutif, a d’ailleurs reçu une plaque honorifique pour souligner son engagement lors d’une petite cérémonie.

« Je leur ai dit qu’il leur fallait m’inviter aussi dans 10 ans, car je vais avoir alors 100 ans », lance à la rigolade le charmant personnage, qui entrera bientôt le petit cercle des nonagénaires actifs.

 

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