La Vallée des Roseaux et L’Hospitalière : deux choses bien différentes

Par Charlotte Paquet 14 mars 2018
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Lors du passage du Manic, des invités ainés et des bénévoles préparaient des choses en vue des activités du 30e anniversaire de La Vallée des Roseaux. Photo Le Manic

Lors du passage du Manic, des invités ainés et des bénévoles préparaient des choses en vue des activités du 30e anniversaire de La Vallée des Roseaux. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Quatre ans après son ouverture, le centre de jour L’Hospitalière de La Vallée des Roseaux souffre de méconnaissance. Pour encore trop de personnes, la maison de soins palliatifs demeure uniquement un bel endroit pour finir ses jours. Mais c’est tellement plus que ça, insiste Marie-Ève Bouffard, coordonnatrice du centre de jour.

« C’est aussi un bel endroit pour se divertir quand on malade et qu’on est encore à la maison, un endroit pour recevoir certains soins aussi », souligne Mme Bouffard. Les bains offerts deux fois par semaine par une préposée, dans une baignoire adaptée et un environnement sécuritaire, sont très prisés par la clientèle du centre de jour. Coiffure, pédicure, manucure, massage sont aussi proposés, en plus d’un soutien psychosocial et affectif et l’expertise d’une infirmière.

Du lundi au jeudi, L’Hospitalière accueille des gens (on les appelle des invités) souffrant d’une maladie incurable, mais qui sont encore dans leur logis. Il y a des cas de cancer, mais aussi de Parkinson, d’Alzheimer, de fibrose kystique et de sclérose latérale amyotrophique, entre autres diagnostics.

Outre le personnel du centre de jour, des bénévoles donnent de leur temps pour égayer un tant soit peu le quotidien des personnes malades et, par le fait même, alléger celui de leurs aidants naturels. Comme le fait remarquer la coordonnatrice, des gens peuvent côtoyer la maladie pendant plusieurs années avant qu’elle ne dégénère, d’où l’importance de profiter du service de L’Hospitalière.

En plus des nombreuses activités qu’il propose, notamment le bricolage, le jardinage, les jeux de société ou encore les activités culturelles, le centre de jour a l’avantage de permettre de rencontrer d’autres personnes malades tout comme soi, donc peut-être d’être mieux compris dans son vécu. « En rencontrant d’autres gens qui sont malades, ça permet de ventiler sur ce qu’on vit sans se faire dire par notre conjoint ou notre parent : « Ben non, ben non… » », raconte la coordonnatrice d’un ton qui dit tout.

Fonctionnement

Deux fois par semaine, de sept à huit ainés se réunissent au centre de jour, souvent pour y passer toute la journée avec le dîner inclus. Ce groupe de soutien pourrait facilement en compter le double.

Une journée par semaine, les alliés, soit des gens dans la vingtaine ou la trentaine, se rencontrent aussi en groupe à L’Hospitalière en compagnie de la jeune bénévole Alyson Beauchesne-Lévesque qui, à 29 ans, vit avec un cancer du sein de stade 4 métastasé aux os.

Ces jeunes gens qui vivent avec une maladie sans issue gardent également contact grâce à un groupe privé sur Facebook. « Là-dedans, il y a des jeunes qui ont besoin de rencontrer d’autres jeunes qui ont la même maladie qu’eux », souligne la bénévole en parlant de l’importance du réseautage.

Une strate d’âge est toutefois absente au centre de jour : les gens dans la quarantaine et la cinquantaine. « On ne sait pas trop comment les rejoindre », avoue Marie-Ève Bouffard. Elle a cependant sa petite idée sur les raisons de leur absence. « Tu ne vas pas à La Vallée, c’est un endroit pour mourir. C’est ça le discours depuis des années », martèle-t-elle, en déplorant pareille vision.

Pour sa part, Alyson Beauchesne-Lévesque croit que si L’Hospitalière était dans un autre bâtiment, la fréquentation serait tout autre. Mais comme bien des gens ont un proche qui est décédé à La Vallée des Roseaux, la ressource demeure pour eux un endroit uniquement pour mourir et non un endroit pour prolonger le maintien à domicile ou la qualité de vie, ce à quoi contribue L’Hospitalière.

Pas de recul, mais…

Le centre de jour ne vit pas de baisse d’achalandage, loin de là. Mais sa clientèle n’augmente pas suffisamment.

« Dans la dernière année, ça été significatif comme augmentation, mais on veut atteindre les cinq jours semaine. On veut atteindre les gens qui sont malades à la maison, on veut les sortir. C’est assez le pyjama. J’aime pas ce mot-là, mais ça allège l’aidant naturel », raconte la coordonnatrice qui, elle aussi, est passée par la maladie et le pyjama dans le passé.

Dans un monde idéal, au moins 14 invités participeraient sur une base régulière aux groupes des ainés et des alliés et à un troisième qui serait constitué des gens âgés de 40 à 60 ans.

Directrice générale de La Vallée des Roseaux, qui célébrera en mai ses 30 ans d’existence, Anika Tanguay insiste sur le fait que le centre de jour est un service au budget autonome financé par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Donc, les dons reçus de la population tout au long de l’année vont bel et bien aux gens en fin de vie ou en répit qui sont hébergés à la maison de soins palliatifs et non pour les activités du centre de jour, a assuré Mme Tanguay.

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