Plus haut taux de maltraitance chez les 0-5 ans au Québec – La Côte-Nord s’outille pour protéger ses tout-petits

Par Charlotte Paquet 30 novembre 2017
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La présidente d’Éclore Côte-Nord, Denise Langevin, est entourée d’André Lebon et de Camil Bouchard, les deux invités vedettes de l’événement régional de deux jours.

La présidente d’Éclore Côte-Nord, Denise Langevin, est entourée d’André Lebon et de Camil Bouchard, les deux invités vedettes de l’événement régional de deux jours. Photo Le Manic

Baie-Comeau – La Côte-Nord se démarque au Québec pour son haut taux de maltraitance envers les tout-petits, trois fois plus élevée que la moyenne québécoise. Au-delà de cette statistique très sombre qui lui accorde un championnat dont elle se passerait, une éclaircie se fraye un chemin au gré de pistes d’action proposées.

Les 22 et 23 novembre, 127 participants ont pris part à la deuxième édition de l’événement régional en petite enfance La Côte-Nord unie pour ses tout-petits, organisé par le comité régional Éclore. Dès l’ouverture des deux jours de conférences et d’ateliers, les gens ont été confrontés à l’ampleur du phénomène de maltraitance des 0-5 ans, qui se décrit principalement par des épisodes de négligence grave que les enfants subissent dans leur vie.

Ce fut un choc, selon Camil Bouchard, président d’honneur et rédacteur du rapport Un Québec fou de ses enfants en 1991, qui avait alors dressé la table à la mise en place de service de garde éducatifs à tarifs réduits. « Les statistiques, ç’a été dur pour les participants, car ils sont tous dédiés et travaillent très fort», indique-t-il. C’est qu’en plus d’être très élevée, la maltraitance augmente plus rapidement sur la Côte-Nord qu’ailleurs.

« Les défis sont grands sur la Côte-Nord, mais le monde est capable de les relever », a insisté M. Bouchard. L’éloignement ainsi que le taux élevé de pauvreté font partie des principaux défis qu’il identifie, mais il est confiant que le milieu sera capable de les contourner en raison, observe-t-il, de l’importance de la force du réseau régional autour des 0-5 ans, une force qu’il affirme avoir rarement vue.

Des pistes de solutions

Secoués, les participants ont évidemment voulu savoir ce qui se cache derrière ces chiffres. M. Bouchard a parlé notamment d’échec des programmes de prévention et de l’incapacité d’être là où il faut être au bon moment.

Par la suite, les gens ont amorcé une réflexion afin d’en venir à trouver des pistes de solutions pour renverser la vapeur. Le comité régional Éclore aura à analyser les propositions émises au terme des deux jours de rencontre afin d’en tenir compte dans l’élaboration de son prochain plan d’action.

Tout comme la présidente d’Éclore Côte-Nord, Denise Langevin, et le deuxième conférencier vedette de l’événement régional, André Lebon, de la Commission sur l’éducation à la petite enfance, M. Bouchard reste d’avis que le sort des tout-petits doit intéresser un milieu élargi, en passant notamment par les commerçants, qui reçoivent les enfants et leurs parents, par les élus ou encore les chefs de bande. « Il faut que tout ce monde-là soit sur un pied d’alerte et se donne un objectif de faire réduire ce taux », indique-t-il.

Communautés autochtones

Du côté des communautés autochtones, les statistiques font encore plus mal. Même s’ils ne représentent que 12 % de l’ensemble des enfants de la Côte-Nord, les jeunes autochtones totalisent 58 % des signalements retenus en protection de la jeunesse.

Tout en précisant vouloir expliquer le phénomène et non l’excuser, l’auteur du rapport Un Québec fou de ses enfants rappelle que « les autochtones trainent un passé d’accablement et ont connu des périodes désastreuses pour leurs capacités de transférer d’une génération à une autre des compétences parentales ».

Même s’ils sont beaucoup plus nombreux qu’ils devraient l’être, la réalité des enfants autochtones ne doit cependant pas faire oublier aux allochtones qu’il y a 42 % des signalements retenus qui les concernent, conclut M. Bouchard.

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