Mais leur santé mentale va moins bien – Les adolescents nord-côtiers moins portés vers la drogue et l’alcool

Par Charlotte Paquet 21 Décembre 2018
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La consommation d’alcool est en baisse chez les adolescents de la Côte-Nord, mais la détresse psychologique est en hausse, ce qui surprend le directeur de la santé publique, le Dr Stéphane Trépanier. Photo iStock

La consommation d’alcool est en baisse chez les adolescents de la Côte-Nord, mais la détresse psychologique est en hausse, ce qui surprend le directeur de la santé publique, le Dr Stéphane Trépanier. Photo iStock

Baie-Comeau – La dernière enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire révèle une baisse significative de la consommation de drogues, d’alcool et de cigarettes chez les jeunes de la Côte-Nord entre 2010-2011 et 2016-2017. En revanche, la situation est moins rose à d’autres égards, comme leur détresse psychologique. Plusieurs de ces chiffres étonnent les spécialistes.

Publiés au début de la semaine dernière, les résultats dressent le portrait de la réalité des adolescents nord-côtiers en les mettant en perspective avec ceux de l’ensemble du Québec.

Oui, les nouvelles sont bonnes au chapitre de plusieurs habitudes de vie. La baisse est significative (33 % à 27 %) chez la proportion de jeunes ayant consommé de la drogue au moins une fois pendant les 12 mois précédant l’enquête. Le recul est même plus élevé sur la Côte-Nord que dans le reste du Québec pour les jeunes de quatrième et cinquième secondaire.

Pour le cannabis exclusivement, la consommation est également à la baisse (32 % à 25 %) chez les jeunes Nord-Côtiers.

Du côté de l’alcool, là aussi il est question d’une diminution significative (72 % à 67 %) de jeunes en ayant consommé au moins une fois durant la période de référence. Même chose en matière de cigarette. Les fumeurs quotidiens ou occasionnels sont en baisse, de 9 à 5 %.

Malgré ces avancées, rappelons que les adolescents de la Côte-Nord sont, toutes proportions gardées, beaucoup plus nombreux que ceux du Québec à consommer des drogues (27 % c. 20 %), du cannabis (25 % c. 18 %) et de l’alcool (67 % c. 53 %) et un peu plus nombreux à fumer (5 % c. 3 %).

Fait à noter, toujours du côté des habitudes de vie, l’enquête révèle une tendance à la hausse, mais jugée non significative, du surplus de poids des jeunes (24 % à 26 %) et de la sédentarité en regard des activités physiques de loisir (29 % à 34 %).

Santé mentale

Du côté de la santé mentale des jeunes du secondaire, la situation s’est dégradée entre les deux dernières enquêtes. On parle d’une importante augmentation (18 % à 29 %) de la proportion d’élèves dont l’indice de détresse psychologique est élevé. Par rapport à l’ensemble du Québec, les hausses sont plus fortes sur la Côte-Nord. Les auteurs de l’étude insistent cependant sur le fait que cet indice de détresse psychologique ne constitue pas une mesure clinique.

Il est aussi question d’une augmentation significative (11 % à 22 %) de la proportion d’élèves ayant déjà reçu au moins un diagnostic parmi ceux de l’anxiété, la dépression ou un trouble alimentaire. Même chose pour le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (13 % à 27 %). La prise de médicaments prescrits pour se calmer ou aider à se concentrer connaît également un bond important (9 % à 19 %). Dans tous ces cas, l’écart est plus marqué en région par rapport au reste du Québec.

Des surprises

Le directeur de la santé publique de la Côte-Nord, le Dr Stéphane Trépanier, se dit surpris par certains résultats de l’enquête, notamment l’augmentation du niveau de détresse psychologique pendant que la consommation de drogue et d’alcool diminue.

Pour ce qui est de la baisse de la consommation de cigarettes, le médecin prend bien soin de préciser que l’attrait des cigarillos pour les jeunes l’inquiète. Il considère qu’ils ont probablement remplacé la cigarette pour plusieurs adolescents. Or, les risques pour la santé sont les mêmes.

En ce qui touche la diminution des activités physiques de loisirs et de la consommation de fruits et de légumes, c’est également l’étonnement. « Je n’aurais pas pensé qu’entre les deux enquêtes, il y aurait eu des baisses à ce niveau-là.

On a travaillé fort, on a multiplié les activités, c’est un peu décevant », souligne-t-il.

Ce qu’il retient aussi des résultats, c’est que ceux de la Côte-Nord suivent la tendance du Québec pour presque tous les indicateurs.

Au cours des prochains mois, les professionnels de la Direction de la santé publique de la Côte-Nord analyseront les résultats de l’enquête de façon plus approfondie. « Ça nous cible les sphères où il faut continuer de travailler ou travailler différemment », mentionne-t-il en guise de conclusion.

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