Arrête ton char, Ben-Hur

Par Jean-Maurice Pinel 22 janvier 2019
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J’en peux pus, frette, net, sec, pus capable pantoute. Moi, les ceuzes qui savent mieux que moi ce que je dois conduire, manger, lire, penser, ils commencent vraiment à me les gonfler. Non, mais c’est-y dieu possible d’endurer ces prophètes de malheur qui pontifient ostensiblement sur tout ce qu’il faut faire pour sauver la planète.

Hey les smattes, j’ai 72 ans, presque toutes mes dents pis j’ai encore la conviction d’être à tout le moins assez grand (ou gros) pour prendre mes propres décisions. Oui, je mange de la viande et je conduis un VUS et je ne crois pas que ça puisse mériter la décapitation, pas plus que les supplices de la Vierge de fer, de la chaise de Judas ou encore du bambou tueur.

Mangez votre tofu, confortablement assis sur votre futon, c’est votre affaire mais de grâce, oubliez bibi qui est capable de prendre lui-même ses décisions et ses responsabilités. Si vous voulez vous habiller dans les friperies, bravo, vous en avez bien le droit mais moi, dans les friperies, ça ne me tente pas. J’ai assez de misère de trouver du grand point dans les shops ordinaires, s’il fallait que je
commence à faire le tour des piles, m’en va tuer keukun.

Vous voulez rouler en bécyk? Champion! Mais moi j’ai un VUS et cré ben que j’en aurai un autre après celui-là. Tsé, moi j’aime la pêche pis j’ai des cannes qui mesurent plus de 80 pouces en une seule pièce : ça ne rentre pas dans une Yaris ou dans une Smart, bout de ciarge. Pis y’a des chemins de bois qui sont mauditement plus rough que le plancher de la showroom des Coccinelles.

Une voiture électrique? Pantoute, ça ne me dit rien en ce moment. J’ai déjà assez peur d’être un jour obligé d’utiliser un tit quadriporteur électrique, si vous pensez que je vais prendre de l’avance, vous vous fourrez le doigt dans l’oeil jusqu’au ligament conjonctif du coude. Et là, je vous fais grâce des dégâts écologiques provoqués par l’extraction des métaux rares que nécessitent ces nouvelles technologies. Mais je ne suis pas prêt à me lâcher à la radio ou à la télé pour vous dire que ça ne tient pas debout votre affaire. Ce que certains gourous verts font pourtant allègrement.

Et pour la bouffe, soyons magnanimes. Que vous soyez végétarien, pescovégétarien, ovovégétarien, flexitarien ou bedon végétalien, m’en sacre comme de l’an quarante. Ce sont vos affaires. Mais faites pas une Laure Waridel de vous-même en tentant de culpabiliser le « cannibale » que je suis. Oui je mange de la viande pis je suis capable de bouffer du chevreuil sans voir Bambi dans mon assiette.

Et quand je bouffe boeuf, je me dis que je fais ma part pour la planète en empêchant une vache de péter. Ben quoi? Saviez-pas que les vaches françaises émettent autant de gaz en un an que 15 millions de voitures? Et ça ne tient pas compte de ceuzes qui pètent plus haut que le trou. Et si, comme bien des études le démontrent, les fruits et légumes ont une vie, je vous demanderai si vous
écoutez le cri de la salade que vous arrachez ou le soupir de l’épi qui perd sa queue.

Je suis loin d’être climatosceptique, mais je me permets d’être plus prudent sur certaines théories dites « écolos ». En effet, certaines d’entre elles, analysées plus à fond, ont également des points négatifs pour la planète. Tout le monde aurait avantage à relire David Desbiens dans une récente parution de l’Actualité où il démontre que certains produits, par ailleurs très santé, peuvent également avoir une empreinte écologique passablement dévastatrice.


NDLR : Cet article n’engage que la responsabilité de son auteur et ne représente pas l’opinion du Journal.
Pour joindre l’auteur : chroniqueurs@lemanic.ca

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