Le CEDFOB tente de développer une production commerciale d’airelle

Par Steeve Paradis 3 avril 2018
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Les recherches du CEDFOB pour développer une production commerciale d’airelle dans la région sont plutôt prometteuses. Photo Philippe Roy

Baie-Comeau – Le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB), l’expert des petits fruits nordiques en région, se dirige en toute discrétion vers le développement d’une possible production commerciale d’airelle vigne d’Ida sur la Côte-Nord. Les recherches jusqu’ici sont prometteuses et le marché, ouvert à celui qui veut bien le prendre.

Ce petit fruit n’est pas un inconnu dans la région, particulièrement à l’est. Surnommé graine rouge, on le retrouve à peu près partout le long du fleuve St-Laurent, et surtout du côté nord. Il abonde aussi en Scandinavie.

L’organisme affilié au cégep de Baie-Comeau s’intéresse à l’airelle vigne d’Ida depuis six ou sept ans, confie la responsable du projet au CEDFOB, Ève-Catherine Desjardins. « On a fait des essais avec différentes variétés dans trois permacultures. On a ensuite découvert le seul producteur d’airelles au Québec, qui se trouve à Lac-Etchemin, et on a été impressionnés par ce qu’il fait », a-t-elle ajouté sans rien révéler des secrets aperçus là-bas.

Ce producteur leur a aussi confié que le marché de l’airelle est quasi vierge. Lui-même ne peut aucunement répondre à la demande, une grande partie de sa production trouvant déjà preneur auprès de restaurateurs montréalais.

« Il (le producteur) a déjà été contacté par une entreprise de la Californie, qui demandait vraiment de grosses quantités », a fait valoir l’entomologiste de formation qui souligne que sur la Côte-Nord, des entreprises comme la microbrasserie St-Pancrace, la confiserie La Mère Michèle et le restaurant La Galouïne seraient vraisemblablement de bons clients d’une production locale d’airelles.

Le meilleur rendement

Au fil de l’évolution du projet, le CEDFOB en est aujourd’hui à vouloir déterminer les variétés et les méthodes de production qui donneront le meilleur rendement pour passer à l’étape de commercialisation. Deux scènes différentes seront utilisées.

« On va d’abord chercher à augmenter le rendement de l’airelle en milieu naturel, comme on le fait avec le bleuet, en appliquant un paillis, en donnant des nutriments et en faisant un contrôle des mauvaises herbes. Dans le volet 2, on va plutôt créer des milieux de culture un peu partout dans la région et on va implanter différentes variétés pour voir ce qui fonctionne le mieux », explique la chercheuse.

Le centre de recherche mettra aussi à profit son laboratoire de micropropagation, afin de pouvoir rapidement multiplier les meilleurs individus pour les implanter dans les cultures. Cette facette relève de Marie-Claire Gervais, une autre chercheuse du CEDFOB associée au projet. La recherche se mène également sur le terrain de la pollinisation, la spécialité de Mme Desjardins. L’abeille domestique et Osmia, dite l’abeille du Nord, seront mises à contribution.

Le privé très intéressé

Le Fonds d’appui au rayonnement des régions (FARR) du gouvernement du Québec a accordé une aide financière de 300 000 $ répartis sur trois ans au CEDFOB pour l’avancement du projet. Mais ce n’est pas nécessairement avec l’argent public que le dossier évolue.

« On travaille avec des joueurs du domaine privé dans ce projet et en conséquence, on a quand même une bonne mise de fonds privés. Il y a des promoteurs intéressés et ils investissent », conclut Ève-Catherine Desjardins.

Rappelons que le CEDFOB, créé en 2004, évoluait essentiellement à ses débuts dans le domaine de la foresterie en région boréale, étendant par la suite son domaine d’expertise aux petits fruits nordiques, à la physique et chimie du bois et à l’entomologie. Le CEDFOB est un centre collégial de transfert de technologie. On en trouve 49 au Québec, selon le site web du centre.

Sa mission est de réaliser des travaux de recherche et de développement sur la forêt boréale et la mise en valeur de ses ressources, dans une optique de développement durable, et ensuite favoriser l’appropriation des résultats en entreprise par l’information, la formation et le transfert technologique.

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