Un citoyen s’attire les foudres du voisinage avec son aménagement

Par Charlotte Paquet 14 juin 2016
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Baie-Comeau – L’érosion des berges n’a pas fini de faire couler de l’encre à Pointe-Lebel, où des citoyens font fi de la réglementation pour éviter de voir leur propriété partir à la mer. Le résultat visuel de leurs travaux de protection ne fait pas toujours l’affaire du voisinage. Plaintes et constats d’infraction s’ensuivent, comme c’est le cas depuis l’automne 2015 sur la rue De la Sablonnière.

Jeannot Raymond possède un chalet sur cette artère située à environ 1 km du Camping de la Mer. Au fil des ans, il y a même développé un petit camping d’une douzaine d’emplacements avec l’autorisation de la municipalité, assure-t-il.

Or, l’automne dernier, l’homme a décidé de passer à l’action après, dit-il, avoir vu la serre de son voisin tomber dans le vide. Il s’est dit que ça ne lui arriverait pas, illégal ou pas.

Avec de la machinerie lourde, il a transporté sur la plage et au pied du talus de sa propriété d’immenses blocs de béton de diverses formes et grosseurs, qui ont l’apparence de résidus de travaux de construction. Il les a déposés ici et là en pensant à la protection de son terrain, mais sans trop d’égard au coup d’œil dans le résultat final. Les plaintes n’ont pas tardé à venir, tantôt auprès de la municipalité, tantôt au ministère de l’Environnement.

C’est illégal

« C’est sûr que c’est illégal, mais on est une municipalité et il faut suivre les procédures. Le monsieur a eu des lettres. On lui a demandé d’enlever ça. Un constat d’infraction a été émis au début de 2016. Le ministère de l’Environnement a été avisé », souligne le maire Normand Morin.

Selon l’élu, le résident argue qu’il a perdu du terrain depuis l’enrochement (légal celui-là) d’un terrain non loin de chez lui en 2012. Les règles ont changé ces dernières années. « L’effet de bout créé par les enrochements, tout le monde le vit. Il aurait pu venir nous voir, mais il l’a fait de son propre chef. Jamais on ne lui aurait donné la permission de toute façon. On veut lui faire enlever, mais on ne peut pas aller là pour l’enlever », indique-t-il, tout en soulignant que le citoyen a contesté le constat d’infraction assorti d’une amende de 500 $.

« Trouvez une solution »

Jeannot Raymond est conscient d’avoir agi illégalement. « Je sais que ce n’était pas correct. Je sais que ce n’est pas légal, légal, mais je me suis dit: “ Ils (la municipalité) vont peut-être trouver une solution. “ ». Il affirme être prêt à enlever ses blocs, mais, en retour, qu’on lui fournisse la solution pour protéger sa propriété.

Le citoyen insiste sur le fait que son enrochement est temporaire jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée. Il indique que de l’autre côté du fleuve, au Bas-Saint-Laurent, des citoyens enrochent leur terrain sans trop de problèmes. L’homme réclame la tolérance de la municipalité et du voisinage. « Ils (la municipalité) ne veulent rien savoir de nous autres. J’ai envoyé plusieurs courriels à M. Morin et il ne m’a jamais rappelé », déplore-t-il.

Concernant l’apparence de l’amoncellement de pièces de béton disséminées au pied de son talus, Jeannot Raymond assure être disposé à en retirer une certaine quantité pour améliorer le coup d’œil.

Dans une municipalité où la beauté des plages est l’élément majeur pour la promotion touristique, l’infrastructure de béton tranche dans le paysage.

 

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