Alcoa se positionne pour l’avenir

Par Charlotte Paquet 13 septembre 2016
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Baie-Comeau – L’aluminerie Alcoa de Baie-Comeau a le vent en poupe. Les investissements se multiplient à coups de dizaines et de dizaines de millions de dollars, ses couts de production diminuent et sa performance augmente. Avec l’augmentation de la demande d’aluminium dans le monde, elle se positionne on ne peut mieux pour tirer son épingle du jeu et assurer la pérennité d’une usine qui, en 2013, était menacée par la fermeture.

« On était une usine qui avait les plus hauts couts de production et, aujourd’hui, on est parmi les meilleures et les plus performantes chez Alcoa (12 alumineries). On talonne les premiers de classe », a lancé le directeur général de l’aluminerie, Éric Lavoie, jeudi, visiblement fier du chemin parcouru depuis la fermeture des dernières cuves Soderberg, il y a trois ans.

Ces propos, il les a tenus lors d’une activité médiatique organisée pour faire le point sur les projets d’investissements 2014-2019 découlant de l’entente intervenue avec le gouvernement du Québec sur les tarifs d’électricité.

En 2014, Alcoa s’était engagée à investir 150 M$ en cinq ans pour moderniser ses installations baie-comoises, dont la capacité de production annuelle oscille autour de 300 000 tonnes métriques. À ce jour, ce sont plutôt 163 M$ qui ont été injectés et, à la fin de 2017, les investissements auront dépassé les 200 M$.

« On va largement dépasser l’entente. C’est une transformation complète de notre usine pour la rendre beaucoup plus compétitive et c’est majeur », a insisté M. Lavoie. Comme il l’a si bien martelé, plus l’usine de Baie-Comeau sera compétitive et plus elle sera attrayante pour saisir les opportunités qui pourraient se présenter dans les prochaines années. « Plus tu es compétitive et plus ça peut ouvrir des portes. Les investissements, ça assure notre futur», a-t-il souligné.

Fonderie, redresseurs et autres

Alcoa a dirigé son premier investissement stratégique vers la fonderie. Cinquante millions de dollars plus tard, une réfection des fours et l’automatisation de trois puits de coulée pour la plaque de laminage ont été réalisées, en plus de l’installation d’une première machine à gueuse, terminée en juillet 2015.

Tout comme le lingot en T, la gueuse est un aluminium destiné à la refonte, mais ses couts de production sont moins élevés. C’est quand même la plaque de laminage, un produit à valeur ajoutée, que l’entreprise souhaiterait produire davantage. « On vise toujours le marché de la plaque, mais, là, le marché n’est pas facile présentement, il est dans un creux », a admis le directeur général.

Des investissements de 60 M$ sont aussi en cours du côté de deux unités de redresseurs, l’un pour la série D et l’autre pour la série E. Les redresseurs, « le cœur d’une l’usine », selon M. Lavoie, transforment l’énergie acheminée par Hydro-Québec. Les travaux de modernisation permettront d’augmenter l’intensité du courant électrique des cuves jusqu’à 240 000 ampères. En plus d’améliorer la fiabilité des équipements haute tension et de faciliter l’entretien des installations de production, les nouvelles unités permettront aussi de faire passer la capacité de production à 325 000 tonnes métriques si le besoin est.

Parmi les autres projets en cours, il y a la nouvelle route de métal en élaboration entre les secteurs de l’électrolyse et de la fonderie. Une somme de 27 M$ y est dédiée. Grâce notamment à un corridor extérieur fermé et à de nouveaux véhicules de transport de métal, elle permettra d’apporter le métal à la fonderie de façon plus efficace et à des couts moindres.

Un montant de 29 M$ est aussi rattaché au traitement des émissions dans l’environnement. À ce chapitre, M. Lavoie n’a pas manqué de souligner que l’usine de Baie-Comeau occupe la première place dans le groupe Alcoa au chapitre de la faiblesse de ses émissions de gaz à effets de serre.

Syndicat heureux

« On est très heureux des investissements faits depuis 2014. On entrevoit l’avenir avec optimisme. Il y a des opportunités d’affaires qui vont venir dans les prochaines années et on veut être au rendez-vous », a souligné, confiant, Michel Desbiens, président du Syndicat national des employés de l’aluminium de Baie-Comeau.

Tout en admettant que le marché de l’aluminium tarde à remonter, M. Desbiens croit que « la fenêtre n’est pas loin » et que l’usine de Baie-Comeau sera bien placée pour saisir les développements à venir dans l’industrie de l’aluminium.

Les constructeurs d’automobiles se tournent de plus en plus vers l’aluminium. Or, 75 % du métal transformé aux États-Unis provient du Québec, affirme le président. « À un moment donné, ils vont devoir acheter le métal quelque part. C’est mieux ici au Québec qu’en Chine ou ailleurs », a-t-il indiqué.

L’aluminerie Alcoa de Baie-Comeau procure de l’emploi à 850 personnes. Les investissements en cours ne devraient pas entraîner de changements majeurs au chapitre des effectifs. L’âge moyen des travailleurs se situe à 47 ans.

La fermeture des cuves Soderberg a entraîné la mise en place d’un programme de départs volontaires à la retraite. Quelque 500 personnes s’en étaient prévalues.