La Manicouagan brassera-t-elle un jour des affaires en Europe?

Par Charlotte Paquet 23 février 2018
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Didier Culat a énuméré les règles du jeu pour réussir à exporter en Europe. Photo Le Manic

Didier Culat a énuméré les règles du jeu pour réussir à exporter en Europe. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Le milieu des affaires de la Manicouagan en connait maintenant un peu plus sur le b.a.-ba de la réussite pour percer le marché européen. Rien ne dit que la formation Faites affaires avec l’Europe se traduira effectivement par de l’exportation de l’autre côté de l’Atlantique, mais une chose est sûre, ses 23 participants ont appris les grandes règles du jeu pour tenter d’y parvenir.

Initiée par Commerce international Côte-Nord, en collaboration avec Affaires mondiales Canada, Export Québec, le Centre de recherche industrielle du Québec et la Chambre de commerce de Manicouagan, l’activité s’est inscrite dans le cadre de l’entrée en vigueur de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne et des opportunités qui peuvent en découler. Elle a été offerte le 13 février à Sept-Îles et le lendemain à Baie-Comeau, à un parterre composé principalement d’entreprises, mais également de quelques représentants d’organisations socioéconomiques .

Représentant du Groupe-conseil TDA et du Consortium innovation technologique Côte-Nord (CITEC), Jacques Parent s’est dit emballé par la qualité des conférenciers sur place. Il a participé à l’événement afin de connaître les tenants et les aboutissants pour brasser des affaires en Europe et sa satisfaction était évidente.

Avec son créneau dans le développement d’équipements d’énergie renouvelable, le CITEC pourrait peut-être envisager faire des affaires en sol européen. « L’Europe, ça peut être un marché », a reconnu M. Parent, avant d’admettre qu’en matière d’énergies renouvelables, l’Europe est passablement avancée.

« L’idée, c’est de voir si des portes peuvent s’ouvrir pour moi en Europe. Je fais déjà un peu d’exportation aux États-Unis », a expliqué pour sa part Luc Bérubé, qui portait deux chapeaux pour l’événement de Commerce international, ceux des entreprises Granijem et La Ferme Manicouagan. « On s’informe. S’il y a une ouverture un jour, j’en saurai plus (sur les façons de faire) », a-t-il conclu.

Les règles du jeu

Selon Didier Culat, de la firme BCF, spécialisée en droit des affaires, l’entrepreneur qui envisage de percer le marché européen doit avant tout être prêt.

« Dans le sens de prendre le temps de réfléchir, d’avoir un plan fiscal, car la fiscalité est importante. Il faut bien choisir son pays où on fait affaires, car il y a 28 pays et 28 régimes fiscaux différents », insiste-t-il.

Le spécialiste poursuit en soulignant « qu’il faut évidemment être là où il y a un marché pour nos produits, mais ça n’empêche pas que tu peux avoir une opération en Irlande (où les taxes sur les profits corporatifs sont basses) et envoyer quelqu’un une fois par semaine en France pour vendre nos produits ».

Autre élément important à ne pas négliger pour les exportateurs, c’est de s’assurer que leur propriété intellectuelle soit protégée, que ce soit en matière de brevets ou de marques de commerce. M. Culat souligne que les règles dans ce domaine sont différentes d’un continent à un autre.

La mobilité est un autre aspect auquel il faut voir. Le spécialiste fait référence aux visas et aux permis de travail qui permettront aux gens d’être présents sur le territoire européen.

L’alliance stratégique

Un plan commercial doit aussi être établi. « Est-ce que ce sera une alliance stratégique? Est-ce que ce sera d’engager un employé? Est-ce que c’est une entente de distribution? Est-ce que c’est un achat d’entreprise? », questionne celui qui privilégie grandement la première option.

« On commence avec une alliance stratégique et on grandit avec les succès qu’on a en Europe à être quelque chose d’autre. Une alliance stratégique, c’est vraiment une belle façon de se mouiller le pied avant de plonger dans la piscine », dit-il.

Enfin, à tous ceux qui tentent d’évaluer la pertinence de tâter le marché européen avec leurs produits, M. Culat suggère de profiter des services gratuits offerts par la Banque de développement du Canada, Exportation et Développement Canada ou Investissement Québec.

Le Québec est une province très exportatrice. « Cinquante pour cent du PIB (produit intérieur brut) québécois est exporté. C’est énorme. La moyenne canadienne est de 30 % », conclut-il.

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