Québec s’attaque à un dépotoir clandestin

Par Charlotte Paquet 7 juin 2016
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Baie-Comeau – Une vidéo tournée en mai dans un immense dépotoir clandestin situé au nord de la centrale Manic-5, et partagée amplement sur Facebook, n’a laissé personne indifférent. Mais, bonne nouvelle, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles avait pris les choses en main un mois plus tôt, quoique plusieurs mois pourraient s’écouler avant le retrait des détritus.

Guillaume Otis est l’auteur de cette vidéo. Le 19 mai, il a marché dans ce dépotoir pour y capter des images tellement horribles qu’on à peine à croire qu’elles sont réelles en 2016. Tout en promenant sa caméra ici et là sur les amoncellements de matières de toutes sortes, l’homme dénonce haut et fort les responsables de ce carnage environnemental et sollicite l’intervention d’un organisme ou d’un ministère pour y mettre fin.

« C’est une dump à ciel ouvert qu’on voit grandir année après année. C’est inacceptable », mentionne-t-il, tout en rappelant la fragilité de la faune et la flore au nord du 50e parallèle. Le site se trouve près du lac Paradis.

Ses images sont saisissantes. Sur une superficie qu’il estime à 300 pieds de long par 100 pieds de large et deux à trois pieds d’épaisseur, ordures ménagères, cuisinière, laveuse et sécheuse voisinent les couches de bébé, matelas, tondeuse et autres objets de même acabit. On se croirait retourner à l’époque des années 60 ou 70, quand ces fameux dépotoirs à ciel ouvert étaient monnaie courante.

Guillaume Otis n’en revient pas de ce qu’il a vu. « Quand on tombe sur ça, on peut se permettre de se questionner sur la moralité de certaines personnes. Ce n’est pas une dump des années 90. On la voit encore grandir en 2016 », assure-t-il dans sa vidéo, qui, après deux semaines, avait fait l’objet de près de 1 100 partages sur Facebook.

Au passif environnemental

Son porte-parole, Sylvain Carrier, confirme que le site du dépotoir clandestin du lac Paradis est inscrit au passif environnemental du MERN depuis avril dernier, ce qui signifie qu’il assumera la facture de toute l’opération de nettoyage. « On est au fait du dossier et on prend ça au sérieux », indique-t-il.

En raison des dédales administratifs nécessaires, le retrait des innombrables matières contenues dans le dépotoir ne se fera probablement pas avant l’automne ou même le printemps prochain.

Dès l’été 2016, le Ministère devrait octroyer un contrat pour la réalisation d’une étude d’évaluation environnementale du site. Selon M. Carrier, elle permettra d’avoir un portrait de l’utilisation antérieure de l’endroit et des sources possibles de contamination.

Au cours de l’automne 2016 ou du printemps 2017, un deuxième contrat sera attribué, cette fois-ci pour une étude de caractérisation environnementale qui permettra de confirmer ou non la contamination du sol. À cette étape, divers scénarios de réhabilitation du site pourront être élaborés par le ministère. « Ça m’a cependant semblé des déchets stables », précise le porte-parole après avoir visionné la vidéo tournée par Guillaume Otis.

Enfin, la réhabilitation et la décontamination du terrain, s’il y a lieu, pourraient se faire au cours de 2017 ou encore à l’été 2018. Une fois cette phase complétée, le ministère bloquera l’accès au site afin, précise M. Carrier, que les utilisateurs du secteur ne puissent plus y déposer leurs déchets. « On s’en tient à la responsabilisation citoyenne. Personne ne ferait ça chez son voisin », conclut M. Carrier.

Des commentaires éloquents sur Facebook

Outre les 39 500 visionnements et les quelque 1 100 partages, la vidéo tournée par Guillaume Otis a aussi reçu les commentaires d’une quarantaine de personnes visiblement troublées par les images du dépotoir clandestin. En voici quelques-uns :

« J’ai passé par là l’an passé, ça m’a dégoûté. » – Marc Gagnon

«Je comprends pas qu’on puisse encore voir ça et agrandir en plus… » – Jérémi Jomphe

« Bravo Guillaume Otis!!! La bataille sera de taille. Encore trop de gens lancent leur café Tim par la fenêtre! C’est assez primaire NON, mais dénonçons. Ça peut faire la différence. » – Bianca Morin

« Wow…. je suis une fois de plus déçu de l’humain… wow! » – Pat J-Rare

« L’homme est assez fier qu’il chie… dans son eau potable. » – Étienne Boutin

« Merci Guillaume de dénoncer pareil dommage à notre planète et j’espère que ça bouge pour le nettoyage. » – France Lizotte

« Félicitations Guillaume, je suis bien d’accord avec toi. C’est un très beau coin d’amusement avec de très beaux paysages de la nature. Je vais souvent dans ce coin depuis 20 ans. C’est malheureux de voir ça. Ce serait très gentil qu’une personne puisse faire partir ça pour 2016. Un beau cadeau pour la nature et les gens qui profitent de ce beau coin de pays de la Côte-Nord. 100 pour 100 d’accord. » – Éric Gagnon

« On a sûrement tous notre bout de chemin à faire pour remédier à cette situation, à commencer par moins consommer peut-être.. Sinon, je crois que le fait que les écocentres demandent des sous pour éliminer certains matériaux comme une toile de piscine démotive beaucoup de gens à se débarrasser de leurs gros déchets proprement… » – Laurence Greffard

« Oh, mon dieu, j’essaie tellement de faire de plus en plus attention à notre belle planète remplie de mille merveilles… Je suis outrée, dégoûtée même de voir à quel point notre société se contrefout de LA chose qui nous tient tous en vie… Après ça, allez donc chialer que la couche d’ozone se détériore pis pleurnicher parce que vous avez peur quand on entend parler de ‘’fin du monde‘’ précoce … vous causez votre perte. » – Marie Moter

« Ça prend des COCHONSSSS pour salir la planète ainsi!! » – Jeannine Fournier

« Je vis en Suisse. Je ne connais pas la situation par chez vous. Le gouvernement a une part de responsabilité. Toutefois, je crois que si nous voulons rester libres, à nous de consommer respectueusement et d’organiser la gestion de nos déchets, même encombrants (brocante, taxe de déchet à l’achat, etc.). Courage, ne baissez pas les bras. » – Chantal Junod

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