Le CFPGM à la recherche de solutions – Les nouvelles diplômées en coiffure, une denrée rare

Par Charlotte Paquet 16 janvier 2019
Temps de lecture :
Directrice adjointe en formation professionnelle à Baie-Comeau, Brigitte Cimon veut trouver des solutions pour le recrutement d’étudiantes au programme de coiffure et éviter une véritable pénurie de main-d’œuvre dans quelques années. Photo Le Manic

Directrice adjointe en formation professionnelle à Baie-Comeau, Brigitte Cimon veut trouver des solutions pour le recrutement d’étudiantes au programme de coiffure et éviter une véritable pénurie de main-d’œuvre dans quelques années. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Le recrutement de personnel risque d’être bientôt difficile dans les salons de coiffure puisque les nouvelles diplômées sont une denrée rare. S’il n’y a pas plus de personnes qui embrassent cette carrière, une véritable pénurie de coiffeuses pointe dans un horizon de cinq à sept ans dans la région Manicouagan.

C’est ce que prévoit la directrice adjointe en formation professionnelle au Centre de formation professionnelle et générale de Manicouagan à Baie-Comeau (CFPGM), Brigitte Cimon.

Le programme de formation en coiffure souffre d’un désintérêt généralisé à la grandeur du Québec. À Baie-Comeau, le nombre d’étudiantes diminue comme peau de chagrin depuis quelques années.

Au début de l’automne dernier, à peine deux étudiantes étaient inscrites en coiffure au CFPGM. C’était du jamais-vu. Grâce à la mise en place de l’enseignement individualisé depuis quelques années, qui permet quatre entrées au programme tous les ans justement pour encourager les inscriptions, une troisième étudiante a joint les rangs en novembre et une quatrième s’ajoutait en janvier. Ça demeure très peu, cependant.

Quand Brigitte Cimon a véritablement commencé à travailler sur le dossier du recrutement de la main-d’œuvre en coiffure en novembre 2017, huit étudiantes étaient en formation. Elle-même ancienne coiffeuse, elle se souvient qu’en 1999, elle avait dû laisser son nom sur une liste d’attente avant d’être acceptée au programme puisqu’il était complet avec ses 22 étudiantes.

« Ça fait plusieurs années qu’on voit ça baisser », reconnaît la directrice adjointe. Oui, la population diminue sur la Côte-Nord (le programme en arrache aussi à Sept-Îles), mais ça ne peut pas tout expliquer.

Pas de support

« Quand on commence dans ce métier-là, il faut faire sa clientèle. C’est aussi un métier qui est dur physiquement. Comme travailleuse autonome (ce que sont la plupart des coiffeuses), tu n’as pas de support des institutions financières », mentionne-t-elle, en insistant sur le fait que la coiffure demeure l’un des plus beaux métiers du monde.

En septembre dernier, Mme Cimon et l’enseignante en coiffure Nathalie Poitras ont fait la tournée des 25 salons de la Manicouagan afin de discuter avec les personnes en place, évaluer leur intérêt à participer à une réunion sur le sujet de la main-d’œuvre et documenter la réalité.

« On a voulu démonter au Centre local d’emploi qu’on allait avoir une problématique d’ici cinq à sept ans. J’ai senti que tous les salons se mobilisaient pour s’entraider et changer les choses », raconte la directrice adjointe.

L’âge des coiffeuses, le nombre de chaises dans chaque salon et le nombre de chaises libres ont été colligés lors de la tournée. La démarche a permis d’apprendre qu’une coiffeuse sur trois est âgée de 50 ans et qu’un peu plus de la moitié de celles qui pratiquent ce métier font partie des 40 à 49 ans.

Moins de 20 % de vacance

Sur les 105 chaises disponibles dans les 25 salons de coiffure, 19 sont vacantes. « Ce n’est pas si pire que ça », avoue la porte-parole du secteur de la formation professionnelle. Selon elle, l’exercice en cours ne vise d’ailleurs pas à alarmer la population, mais à faire quelque chose maintenant pour éviter la pénurie dans quelques années.

En octobre, une première rencontre a eu lieu en présence d’une douzaine de propriétaires de salons et de représentants du Centre local d’emploi, d’ID Manicouagan, d’Émersion, service-conseil en emploi et de la Chambre de commerce de Manicouagan. Elle a notamment permis de présenter un tableau de la situation identifiée lors de la tournée de septembre. « C’était une première réunion pour brainstormer », précise Brigitte Cimon.

Une deuxième réunion s’est déroulée à la fin de novembre en présence de Sylvain Camirand, directeur général de Soins personnels Québec, un comité sectoriel de la main-d’œuvre œuvrant notamment en coiffure et en esthétique.

Selon Mme Cimon, M. Camirand a présenté aux propriétaires de salons de coiffure le programme d’apprentissage en milieu de travail (PAMT), qui pourrait aider à enrayer la pénurie prévisible de coiffeuses en encourageant le recrutement d’étudiantes au programme de formation.

Ce programme prévoit notamment des stages rémunérés pour les nouvelles diplômées à la fin de leur formation de 1 450 heures et des crédits d’impôt pour les propriétaires de salons. Ce programme implique cependant de mettre à salaire les coiffeuses fraîchement diplômées.

Or, de façon générale, les coiffeuses sont travailleuses autonomes. Elles louent leur chaise. Sur les 25 salons de coiffure de la Manicouagan, seulement deux ont des employées à salaire.

Pour ce qui est de la suite des choses, Brigitte Cimon dit maintenant être « en attente de voir s’il y a des salons qui veulent participer » au PAMT.

Partager cet article