Pessamit met Hydro-Québec en demeure

Par Steeve Paradis 24 novembre 2016
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Le chef du conseil des Innus de Pessamit, René Simon, et le conseiller spécial Jack Picard, ont dévoilé jeudi le contenu des deux mises en demeure déposées la journée même au siège social d’Hydro-Québec.

Le chef du conseil des Innus de Pessamit, René Simon, et le conseiller spécial Jack Picard, ont dévoilé jeudi le contenu des deux mises en demeure déposées la journée même au siège social d’Hydro-Québec.

Baie-Comeau – Sans surprise, les Innus de Pessamit ont fait parvenir la semaine dernière deux mises en demeure au siège social d’Hydro-Québec. La première enjoint la société d’État d’interrompre immédiatement le rehaussement du réservoir Manicouagan. La seconde réclame le rétablissement du flot naturel de la rivière Betsiamites.

« On est rendus à un stade où Hydro-Québec doit reconnaitre qu’elle enfreint les lois provinciales et fédérales », a clamé le chef du conseil des Innus de Pessamit, René Simon, pour expliquer le dépôt des deux mises en demeure, adressées au pdg d’Hydro-Québec, Éric Martel, et au président d’Hydro-Québec production, Richard Cacchione.

Dans sa mise en demeure à propos du réservoir de Manic-5, Pessamit allègue qu’Hydro-Québec ne prend aucune mesure environnementale particulière pour gérer les impacts environnementaux du rehaussement du réservoir. Les Innus soutiennent entre autres que le niveau de méthyl-mercure dans l’eau du réservoir grimpera, « affectant sérieusement les habitats fauniques », fait valoir le chef Simon.

« Hydro-Québec se range derrière un décret datant de 1969, sauf qu’en 1982, il y a eu la loi sur la protection de l’environnement. La gestion du réservoir Manicouagan contrevient directement à l’article 20 de cette loi », ajoute Jack Picard, conseiller spécial au secteur Ressources et territoire du conseil.

Pas consultés

Les Innus assurent aussi qu’ils n’ont jamais été consultés par Hydro-Québec dans ce dossier, même si la direction régionale de la société d’État affirme le contraire.

« Pour ce qui est du rehaussement du réservoir, c’est le silence radio du côté d’Hydro-Québec. On ne les a jamais rencontrés là-dessus, ni à Pessamit ni ailleurs », soutient M. Picard. Le chef Simon va jusqu’à déclarer que « même les ministères concernés n’ont pas été consultés par Hydro-Québec sur le rehaussement du niveau du réservoir ».

Quant à la mise en demeure sur la rivière Betsiamites, elle exige qu’Hydro « mette fin sans délai aux fluctuations de débit qui affectent la rivière et qu’elle en rétablisse le flot naturel ». On se rappellera que dans ce dossier, le conseil des Innus de Pessamit prétend que les centrales Bersimis-1 et Bersimis-2 sont utilisées comme centrales de pointe, notamment pour l’éventuel projet d’interconnexion Québec-New Hampshire, et que les variations de débit imposées menace le saumon de disparition.

René Simon a ajouté sur ce dossier que selon Pessamit, la société d’État ne respecte plus depuis 2008 une entente, découlant du projet hydroélectrique de la rivière Toulnustouc, visant à la restauration du saumon dans la rivière Betsiamites.

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