L’Orchestre symphonique prend le tournant de la professionnalisation

Par Charlotte Paquet 20 mai 2018
Temps de lecture :
Benoît Gauthier voit grand pour l’Orchestre symphonique de la Côte-Nord, qui vient d’entamer un processus de professionnalisation. Photo archives Le Manic

Benoît Gauthier voit grand pour l’Orchestre symphonique de la Côte-Nord, qui vient d’entamer un processus de professionnalisation. Photo archives Le Manic

Baie-Comeau – Après cinq ans d’existence, l’Orchestre symphonique de la Côte-Nord (OSCN) amorce le tournant vers la professionnalisation, qui passe par la rémunération des musiciens, jusque-là bénévoles, et l’accès à davantage de professionnels.

« On est en voie de professionnalisation. Les musiciens qu’on a dans l’orchestre, on les rémunère de plus en plus. Le plan de match des trois prochaines années, c’est de les rémunérer à leur juste valeur », explique Benoît Gauthier, qui a fondé l’ensemble en 2012 et qui agit directeur artistique et chef d’orchestre.

Le jeune homme de 22 ans, étudiant au Conservatoire de musique de Québec, admet que le dossier de la professionnalisation est majeur. Il vient carrément tripler le budget annuel de l’orchestre (qu’il préfère ne pas quantifier), mais permet, en retour, l’accès à diverses aides financières.

« On a dû faire ce pas-là pour aller chercher des aides financières du Conseil des arts et des lettres du Québec et du privé », indique M. Gauthier, avant d’ajouter l’appui possible d’Hydro-Québec aussi. « Ce sont ces espèces de grosses machines qui aident les orchestres au Québec », note-t-il.

Dans les faits, l’orchestre symphonique nord-côtier s’inspire du chemin parcouru par ses voisins, l’Orchestre symphonique de l’Estuaire au Bas-Saint-Laurent et l’Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean. M. Gauthier bénéficie de leur expérience pour planifier les étapes menant vers la reconnaissance professionnelle.

D’ailleurs, d’ici cinq ans, il espère avoir atteint le niveau des deux autres orchestres au chapitre de l’implantation dans leur communauté. « En ce moment, on essaie de développer l’importance dans la communauté d’un orchestre symphonique. On veut faire sentir à la population et au public qu’on est là pour rester et que c’est un plus, plus, plus d’avoir un orchestre symphonique », poursuit le directeur artistique.

Du cas par cas

Même si chacun de ses deux concerts annuels (auxquels s’ajoute une activité différente) réunit en moyenne une quarantaine de musiciens, l’OSCN n’a pas de musicien régulier. « C’est du cas par cas, concert par concert », souligne M. Gauthier.

Ces musiciens, le chef d’orchestre les recrute notamment du côté des étudiants qui viennent de sortir des conservatoires du Québec, des professeurs de l’École de musique Côte-Nord ou encore des personnes qui ont acquis un niveau en musique leur permettant de jouer avec l’orchestre.

Dans la foulée du plan de professionnalisation, une coordonnatrice à l’administration a été embauchée afin d’appuyer M. Gauthier dans ses démarches.

Démocratiser le classique

L’OSCN travaille fort en vue de démocratiser la musique classique. « Dans une région où on n’a jamais eu de musique classique, il faut prendre le public par la main et lui montrer ce que c’est et non lui faire peur avec ce qu’il n’a jamais entendu », illustre le directeur artistique.

En 2018-2019, l’orchestre compte présenter des concerts plus accessibles au grand public. M. Gauthier explique vouloir capter l’intérêt de gens qui ne s’attendaient pas nécessairement à assister à un concert symphonique.

D’ailleurs, avec le Carnaval des animaux, son spectacle du jeudi 31 mai à Baie-Comeau, l’OSCN espère faire connaître la musique classique aux jeunes. Grâce à la collaboration de la Commission scolaire de l’Estuaire, des élèves pourront aussi assister à l’œuvre créée pour l’occasion par M. Gauthier, sur fond des savoureuses harmonies de Saint-Saëns.

De plus, par l’entremise d’un étroit partenariat avec la troupe Espace K Théâtre et sa metteure en scène Josée Girard, le Carnaval des animaux fera une belle place au théâtre muet.

Le concert réunira 11 musiciens. « Ce n’est pas énorme, mais c’est ce qu’il faut pour jouer le Carnaval des animaux », souligne le directeur artistique. Trois acteurs seront aussi sur scène, en plus d’une dizaine de jeunes.

Fait à noter, en plus de la représentation offerte à des jeunes du primaire en après-midi, le grand public y sera convié en soirée.

Partager cet article