La Côte-Nord « échappe » le championnat de la consommation excessive

Par Charlotte Paquet 10 août 2017
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La Côte-Nord n’est plus la championne de la consommation excessive d’alcool au Québec, selon le dernier sondage d’Éduc’Alcool, mais la région n’est pas très loin derrière. Photo iStock

Éduc’alcool souhaite sensibiliser les festivaliers du Parc des Pionniers de Baie-Comeau a consommer de façon responsable. PHOTO ISTOCK

Baie-Comeau – Le championnat de la consommation excessive d’alcool au Québec vient d’échapper aux Nord-Côtiers, selon le dernier sondage mené pour le compte d’Éduc’alcool. Cette bonne nouvelle en soi ne doit cependant pas leur faire oublier qu’ils demeurent tout de même sur le podium non enviable, souligne le directeur général de l’organisme, Hubert Sacy.

Pas moins de 150 Nord-Côtiers ont répondu au sondage CROP réalisé par entrevues téléphoniques du 20 février au 20 mars 2017. Les résultats obtenus ont permis de dresser le portrait de la relation qu’ils entretiennent avec l’alcool.

Le sondage de 2015, le premier du genre commandé par Éduc’Alcool, avait démontré que 54 % des citoyens de la Côte-Nord consommaient de façon excessive, soit cinq verres et plus par occasion au moins une fois par mois, ce qui les avait placés au sommet du palmarès.

Cette fois-ci, la marque a chuté à 48 %. « Oui, il y a de l’amélioration. On a perdu 6 %, ce qui est très bon », reconnait M. Sacy.

Ce dernier va plus loin encore dans les comparaisons. Il rappelle que de 2015 à 2017, l’écart entre la Côte-Nord et l’ensemble du Québec s’est aussi amenuisé. Aujourd’hui, il n’est plus que de quatre points puisque dans la province, le taux de personnes consommant de façon excessive se situe à 44 %, en hausse d’un point.

« Vous êtes toujours au-dessus de la moyenne québécoise, mais mon Dieu que vous vous êtes améliorés », commente le directeur général.

Le récent sondage place maintenant l’Abitibi-Témiscamingue au premier rang. Étant donné que les résultats de toutes les régions ne sont pas encore officiels, M. Sacy ne pouvait confirmer, la semaine dernière, si la Côte-Nord occupait la deuxième ou la troisième place pour la proportion de consommateurs excessifs, mais se disait assuré qu’elle se trouve sur le podium.

Autres faits saillants

D’autres faits saillants émanent du sondage, comme la fréquence de consommation des Nord-Côtiers plus élevée qu’ailleurs au Québec. Les répondants ont confié boire de l’alcool en moyenne 1,7 fois par semaine, contre 1,5 fois en 2015. La moyenne au Québec se situe à 1,4 en 2017.

De façon globale, il y a cependant un peu moins de consommateurs d’alcool chez nous que dans l’ensemble du Québec, soit 78 % contre 83 %. Ceux qui consomment le font cependant plus souvent, soit une fois ou plus par semaine, soit 57 % contre 44 %.

Les Nord-Côtiers sont aussi plus amateurs de vin et de bière que leurs vis-à-vis dans la province. Il est question de 39 % par rapport à 31% pour le premier et de 33 % comparativement à 23 % pour la deuxième.

Les résultats du sondage révèlent aussi que dans la région, les gens sont plus nombreux à consommer de l’alcool à la maison (87 % c. 79 % au Québec), plutôt que chez des amis, au restaurant ou en jouant à des jeux de hasard.Enfin, 31 % (10 % au Québec) des résidents croient qu’il est criminel de conduire après avoir pris un seul verre, bien qu’ils soient moins nombreux à croire que conduire après avoir abusé de l’alcool est criminel (66 % c. 77 %).

Les limites recommandées

Les limites recommandées sont de deux verres par jour pour une femme et de trois pour un homme, mais avec des maximums respectifs de 10 et de 15 consommations par semaine. « De temps en temps, les femmes peuvent aller jusqu’à trois fois et les hommes à quatre fois », souligne M. Sacy.

Le directeur général d’Éduc’alcool insiste d’ailleurs sur le fait qu’il est de beaucoup préférable de boire de petites quantités plus régulièrement que de consommer de façon excessive de temps à autre. Il fait référence à la personne qui ne boit pas de la semaine, mais qui s’en donne à cœur joie le vendredi soir pour enfiler un verre après l’autre de façon continue.

« Le fait qu’on consomme de façon plus fréquente (mais de petites quantités), c’est une bonne chose. Honnêtement, ça commence à aller dans la bonne direction », commente le dirigeant.

Alcool et région éloignée

En 2015, la Côte-Nord trônait au palmarès de la consommation excessive au Québec. En 2017, l’Abitibi-Témiscamingue lui « ravit» le titre. Mais pourquoi encore et toujours les régions éloignées? « On n’a pas l’explication absolument certaine. On pense cependant que sur la Côte-Nord, les gens sont plus jeunes et les gens qui travaillent ont de l’argent. Il y a aussi les personnes qui travaillent loin et, à leur retour (à la maison), ils se disent : « Je mérite de me gâter. » C’est un phénomène de compensation. Mais tout ça, c’est une hypothèse », souligne M. Sacy en conclusion.

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