Le laboratoire de micropropagation, l’arme secrète du CEDFOB

Par Steeve Paradis 1 mai 2018
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Le CEDFOB a récupéré la banque de spécimens de chicouté auparavant gérée par le Centre de recherche Les Buissons. Photo courtoisie

Le CEDFOB a récupéré la banque de spécimens de chicouté auparavant gérée par le Centre de recherche Les Buissons. Photo courtoisie

Baie-Comeau – Le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB) dispose d’un équipement qu’on pourrait qualifier d’arme de production massive, qui lui permet d’être un leader en matière de petits fruits nordiques. Il s’agit d’un laboratoire de micropropagation, l’un des rares du genre au Québec.

En plus de pouvoir multiplier des milliers de plants en quelques semaines, le laboratoire « nous permet d’innover, de sortir des sentiers battus, d’essayer des choses qui peuvent sembler peut-être farfelues. Ça nous donne beaucoup de latitude », souligne Marie-Claire Gervais, la responsable de ce laboratoire actif depuis 2013.

Le labo de micropropagation du CEDFOB est venu en quelque sorte combler l’espace entre la recherche fondamentale, nécessaire pour l’avancement de la science, et les besoins commerciaux.

Et l’espace n’a pas été long à remplir, a souligné la professeure au programme de techniques d’aménagement cynégétique et halieutique (TACH) au cégep de Baie-Comeau. « On doit maintenant refuser des projets », a-t-elle soutenu.

Saisir l’occasion

Le CEDFOB ne cherchait pas vraiment à monter un pareil laboratoire, se souvient Mme Gervais, qui est arrivée au centre à peu près au même moment que la création du labo. Mais l’occasion fait le larron, comme le dit le proverbe.

« Le Centre de recherche Les Buissons se débarrassait de sa banque de chicouté. Il a donc approché le CEDFOB pour la prendre en charge », explique la diplômée en géographie physique et environnement naturel de l’Université Laval.

« En montant un laboratoire, le défi était de développer des projets pour financer le maintien et l’entretien de la banque », a-t-elle ajouté. C’est mission accomplie de ce côté.

In vitro

Mais qu’est-ce donc la micropropagation, aussi connue sous le nom de culture in vitro? Grosso modo, il s’agit d’une technique qui consiste à recréer divers tissus végétaux à partir des bourgeons, des cellules ou d’embryons de la plante sélectionnée.

Évidemment, on cherche à multiplier seulement les meilleurs spécimens pour tel ou tel type d’usage. « En six mois, on peut facilement avoir 30 000 plants du même génotype », de dire la scientifique.

Pour ce qui est de la recherche en ce qui concerne les petits fruits nordiques, l’engouement ne se dément pas, surtout pour la chicouté.

« Il y a vraiment un beau potentiel (pour la chicouté) en Basse-Côte-Nord. On produit ici des milliers de plants qui seront réimplantés là-bas », a souligné Marie-Claire Gervais, confiant au passage que le CEDFOB songe à développer un laboratoire portatif de micropropagation pour la Basse-Côte.

Dans ce vaste territoire, le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale collabore étroitement, entre autres, avec la coopérative de solidarité Bioproduits de Basse-Côte-Nord, qui récolte et transforme différents produits de la forêt.

L’airelle pousse

« Dans le cas de l’airelle, ça semble encore plus intéressant », renchérit la chercheuse. « Mais on ne sait pas encore quel impact ça aura pour la production ». Une chose que l’équipe du projet sur l’airelle connaît toutefois, c’est que la bouture traditionnelle est moins efficace que la micropropagation pour reproduire le plant de ce petit fruit. Les recherches l’ont déjà démontré.

L’airelle et la chicouté ne sont qu’une partie du champ d’exploration du CEDFOB, qui s’intéresse également à l’argousier, au thé des bois et à l’aronie, pour une application dans le domaine des breuvages dans ce dernier cas.

« On a aussi bien d’autres plantes à travailler, mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant, à part peut-être que c’est intéressant pour l’industrie médicinale », a conclu Marie-Claire Gervais.

Le laboratoire de micropropagation du CEDFOB est situé dans les locaux du Centre de recherche Les Buissons, à Pointe-aux-Outardes.

La localité de la péninsule Manicouagan pourrait être qualifiée de capitale de ce type d’installation au Québec puisqu’outre le CEDFOB, le centre de recherche et l’entreprise Semences Élite possèdent aussi leur laboratoire de micropropagation.

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