Trou noir et mesures urgentes – La coalition Action chômage lance une pétition

Par Charlotte Paquet 27 Décembre 2017
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Les membres de la coalition Action chômage invitent les gens à signer la pétition, qui sera remise en mains propres au ministre Jean-Yves Duclos au début de janvier. Photo Le Manic

Les membres de la coalition Action chômage invitent les gens à signer la pétition, qui sera remise en mains propres au ministre Jean-Yves Duclos au début de janvier. Photo Le Manic

Baie-Comeau – La Côte-Nord intensifie sa mobilisation pour éviter que des familles vivent une véritable catastrophe dans les prochains mois avec la prolongation de la fameuse période du trou noir. Par l’entremise d’une pétition, la coalition Action chômage invite les citoyens à faire pression sur le gouvernement du Canada afin qu’il corrige le tir en instaurant des mesures d’urgence dans un premier temps, puis des mesures permanentes par la suite.

Accompagnés d’une quinzaine d’élus de la région, les représentants d’Action chômage Côte-Nord, du Conseil central Côte-Nord de la CSN et de l’Assemblée des MRC de la Côte-Nord, soit Line Sirois, Guillaume Tremblay et Luc Noël, ont dévoilé, le 20 décembre, le plan de match des prochaines semaines pour faire entendre raison au fédéral.

La présence d’un aussi grand nombre de personnes réunies dans la salle du conseil de la MRC de Manicouagan pour une même cause a d’ailleurs a fait dire à M. Tremblay : « C’est un dossier qui fait l’unanimité et c’est très rare sur la Côte-Nord qu’on parle d’une seule voix ». Mme Sirois en a rajouté : « Quand je regarde ça, je me dis qu’il faut que ça aille mal pour réussir à réunir tout ce monde ».

En ligne et en papier

La pétition Mettons fin au Trou noir sur la Côte-Nord est disponible en format papier dans les communautés de la région et en format électronique. Elle réclame un seuil d’admissibilité à 420 heures travaillées et une période de prestations de 30 semaines pour tous les travailleurs saisonniers de l’Est-du-Québec, et ce, rétroactivement au 1er aout 2017. Le jumelage de 17 régions économiques aux fins de l’assurance-emploi vient influencer à la baisse le taux de chômage, de telle sorte que 665 heures de travail sont désormais nécessaires pour les 6 500 travailleurs saisonniers de la Côte-Nord, ce qui donne droit à 15 semaines d’assurance-emploi.

Selon le gouvernement fédéral, le taux de chômage dans la région serait à 6,7 %. Or, insiste M. Noël, en réalité, il se situe plutôt à 14,6 %, d’après Statistique Canada. Il est question d’un taux de 17,6 % dans la MRC de La Haute-Côte-Nord, de 10 % dans celles de Manicouagan et Sept-Rivières et de 20 % du côté de la Minganie et de la Basse-Côte-Nord.

Les citoyens sont invités à signer la pétition en grand nombre. Les membres de la coalition se rendront la porter en mains propres, au début de janvier, au ministre responsable de l’assurance-emploi, Jean-Yves Duclos.

L’industrie saisonnière fait partie intrinsèque de la structure économique de la Côte-Nord, que ce soit dans le domaine des pêches, du tourisme ou de la construction. Et, ont insisté certaines personnes qui ont pris la parole lors du lancement de la pétition, les travailleurs saisonniers ne sont pas des lâches.

Le pire

Les nouvelles conditions liées à l’assurance-emploi font craindre le pire pour les travailleurs saisonniers, mais aussi pour la région dans son ensemble. « À ce rythme-là, l’exode va se poursuivre et les entreprises saisonnières ne trouveront plus de main-d’œuvre qualifiée », prévoit M. Noël.

Pour l’aider dans sa croisade, l’Assemblée des MRC de la Côte-Nord vient d’ailleurs d’embaucher une professionnelle en communication. Comme autre geste de pression du milieu, l’ensemble des élus nord-côtiers et des chefs innus ainsi que les élus de la MRC de Charlevoix-Est enverront sous peu une lettre au ministre Duclos pour lui demander la mise en place de mesures d’urgence.

« Le problème avec le ministre Duclos, c’est qu’il écoute, mais il n’agit pas », ne manque pas de noter la coordonnatrice d’Action chômage Côte-Nord, en rappelant des discussions tenues lors du passage du ministre à Baie-Comeau en mai dernier.

Mme Sirois affirme avoir d’ailleurs tenté de se faire expliquer les raisons pour lesquelles le taux de chômage sur la Côte-Nord était maintenant fixé à 6,7 %, mais personne n’a pu lui en fournir. Pendant ce temps-là, les travailleurs écopent. Or, martèle-t-elle, ce n’est pas comme si la caisse de l’assurance-emploi était vide puisqu’elle a un surplus de 2,2 G$. « De l’argent, il y en a et ce n’est pas leur argent, c’est le nôtre », a-t-elle lancé.

Fait à noter, la députée bloquiste de Manicouagan et responsable de l’Est-du-Québec, Marilène Gill, et le député péquiste de René-Lévesque, Martin Ouellet, multiplient aussi les démarches pour trouver des solutions. Des rencontres sont prévues dans les premières semaines de janvier.

Le lien pour accéder à la pétition est

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