La région se mobilise pour diminuer la maltraitance chez les 0-5 ans

Par Charlotte Paquet 7 novembre 2018
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Présidente d’Éclore Côte-Nord, Denise Langevin pose avec André Lebon et Camil Bouchard, deux conférenciers associés à la tournée menée la semaine dernière dans quatre MRC de la région. Photos Le Manic

Présidente d’Éclore Côte-Nord, Denise Langevin pose avec André Lebon et Camil Bouchard, deux conférenciers associés à la tournée menée la semaine dernière dans quatre MRC de la région. Photos Le Manic

Baie-Comeau – La Côte-Nord est l’une des régions du Québec les plus touchées par la maltraitance faite aux tout-petits avec trois fois plus de signalements traités en protection de la jeunesse. Pour diminuer la prévalence et se transformer en une région bienveillante pour ses enfants, une mobilisation est en cours et des actions s’en viennent.

Éclore Côte-Nord, un organisme régional qui travaille au bien-être des 0-5 ans, était en tournée dans quatre MRC la semaine dernière afin de réunir des gens de tous horizons pour leur présenter des données spécifiques à leur secteur et se pencher sur les actions à poser. Dans la Manicouagan, une soixantaine de personnes ont répondu à l’invitation.

Conférenciers vedettes de l’événement régional La Côte-Nord nord unie pour ses tout-petits, tenu à Baie-Comeau en 2017, Camil Bouchard, auteur du rapport Un Québec fou de ses enfants en 1991 et analyste social, et André Lebon, un psychoéducateur ayant notamment dirigé le Centre de psychoéducation du Québec, étaient de retour pour échanger sur l’importance de viser un objectif de réduction de la maltraitance chez les 0-5 ans et les moyens d’y parvenir.

Selon M. Bouchard, le phénomène a beau être plus marqué sur la Côte-Nord, il n’en reste pas moins qu’il est en augmentation partout au Québec. Si pareille flambée de cas survenait pour des maladies comme la turberculose ou la rougeole, tout le monde monterait aux barricades, croit-il. « Est-ce qu’on est une société vraiment folle de ses enfants? », se demande l’homme aujourd’hui, en référence à son rapport de 1991.

Il considère d’ailleurs que la diminution de la maltraitance doit devenir un objectif « aussi implacable que la lutte au tabagisme ou aux accidents de la route ».

Plan global

Pour renverser la vapeur, un plan d’action devra être mis en place dans chaque MRC puisque de l’une à l’autre, les réalités diffèrent. Dans la prochaine année, Éclore Côte-Nord y travaillera avec ses partenaires, assure sa présidente, Denise Langevin.

Il faut aussi voir à ce que les intervenants, qu’ils proviennent du milieu communautaire, des centres de la petite enfance ou encore du réseau de la santé et des services sociaux et de celui de l‘éducation, ne travaillent pas en vase clos. Lorsque la toxicité s’installe dans une famille, note d’ailleurs M. Lebon, les causes peuvent être multiples. « Il ne faut pas un joueur à la fois ou un joueur à tour de rôle. Il faut une stratégie », insiste-il.

Le spécialiste se fait cependant encourageant en soulignant que la région ne part pas de rien. « Il se fait beaucoup de choses, mais il n’y a pas de plan d’action global », dit-il.

L’atteinte de l’objectif de réduction ne signifiera pas nécessairement d’avoir plus de ressources. « Parfois, ce n’est pas d’ajouter des ressources, mais de faire autrement », précise Mme Langevin.

Camil Bouchard renchérit cependant en rappelant qu’une région qui est mobilisée autour d’un enjeu a plus de chances d’obtenir les ressources dont elle a besoin. Or, il est d’avis que le mouvement de mobilisation en cours chez nous pour le mieux-être des 0-5 ans est unique au Québec. « Il y a quelque chose qui est en train de se passer sur la Côte-Nord et c’est unique », dit-il.

Comme M. Bouchard l’a si bien dit aux gens rassemblés à Baie-Comeau, il rêve du jour où, à l’entrée de la Côte-Nord, les gens qui débarqueraient du traversier à Tadoussac verraient une banderole avec une inscription confirmant qu’ils pénètrent dans la région la plus bienveillante envers ses tout-petits.

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