« On a tout fait, mais à l’impossible nul n’est tenu » – Dorsay Talaï

Par Charlotte Paquet 30 juin 2016
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Dorsay Talaï demeure sereine dans les circonstances.

Baie-Comeau – « C’est sûr que ça nous fait de la peine de voir disparaître l’institution. C’est triste, mais pour ce qui est du processus, le deuil est fait. On a vraiment le sentiment du devoir accompli, car on a tout fait, mais à l’impossible nul n’est tenu. »
La directrice de l’École secondaire Jean-Paul II, Dorsay Talaï, affichait une mine sereine, la semaine dernière, alors qu’elle se préparait à voir partir ses élèves pour la dernière fois. Oui, tout a été fait pour maintenir les services éducatifs, mais ce fut impossible, a-t-elle insisté.
Avec 70 étudiants inscrits pour l’automne 2016, il était impensable de garder une école ouverte, déjà qu’elle en arrachait financièrement avec sa clientèle de 87 élèves cette année.
Les messages de félicitations reçus des parents sur le portail de l’établissement ont fait chaud au cœur à la directrice. Se faire remercier pour avoir maintenu tous les services et toutes les activités comme si de rien n’était l’a ravie. Malgré la fermeture qui l’attendait après 30 ans de présence dans le milieu, l’école a continué de fonctionner normalement.
Fait à noter, tous les dossiers des élèves ont été transmis au ministère de l’Éducation. Quant aux dossiers administratifs, ils seront conservés aux Archives nationales du Québec.
Unité plus sentie
Mme Talaï considère que les dernières semaines ont été marquées par une unité encore plus sentie dans la petite école. Les étudiants étaient conscients de vivre des moments particuliers et lui en faisaient part.
Selon elle, la fermeture de l’école peut aussi être vue comme un élément formateur pour les étudiants, puisqu’elle leur démontre que lorsque des obstacles se présentent sur notre route, il faut passer par-dessus.
« Ce sont nos anciens qui ont le plus de peine. Ils se questionnent sur ce qui va arriver avec les mosaïques, sur les retrouvailles », souligne la directrice. Elle dit d’ailleurs lancer une perche à la Ville de Baie-Comeau pour lui permettre d’installer les 28 mosaïques sur un pan de mur de l’un de ses édifices publics.
Après avoir dirigé l’École Jean-Paul II depuis 10 ans et y avoir enseigné avant pendant la même période, Mme Talaï emportera plusieurs souvenirs dans sa nouvelle vie. Celui qui prime sur les autres, avoue-t-elle, c’est plus un sentiment, celui d’une « petite école et grande famille », le slogan de l’établissement. « On le vit vraiment au quotidien dans l’école. Je ne pense pas qu’on va retrouver ailleurs cette convivialité et cet esprit de famille qu’on avait ici. C’est ce qui va me manquer le plus », dit-elle.
Départs de la région
Dorsay Talaï et son conjoint André Cormier, enseignant à l’école, s’apprêtent à quitter la région. La première a obtenu un poste de direction dans une école secondaire de Saint-Hyacinthe et le second enseignera au Collège Jean-de-Brébeuf à Montréal.
Ils ne sont pas les seuls à s’expatrier. Sur les 12 enseignants qui étaient en poste, la moitié quittera la région. Bruno Arsenault et sa conjointe Cindy Desrosiers, tous deux enseignants et natifs de Baie-Comeau, s’apprêtent à déménager en Ontario. Ils attendent la confirmation d’un emploi là-bas.
Pour sa part, Guillaume Dubé demeure dans sa ville natale, mais quitte l’enseignement en éducation physique pour un poste à l’Unité régionale loisir et sport Côte-Nord.
Liquidation des actifs
Le conseil d’administration de l’École secondaire Jean-Paul II procédera à la liquidation des actifs dans les prochains mois. « On est à organiser la meilleure façon possible pour faire cette liquidation-là afin que tous nos fournisseurs soient payés », souligne son président, Philippe Dumont. Il ne fait cependant aucun doute dans son esprit que « tout le monde va avoir ses sous. »
La vente du bâtiment permettra de régler le prêt hypothécaire. S’il restait de l’argent une fois la liquidation des actifs terminée, il serait donné à un autre établissement d’enseignement du secteur privé, précise M. Dumont.

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