Un projet de mine et d’aciérie de 800 M$

Par Steeve Paradis 5 Décembre 2018
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Le président-directeur général de North Shore Green Iron, Enrico Di Cesare, et le représentant de Beijing Shoughang International Engineering Technology, Thomas Yang, sont les deux principaux joueurs dans l’entente de principe créant la société Baie-Comeau Minerals Partnership. Photo Le Manic

Le président-directeur général de North Shore Green Iron, Enrico Di Cesare, et le représentant de Beijing Shoughang International Engineering Technology, Thomas Yang, sont les deux principaux joueurs dans l’entente de principe créant la société Baie-Comeau Minerals Partnership. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Baie-Comeau continue de rêver grand pour son développement industriel. Voilà qu’un groupe d’investisseurs québécois et étrangers a dévoilé la semaine dernière son intention d’exploiter un site minier, et surtout une aciérie à Baie-Comeau, un projet qui entraînera à terme des investissements de 800 M$ et la création de 300 emplois.

Il fallait voir le sourire des élus et des décideurs économiques de la Manicouagan en ce jeudi après-midi à l’hôtel de ville pour comprendre l’importance du projet. Le maire Yves Montigny a toutefois pris soin de tempérer l’enthousiasme en rappelant qu’on n’en est pas encore à la première pelletée de terre, « mais on a une entente de principe solide, avancée et oprimiste ».

Cette entente de principe entérine la création de la société de développement de projets Baie-Comeau Minerals Partnership (BCMP). Parmi les grands joueurs du groupe, on retrouve la société d’ingénierie chinoise Beijing Shoughang International Engineering Technology Company (BSIET) et la firme qui s’assurera de l’exploitation du site, North Shore Green Iron (NSGI Steel).

Trois sociétés minières sont aussi de la partie. Il s’agit de Baie-Comeau Minerals, de Barlow Mine et de Fancamp Exploration. Bien sûr, la Ville de Baie-Comeau, Innovation et développement Manicouagan et la Corporation de gestion du port de Baie-Comeau font également partie des signataires.

Projet Nathalie

La mine que veut exploiter BCMP est le projet minier Nathalie, qui se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord de l’éventuelle aciérie, qui serait localisée dans le parc industriel régional Jean-Noël-Tessier, là où la municipalité veut créer un pôle industriel fort, avec notamment Les Métaux canadiens et Mason Graphite. La mine se trouve sur le territoire ancestral des Innus de Pessamit, qui ont donné leur accord au projet.

« On a évalué plusieurs sites et ce n’est pas par hasard qu’on a choisi Baie-Comeau. C’est la possibilité de synergie qui nous a attirés ici », a fait valoir le président-directeur général de NSGI Steel, Enrico Di Cesare, qui se donne un horizon de deux à trois ans pour que le projet se concrétise.

« On vise 300 000 tonnes d’ilménite et un million de tonnes d’acier », des volumes plutôt petits comparés aux dizaines de millions de tonnes de minerai extrait des mines du Labrador, a-t-il ajouté à titre d’exemple. L’ilménite, presque pur selon M. Di Cesare, serait destinée à l’industrie de la peinture, qui a besoin de dioxyde de titane.

Quant à l’acier brut qui serait produit à Baie-Comeau, « il pourra facilement être refondu ailleurs », d’ajouter le patron de NSGI Steel, qui assure ainsi « qu’il y aura au moins une deuxième transformation » de chacun des éléments qui seront extraits de la mine Nathalie.

Performant et vert

Autant BSIET, 9e plus important aciériste sur la planète, que NSGI Steel disent posséder des technologies performantes et plus vertes que la compétition dans la production d’acier. Enrico Di Cesare a soutenu au passage que les opérations de Baie-Comeau Minerals Partnership émettront « de 20 à 30 % » de moins de dioxyde de carbone que la concurrence.

Outre un procédé plus vert, M. Di Cesare dit aussi étudier la possibilité de trouver un moyen de transport moins polluant et invasif que le rail ou la route pour transporter le minerai de la mine à l’usine, sans en dévoiler plus sur ce moyen. « On veut faire un exemple avec ce projet », a-t-il souligné.

Parmi les autres facteurs qui ont fait pencher la balance du côté de Baie-Comeau, on retrouve le fait que la municipalité est propriétaire de son réseau de distribution électrique, un argument que le maire Montigny utilise abondamment quand vient le temps d’approcher de possibles investisseurs.


Un dépôt particulier

Baie-Comeau – La mine Nathalie, sur le Nitassinan de Pessamit au nord de Baie-Comeau, ne serait pas qu’un simple dépôt de fer et d’ilménite comme les autres. La nature lui aurait donné une certaine forme de valeur ajoutée.

Le président-directeur général de North Shore Green Iron, Enrico Di Cesare, parle d’une ilménite presque pure, nécessitant peu de traitement pour être commercialisable.

Sans entrer dans les détails techniques, le préfet de la MRC de Manicouagan a mis en lumière la spécificité de ce gisement.

« Il y a eu une recristallisation du minerai après avoir fondu », a lancé Marcel Furlong en ajoutant que le monde minier et minéralogique de la région « savait qu’on avait un gisement particulier ».

Autre point majeur, outre le réseau électrique de la Ville, l’accès à un port de mer et la disponibilité de terrains à grand gabarit, on doit aussi compter un accès facile au dépôt minier, Sur ce dernier point, il faut remercier un insecte!

« L’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette a fait en sorte que Produits forestiers Résolu a dû bûcher ailleurs (qu’à l’endroit où la compagnie avait initialement prévu) et en faisant des chemins forestiers, on a maintenant un dépôt accessible très facilement », a ajouté M. Furlong, particulièrement confiant de voir se développer une nouvelle filière minière et métallurgique dans la Manicouagan.

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