Des grandes marées destructrices s’invitent à Pointe-Lebel

Par Charlotte Paquet 11 janvier 2017
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La Lebeloise Véronique Lavoie n’a pas perdu de terrain en raison de l’enrochement bétonné qui le protège, mais un immense bloc de glace a tout de même causé de lourds dommages à ses biens. Photo Véronique Lavoie et Jean-Marc-Hins.

La Lebeloise Véronique Lavoie n’a pas perdu de terrain en raison de l’enrochement bétonné qui le protège, mais un immense bloc de glace a tout de même causé de lourds dommages à ses biens. Photo Véronique Lavoie et Jean-Marc-Hins.

Baie-Comeau – Les grandes marées des 30 et 31 décembre ont eu un effet destructeur sur une partie du littoral de Pointe-Lebel. Pendant ce temps-là, à Pointe-aux-Outardes, les travaux de stabilisation des berges effectués tout juste avant Noël et une direction des vents favorables ont permis d’éviter un désastre.

Au matin du 31 décembre, un spectacle désolant attendait les autorités municipales ainsi que plusieurs citoyens. Du côté de la plage de la rue Chouinard, le garde-fou surplombant la plage n’a pas résisté à la force des vagues. Il a été partiellement détruit.

Selon le maire Normand Morin, l’enrochement de la berge, qui avait d’ailleurs été réparé en décembre 2015, a résisté à la force de dame Nature. Cependant, en frappant le mur de roc, les vagues sont allées terminer leur élan directement sur la rue Chouinard. « On va attendre à la fonte des neiges pour évaluer les dommages », souligne-t-il.

L’élu veut d’ailleurs réunir ses citoyens concernés par l’érosion au sein d’un comité afin d’exercer des pressions auprès des ministères concernés. « C’est pas compliqué, ça me prend du monde pour chialer. Quand je vais aller au front, je ne veux pas qu’il n’y ait personne derrière moi », mentionne celui admet que la population n’a d’autre choix que de s’adapter à la nature.

« On a beaucoup d’experts qui nous disent ce qui ne va pas, mais des solutions, ça ne pleut pas. Trouvons des solutions, il doit bien y en avoir », ajoute-t-il. Selon lui, le ministère de la Sécurité publique privilégie le déménagement des résidences se trouvant dans des zones à grands risques. « Tant qu’à ça, on va déménager Pointe-Lebel à Baie-Comeau », lance-t-il avec une pointe d’ironie.

Un dur réveil

Véronique Lavoie habite depuis huit ans à l’entrée de la rue Chouinard, du côté du fleuve. À son réveil le 31 décembre, une vision quasi apocalyptique l’attendait. Elle raconte que pendant la nuit, un immense bloc de glace transporté par les vagues a causé de lourds dommages sur son terrain, notamment à sa piscine, à la thermopompe et à sa clôture. Elle n’a cependant perdu aucun centimètre de terrain puisque sa berge est protégée par un enrochement bétonné.

Véronique Lavoie attend aussi le printemps pour constater l’ampleur réelle des dommages. Elle s’attend cependant à ce que la facture atteigne facilement les 20 000 $. Or, les dégâts ne sont pas couverts par son assureur puisque sa propriété se trouve dans une zone inondable. Quand elle l’a achetée, à l’époque avec son ancien amoureux, elle était confiante puisque ses voisins, qui habitaient là depuis des dizaines d’années, ne rapportaient aucun problème.

La citoyenne réfléchit aujourd’hui à la possibilité de vendre sa propriété, mais ce ne serait pas de gaieté de cœur. Les frais découlant des récents dommages pourraient l’y forcer. Elle croit qu’elle trouverait preneur. « Il y a quatre ans quand je l’ai mise en vente, j’ai eu 30 visites et 12 offres », indique celle qui relèvera ses manches au printemps pour réparer, avec l’aide de son entourage, ce qui a été brisé par la glace à la fin de 2016.

Malgré tout, Véronique Lavoie garde son optimisme. « Il faut se dire que la fin de quelque chose est toujours le début d’autre chose », laisse-t-elle tomber.

Trois mètres en moins

À l’extrémité de la rue Granier dans le secteur de Pointe-Paradis, la propriété de Jean-Marc Hins a aussi subi une fois de plus les assauts des éléments. Les grandes marées de décembre lui ont ravi trois mètres de terrain. Ça s’est ajouté à une dizaine de mètres déjà disparus entre les mois d’aout et de novembre. Aujourd’hui, la magnifique maison se trouve à environ 20 mètres du talus.

M. Hins a fait des tentatives pour protéger son terrain à ses frais, mais s’est constamment buté à des obstacles en termes de règles environnementales à respecter. Aujourd’hui, il attend ni plus ni moins que l’érosion poursuive ses ravages et oblige le déménagement de sa résidence plus loin sur la centaine de mètres de terrain qu’il possède.

Le Lebelois trouve particulièrement ironique que le gouvernement l’empêche de réaliser des travaux de protection à ses frais, mais pourrait devoir défrayer autour de 200 000 $ pour le déménagement de sa résidence dans quelques années.

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