Doté d’une volonté de fer, Denis Lapointe renoue avec Vélo-Santé

Par Charlotte Paquet 5 avril 2018
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Denis Lapointe est très heureux de participer à la 15e édition de la Randonnée Vélo-Santé. Il y retrouvera plusieurs amis cyclistes avec lesquels il a roulé en 2008 et en 2009, avant d’être victime d’un AVC sévère qui l’a laissé aphasique et partiellement paralysé. Photo Le Manic

Denis Lapointe est très heureux de participer à la 15e édition de la Randonnée Vélo-Santé. Il y retrouvera plusieurs amis cyclistes avec lesquels il a roulé en 2008 et en 2009, avant d’être victime d’un AVC sévère qui l’a laissé aphasique et partiellement paralysé. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Si la foi déplace les montagnes, la volonté, elle, peut conduire sur des chemins quasi inaccessibles. Partiellement paralysé et aphasique depuis un AVC subit en 2010, Denis Lapointe en est un exemple probant, lui qui renouera avec la Randonnée Vélo-Santé en 2018.

Le Baie-Comois de 52 ans, grand adepte de cyclisme, est tombé bien bas, il y a près de huit ans, lorsqu’il a été victime d’une hémorragie au cerveau découlant d’une dissection des carotides, qui s’est avérée être congénitale. Cette hémorragie a formé le fameux caillot à l’origine d’un accident vasculaire cérébrale (AVC) d’une sévérité extrême.

Malgré la détérioration d’une partie de son cerveau, il s’en est sorti, mais non sans séquelles cependant. Son langage est atteint (il ne parle pratiquement pas) et il est paralysé partiellement du côté droit.

« Dans les jours qui ont suivi son AVC, il devait mourir. D’ailleurs, les spécialistes ne comprennent pas qu’il soit fonctionnel comme ça. En fait, il devrait être en fauteuil roulant et être placé », explique avec émotion la mère de ses enfants, Jenny Saint-Laurent, présente lors de l’entrevue avec Le Manic afin de faciliter la compréhension.

Denis Lapointe, qui était une personne en grande forme avant le drame, a dû réapprendre les concepts de la vie de tous les jours, des concepts aussi élémentaires qu’en haut et en bas ou encore l’utilité de tel ou tel objet.

Après deux semaines et demie à l’hôpital, il a passé six mois à l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (plus connu comme le centre François-Charron). S’il y a une chose que l’AVC n’a pas atteint, c’est sa mémoire.

Et c’est un retour!

En aout, le père de deux enfants renouera avec la Randonnée Vélo-Santé, qu’il a effectuée en 2008 et en 2009. En 2010, il avait conçu le gilet des cyclistes. Celui qui s’est découvert une passion pour la photo après son AVC a aussi œuvré comme photographe de l’événement au cours des trois dernières éditions.

Malgré les séquelles qu’il devait combattre au quotidien, Denis Lapointe s’était rapidement remis au vélo. En 2017, il a accumulé 2 378 kilomètres au compteur, inscrit-il avec fierté sur son précieux iPad avant de montrer le chiffre à la représentante du Journal. Pour pédaler, il a développé énormément de force du côté gauche afin de suppléer à la faiblesse de son côté droit.

L’an dernier, son grand ami et cycliste de la randonnée, Robert Arsenault, l’a approché pour qu’il s’inscrive à l’événement, mais il a décliné l’invitation. Non pas qu’il doutait de sa forme physique, mais il craignait plutôt la nécessaire récolte de fonds, d’autant plus avec son problème de langage.

Cette année, Denis Lapointe a décidé de foncer et ainsi faire sa part pour améliorer les soins de santé à l’Hôpital Le Royer en se fiant sur la possibilité d’obtenir l’encouragement des gens par des dons en ligne. En quelques semaines à peine, l’objectif de 1 500 $ donné à chaque cycliste était fracassé dans son cas. Les donateurs ont été nombreux à saluer son courage et sa détermination.

À ses deux expériences comme participant à la Randonnée Vélo-Santé, Denis Lapointe faisait partie du peloton des cyclistes roulant à 32 km/h. Cette année, il sera inscrit dans celui des 24 km/h. Le pouce en l’air en guise de victoire, il se montre confiant de relever haut la main le prochain défi.

Comme le soulignera Jenny Saint-Laurent, le regard posé vers son ex-conjoint, « il faut accepter de vivre avec ce qu’on a, car le bonheur est dans la tête. Il faut accepter qu’on ait encore à donner, même si notre corps est différent ».

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