Citoyen de Pointe-Lebel sans eau courante depuis 20 mois, Karl Mior réclame le déménagement de sa maison, pas un puits

Par Charlotte Paquet 10 janvier 2018
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Privé d’eau courante depuis 20 mois, Karl Mior considère comme un non-sens la position du ministère de la Sécurité publique. Photo courtoisie

Privé d’eau courante depuis 20 mois, Karl Mior considère comme un non-sens la position du ministère de la Sécurité publique. Photo courtoisie

Baie-Comeau – Karl Mior ne baisse pas les bras. Privé d’eau courante depuis mai 2016 des suites de grandes marées, incapable de trouver aisément une nouvelle source fiable et voyant son terrain s’amenuiser jour après jour, le citoyen du 1293, rue Granier à Pointe-Lebel poursuit ses démarches en vue d’obtenir une allocation du ministère de la Sécurité publique (MSP) pour le déménagement de sa demeure, mais il se bute à la règle des 4 mètres.

« Comment un gouvernement peut-il être assez borné pour laisser un citoyen et son enfant dans une maison sans eau courante pendant presque deux ans et à 10 mètres d’un talus d’environ 15 mètres de haut qui s’érode à vue d’œil », interroge M. Mior, visiblement dépassé par les événements.

Depuis qu’il a acheté sa propriété en 2012, le citoyen évalue avoir perdu près d’une quinzaine de mètres de terrain, principalement depuis janvier 2014. Il est d’avis que l’important dénivelé de la falaise située au bout de son terrain devrait être pris en compte puisque les risques sont plus grands qu’avec un talus d’une hauteur moindre.

Dans son esprit, il ne fait aucun doute que ce ne soit qu’une question de temps pour que le MSP lui permette de profiter du programme général d’aide financière lors de sinistres réels ou imminents, d’autant plus que les trois propriétés voisines de la sienne ont déjà été déménagées au cours des années en raison de l’érosion des berges. Et, selon des témoignages qu’il dit avoir reçus de deux propriétaires concernés, la règle des 4 mètres ne s’était pas appliquée.

M. Mior considère illogique que Québec soit prêt à payer jusqu’à 80 % de la facture des travaux reliés à un puits alors que son terrain disparait au gré des grandes marées et que le déménagement de sa propriété deviendra un incontournable.

Tentatives infructueuses

Après l’effondrement de son puits en mai 2016, M. Mior a contacté le MSP, qui l’a assuré d’une aide financière pour le forage d’un nouveau puits. Quelques mois plus tard, une firme spécialisée de l’extérieur s’est avouée vaincue après deux essais infructueux de forage. L’eau de ruissellement au-dessus de la couche d’argile était trop faible pour obtenir un débit suffisant.

De plus, les spécialistes ont expliqué que la couche d’argile est si profonde qu’un forage ferait bondir la facture à plus de 20 000 $ et que l’eau éventuellement trouvée risquait fort d’être salée, d’où la nécessité d’ajouter un système de filtration au cout approximatif de 20 000 $ également.

« J’appelle encore le ministère pour leur expliquer la situation en leur demandant de m’allouer une allocation de départ car à mon avis, il ne fait pas de sens de creuser un puits à ce prix sur un terrain qui s’érode de jour en jour », précise l’homme en rappelant les étapes franchies. Mais le ministère maintient sa position.

Ça se poursuit

Se disant incapable de payer sa part d’une facture estimée maintenant à 40 000 $, M. Mior a tenté, toujours au cours de l’automne 2016, d’installer une pointe filtrante à plusieurs endroits de son terrain, mais en vain puisque le débit d’eau obtenu était toujours insuffisant pour alimenter une habitation. Interpellé une nouvelle fois, le ministère reste de marbre, d’après le citoyen.

Privé d’eau depuis environ six mois, le résident songe alors à se brancher au puits (dont il apprend l’existence) de son ancienne voisine, dont la résidence a été déménagée en raison de l’érosion. Une demande en ce sens est adressée à la municipalité, mais la réponse tarde à venir. M. Mior passera donc un premier hiver sans eau courante avec tous les aléas que ça implique.

Au printemps 2017, le terrain s’effondre de quelques mètres encore en raison de la fonte rapide de la neige. Comme les arbres ont été emportés dans le passé, le processus va de plus en plus vite.

Finalement, l’été dernier, la municipalité lui refuse l’autorisation de se connecter au puits du terrain voisin, mais tente de faire progresser son dossier d’une autre façon, et l’échéance de l’aide financière pour le nouveau puits est arrivée. « Après une énième discussion avec le ministère, ils maintiennent encore et toujours le même discours, comme quoi ils ne m’alloueront une allocation de départ que lorsque le talus sera à 4 mètres de la maison et qu’ils ferment maintenant le dossier de l’eau courante », raconte le citoyen.

Réaction du MSP

À la direction des communications du MSP, Louise Quintin a précisé au Manic que le ministère ne peut commenter les dossiers des sinistrés, qui demeurent confidentiels. On apprend cependant que les échanges avec M. Mior se poursuivent et que des documents supplémentaires de sa part sont attendus pour la reconstruction du puits.

Dans les faits, le principal concerné explique avoir reçu dans la première semaine de janvier un appel du ministère pour lui apprendre la réouverture de la période d’admissibilité à une aide financière pour le forage d’un nouveau puits. Une lettre doit lui confirmer tout ça, mais il ne l’avait toujours pas reçue en début de semaine.

Extension ou pas, un nouveau puits, ce n’est pas ce que le citoyen réclame comme solution. Il attend de voir le contenu de la lettre pour relancer l’autre partie.

Précisons que le déménagement d’une résidence n’est offert qu’après que des experts mandatés par le ministère aient confirmé qu’elle est en imminence de mouvement de sol. En pareil cas, l’aide financière correspond au cout de remplacement de la résidence principale et ne peut excéder 150 000 $.

Privé d’eau courante depuis 20 mois, Karl Mior considère comme un non-sens la position du ministère de la Sécurité publique.

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