Des obstacles difficiles à surmonter à l’horizon

Par Charlotte Paquet 13 avril 2017
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Baie-Comeau – Si le manque de productivité à sa papetière à Baie-Comeau lui fait envisager le pire, Richard Garneau doit composer avec d’autres inquiétudes pour l’avenir. « On a un paquet d’obstacles qui vont être difficiles à franchir », a-t-il affirmé, la semaine dernière, lors de l’assemblée publique annuelle de Produits forestiers Résolu (PFR).

Le conflit canado-américain dans le bois d’œuvre (le cinquième de l’histoire), la lutte aux changements climatiques et la protection du caribou forestier sont inscrits à la liste des principales appréhensions du président et chef de la direction PFR.

« Le 24 avril, ils (les États-Unis) vont nous faire probablement encore un cadeau et ce ne sera pas facile de dealer avec ça », a souligné Richard Garneau, en référence aux restrictions à prévoir aux conditions d’exportation. Il a rappelé que l’entente intervenue en 2006 pour mettre fin à la dernière crise a fait perdre 20 000 emplois au pays.

Pour Produits forestiers Résolu, la crise qui se dessine pourrait représenter ni plus ni moins que la fermeture de trois de ses scieries. Et, il est évident que les moins performantes seraient les premières touchées. À première vue, des usines du Lac-Saint-Jean écoperaient.

Scierie des Outardes

Après avoir connu des problèmes majeurs de contre-productivité voilà quelques années, la situation s’est redressée chez Scierie des Outardes (SDO).

D’ailleurs, cette mention faite par Richard Garneau a été l’un des rares éléments positifs de son discours de la semaine dernière. Il a d’ailleurs cité la scierie en exemple pour démontrer qu’il était possible de renverser la vapeur à la papetière.

Bernard Plante, président de la section locale 22 du syndicat Unifor, qui représente les employés de production de la scierie, a admis en entrevue que le conflit avec les États-Unis créait des craintes au sein des employés. « On ne sait pas à quoi s’attendre, mais on sait qu’il va y avoir une taxe », a-t-il admis.

Même si a priori, l’avenir de l’usine de Pointe-aux-Outardes ne semble pas en péril malgré cette autre crise du bois d’œuvre, les difficultés actuelles de la papetière de Baie-Comeau pourraient lui faire mal. Dans les faits, c’est toute la filière forestière de la Côte-Nord qui risque de s’effondrer.

Changements climatiques

Le grand patron de PFR a abordé la question de la lutte aux changements climatiques en insistant sur l’importance des arbres pour absorber les émanations de carbone. En 2013, les forêts canadiennes ont absorbé 150 millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. « C’est plus que toutes les émissions des véhicules et des camions au pays », a-t-il mentionné, tout en notant que de 1990 à 2010, le secteur des pâtes et papiers a réduit de 70 % ses émissions de gaz à effet de serre.

Un seul mètre cube de bois représente l’absorption d’une tonne de C02. Pour un seul camion semi-remorque chargé de bois en longueur chez SDO, c’est l’équivalent de 40 tonnes, a indiqué Richard Garneau.

Ce dernier milite en faveur du reboisement des territoires forestiers improductifs pour lutter contre les changements climatiques, mais pas seulement pour ça. « C’est un autre défi qui doit être dans l’actualité toutes les semaines, car c’est important pour la captation du carbone, mais aussi pour maintenir ou hausser les possibilités forestières et préserver des milliers d’emplois. »

Caribou forestier

En raison de son impact sur les possibilités forestières, le dossier de la protection du caribou forestier est un autre élément sombre dans le paysage. L’investissement de 7 M$ en trois ans annoncé récemment par le gouvernement du Québec pour dresser l’inventaire sur le terrain est une excellente chose, selon Richard Garneau.

Ce dernier soutient d’ailleurs que l’objectif de Québec pour le rétablissement du caribou en 2023 est déjà atteint. Au cours des quatre dernières années, il y aurait eu une augmentation du nombre de caribous forestiers.

Par contre, le grand patron de PFR croit que la présence de caribous toundriques, une espèce qui se confond à l’autre, pourrait l’expliquer. « Comment peux-tu fixer des inventaires à atteindre quand tu n’es pas capable de distinguer les caribous forestiers et les caribous toundriques? », questionne-t-il au passage.

Devant tous les obstacles auxquels est confrontée l’entreprise, son président invite les communautés forestières à la vigilance et à la mobilisation. « C’est primordial », a-t-il insisté. « C’est grâce à vous qu’on a réussi à avoir cette entente-là pour l’usine de papier », a-t-il rappelé en faisant référence au dossier de la tordeuse des bourgeons de l’épinette.

Un peu plus tard en entrevue avec les médias, il a indiqué que des citoyens et des acteurs socioéconomiques qui se mobilisent, ç’a plus de poids qu’un président de compagnie auprès d’un gouvernement.

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