Valérie Pelletier surmonte une jeunesse difficile pour redonner au suivant

Par Charlotte Paquet 29 janvier 2017
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Valérie Legal Tender, connue sous le nom de Valérie Pelletier à Baie-Comeau, réalise de belles et de grandes choses à Montréal. Pourtant, son adolescence et le début de sa vie d’adulte n’ont pas été faciles. Photo courtoisie Lidia Barreiros photography.

Valérie Legal Tender, connue sous le nom de Valérie Pelletier à Baie-Comeau, réalise de belles et de grandes choses à Montréal. Pourtant, son adolescence et le début de sa vie d’adulte n’ont pas été faciles. Photo courtoisie Lidia Barreiros photography.

Baie-Comeau – Le quartier Centre-Sud à Montréal s’enrichira d’un centre communautaire nouveau genre en 2017 et derrière ce projet qui chemine allègrement, se trouve une femme originaire de Baie-Comeau. Valérie Pelletier, connue aujourd’hui sous le nom de Valérie Legal Tender (son nom d’artiste militante), apporte la preuve qu’il est toujours possible de changer son parcours de vie, même quand le début n’augure rien de positif.

 

À la fin de ses 16 ans, Valérie L. Tender a quitté sa ville natale pour Montréal avec sa guitare et son sac à dos. Excédée de se faire intimider et de se faire battre par d’autres jeunes une fois la cloche de l’école sonnée, elle a décidé d’aller voir ailleurs où sa différence et son excentricité ne lui causeraient pas de problèmes, raconte-t-elle. Vingt ans plus tard, elle en a fait du chemin.

De l’âge de 17 ans jusqu’à 23 ans, elle a gagné sa vie en se déshabillant dans des clubs. « Ma première job, ç’a été danseuse nue. C’est dur de s’en sortir après ça », mentionne-t-elle au bout du fil. Mais avec l’aide d’organismes communautaires, principalement Le bon Dieu dans la rue, elle y est parvenue.

Elle a pu finir son secondaire et, plus tard, une bourse lui a permis d’étudier en écologie et en langues à l’Université du Québec à Montréal. Outre le français et l’anglais, elle maitrise l’espagnol et le portugais.

En relation d’aide

En plus d’être musicienne de rue, Valérie Legal Tender a toujours travaillé en relation d’aide, que ce soit comme préposée aux bénéficiaires, dans un centre d’entrainement ou encore pour la Mission Old Brewery, un refuge pour hommes. Elle y a été la première femme embauchée comme intervenante en 125 ans d’histoire, ce qui n’est pas rien.

Son dernier emploi dans le domaine, elle l’a occupé au centre de référence du Grand Montréal, une ligne téléphonique qu’elle décrit comme « un 411 du secteur communautaire ». C’est là, dit-elle, qu’elle a pu véritablement mesurer l’ampleur incroyable des besoins des gens du quartier Centre-Sud. Ainsi, quand elle a perdu son emploi, elle s’est mise à réfléchir à une façon d’y répondre.

La mise en place d’un centre communautaire sous la formule coopérative s’est imposée. Cette idée, elle la mijote depuis quatre ans. Elle a réuni des partenaires d’aventure qui, tout comme elle, souhaitent développer quelque chose de nouveau pour améliorer le sort des gens démunis tout en offrant aux autres mieux nantis la possibilité de donner au suivant, explique la Montréalaise d’adoption.

Le samedi 14 janvier, c’était jour de gala pour le lancement du projet d’entreprise coopérative à but non lucratif. L’événement a aussi permis aussi de faire la promotion d’une campagne de sociofinancement en ligne dont l’objectif est fixé à 5 000 $. Cet argent doit permettre d’assumer les dépenses initiales du démarrage comme tel, comme le site Internet, l’expertise légale ou la bannière. Globalement, le projet se situe cependant dans les six chiffres.

Tarifs ajustés aux revenus

Comme l’explique la trentenaire, le centre communautaire Legal Tender (eh oui, il porte le nom de son instigatrice) s’articulera autour de quatre services de base, qu’elle qualifie d’hygiène publique et pour lesquels les tarifs seront ajustés aux revenus des utilisateurs. Il est notamment question d’une buanderie et d’un service de déménagement.

« On a compris que les buanderies, c’est un lieu communautaire en soi. On s’est dit que le centre communautaire, si on l’articule autour d’une buanderie, ça va faire rentrer le monde sur une base constante », explique-t-elle, tout en ajoutant que les tarifs actuellement en vigueur sur le marché, soit autour de 6 $ pour un lavage-séchage, sont exorbitants pour les gens à faibles revenus.

Plusieurs logis du quartier, où d’ailleurs les punaises de lit sont une vraie peste, ne sont même pas conçus pour y installer un duo laveuse-sécheuse.

D’autres services pourraient s’installer au centre, comme une épicerie végane ou un salon de coiffure. Diverses activités seront aussi proposées, que ce soit dans le domaine culturel ou de cuisine collective.

Valérie Legal Tender insiste sur le fait que l’entreprise accueillera M. et Mme Tout-le monde et pas seulement les démunis. Une main sera tendue aux gens cyniques envers le capitalisme. « On leur dit : « Donnez-nous un dollar et on va en faire un rayonnement social », illustre celle qui vise l’autofinancement après deux ans. Le centre communautaire, elle le décrit comme son projet de vie et sa façon d’aider les gens à retrouver une dignité.

La promotrice est actuellement aux études à temps plein au collège Dawson dans un tout nouveau programme de démarrage d’entreprise sous la forme d’incubateur. Il lui permet de monter son projet qui, d’ailleurs, lui a valu le troisième prix à un concours en octobre 2016.

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