Les intervenants crient aux tâches administratives trop lourdes

Par Charlotte Paquet 22 octobre 2016
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Sylvain Tremblay, Guillaume Tremblay et Yvon Payeur s’inquiètent de la lourdeur administrative des tâches de travail des employés des centres jeunesse qui, pendant qu’ils remplissent des formulaires, n’interviennent pas auprès des jeunes et de leur famille.

Sylvain Tremblay, Guillaume Tremblay et Yvon Payeur s’inquiètent de la lourdeur administrative des tâches de travail des employés des centres jeunesse qui, pendant qu’ils remplissent des formulaires, n’interviennent pas auprès des jeunes et de leur famille.

Baie-Comeau – Le Conseil central Côte-Nord de la CSN fait siens les résultats d’une vaste consultation menée par l’organisation syndicale auprès de 2 000 travailleurs des centres jeunesse à la grandeur du Québec. Les conclusions tirées des 18 répondants de la Côte-Nord vont dans le même sens : intervenants à bout de souffle et temps fou passé à remplir des formulaires plutôt qu’à intervenir auprès de la clientèle.

La CSN représente 150 travailleurs en centre jeunesse dans la région. En conférence de presse à Baie-Comeau lundi, le président du Syndicat des techniciens et des professionnels de la santé et des services sociaux (STPSS), Yvon Payeur, s’est dit très préoccupé par le fait que seulement 11 % des intervenants sondés affirment être en mesure de répondre adéquatement aux besoins de la clientèle. Selon lui, la lourdeur des tâches administratives n’y est pas étrangère.

Conscient que la prise de notes fait partie du travail d’intervention, il n’en reste pas moins que le président déplore l’alourdissement de la situation au fil des ans avec la multiplication de formulaires à remplir. « On nous demande de tout décortiquer et expliquer dans les plus fins détails, ça nous enlève du temps avec les familles », indique-t-il.

La situation est telle que 80 % des répondants à la consultation de la CSN constatent que leurs interventions servent davantage à répondre à des cibles statistiques et monétaires qu’à aider les jeunes. « On constate que les intervenants trouvent ça très difficile. Ils interviennent de moins en moins avec la clientèle, car ils font des statistiques, des notes évolutives » souligne M. Payeur. Selon lui, la situation démotive les travailleurs qui ont pourtant étudié pour intervenir auprès des jeunes. « Ils sont plus souvent en rédaction qu’en intervention », explique-t-il.

Surcharge de travail et épuisement professionnel guettent les travailleurs. D’ailleurs, 28 % des répondants soulignent que leurs conditions d’exercice difficiles les ont forcés à prendre un congé de maladie au cours des trois dernières années, tandis que 94 % ont admis effectuer des heures supplémentaires.

Le danger dans tout ça demeure la déshumanisation des services. « Quand j’ai commencé à intervenir, on était beaucoup plus humains. On prenait le temps d’intervenir. Aujourd’hui, c’est plus du coaching, comme tu fais ça, tu fais ça. On s’est déshumanisé », admet le président.

Budget amputé

En trois ans, un montant de 200 000 $ a été amputé du budget de la réadaptation jeunesse. Selon le vice-président du STPSS, Sylvain Tremblay, il est évident que cela a eu des répercussions sur la pratique professionnelle, la qualité des services offerts et la qualité de la vie au travail.

Au cours de la dernière année seulement, 16 000 heures ont été supprimées, soit l’équivalent de neuf emplois à temps complet. Les compressions se sont faites surtout par le non-remplacement des départs à la retraite.

Le président du Conseil central Côte-Nord de la CSN, Guillaume Tremblay, conclut en réclamant des États généraux sur la situation des centres jeunesse, un moratoire sur les coupes budgétaires et un réinvestissement dans le réseau.

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