Le promoteur d’un centre de données veut s’installer sur William-Dobell

Par Charlotte Paquet 6 mars 2018
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Un promoteur a besoin de 15 mégawatts pour mettre en place un centre de données dans ce bâtiment à vendre de la rue William-Dobell à Baie-Comeau. Photo archives Le Manic

Baie-Comeau – Le projet d’implantation d’un centre de données à Baie-Comeau franchit une nouvelle étape. Un promoteur vient de soumettre une offre pour l’achat d’un immeuble de l’avenue William-Dobell, qui abritait les activités de la défunte succursale d’Acklands Grainger.

L’offre d’achat a été déposée à la mi-février par une entreprise qui souhaite toujours conserver l’anonymat à ce moment-ci. Le vendeur l’a acceptée, mais elle est conditionnelle à ce que la municipalité puisse fournir au promoteur 15 mégawatts (MW) d’électricité, explique le directeur général de la Ville de Baie-Comeau, François Corriveau.

Même si cette quantité d’énergie est disponible sur son réseau de distribution, la municipalité doit tout de même demander à Hydro-Québec l’autorisation d’augmenter la puissance souscrite (celle que la société d’État doit être en mesure de lui fournir pour répondre à sa demande), ce qui a été fait. Elle est en attente d’une réponse positive.

De passage à Baie-Comeau pour l’inauguration de l’usine de traitement de l’eau potable, le ministre responsable de la Côte-Nord et président du Conseil du trésor, Pierre Arcand, a été interpellé à ce sujet. « On a sensibilisé le ministre qu’il ne faudrait pas qu’on s’enfarge dans les fleurs du tapis », souligne M. Corriveau.

Traiter des données

Le futur centre de données ferait de l’hébergement de données dans son impressionnant parc d’ordinateurs, ce qui explique ses immenses besoins en énergie. Des calculs seraient réalisés pour le monde biomédical, entre autres secteurs d’activité.

« Ces entreprises-là à qui on parle sont spécialisées là-dedans. C’est de la décomposition du génome humain, c’est de la cancérologie, c’est de l’analyse du corps humain et de sa structure. Donc, c’est de la biomédicale qui est très intéressante à traiter comme données », explique M. Corriveau. Il souligne que des clients d’autres horizons pourraient également y faire héberger leurs données, notamment dans le secteur de l’ingénierie de procédé.

« Il y a un marché qui est émergent là-dedans. C’est toujours intéressant parce que ça crée des emplois, mais aussi parce que c’est sur notre réseau (de distribution) », conclut le directeur général, tout en ajoutant que les centres de données ne font pas face aux mêmes risques que la cryptomonnaie qui, elle, n’est pas à l’épreuve d’un effondrement sur le marché boursier.

Poste Bégin 2

Pour alimenter en électricité les entreprises électro-intensives du monde de la cryptomonnaie ou des centres de données qui ont Baie-Comeau dans leur mire, la municipalité a sur sa table à dessin la construction d’un deuxième poste de distribution, comme l’a récemment mentionné le maire Yves Montigny devant des gens d’affaires.

Le poste Bégin-2 (son appellation temporaire) pourrait avoir une capacité de 50 MW. À titre d’exemple, la capacité de l’actuel poste Bégin se situe à 62 MW. La pointe de la demande d’énergie survenue cet hiver s’est chiffrée à 45,8 MW. « De là nos propos à l’effet qu’on a un bloc de 15 MW de disponible à même notre réseau », explique le directeur général.

Construit dans le secteur du futur parc technologique projeté par la Ville au sud du boulevard Pierre-Ouellet, face au parc industriel Jean-Noël-Tessier au nord, ce nouveau poste pourrait représenter des couts estimés pour le moment entre 10 M$ et 15 M$.

Le retour sur l’investissement ne se ferait pas attendre avec les profits générés par les activités de ces entreprises grandes consommatrices d’électricité qui souhaitent s’installer à Baie-Comeau. D’ailleurs, s’il voit le jour, le centre de données de l’avenue William-Dobell rapporterait à lui seul des profits de 1,3 M$ annuellement dans les coffres de la municipalité.

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