Caribou forestier : Unifor réclame un moratoire sur l’imposition de mesures

Par Charlotte Paquet 5 février 2019
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Directeur québécois du syndicat Unifor, Renaud Gagné invite les travailleurs et la population à signer la pétition réclamant un moratoire sur la mise en place de mesures de protection du caribou forestier. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Le secteur forestier est sous pression. Son instabilité explique en partie l’importante pénurie de main-d’œuvre qui le frappe et le dossier de la protection du caribou et ses éventuelles conséquences sur les possibilités forestières ajoutent à l’incertitude.

C’est ce qu’a déploré le directeur québécois d’Unifor, Renaud Gagné, mardi, lorsqu’il s’est arrêté à Baie-Comeau dans le cadre de sa cinquième tournée annuelle des régions. Il a ainsi pu échanger avec une soixantaine des 1 500 membres qu’il représente dans différentes sections locales de la Côte-Nord.

M. Gagné réclame un moratoire sur toutes nouvelles mesures de protection de l’habitat du caribou forestier qui pourraient avoir des impacts sur l’emploi et l’économie régionale. Il parle de milliers d’emplois à risque d’être perdus. Selon lui, « chaque fois qu’on enlève l’équivalent de 100 000 mètres cubes, c’est 300 emplois directs et peut-être le double indirects ».

Le syndicat considère imparfaites et non concluantes les études scientifiques effectuées jusqu’à présent pour identifier l’origine du déclin de certaines populations de caribous forestiers. Son directeur rappelle qu’au nord, dans le secteur de la rivière Georges et de la rivière aux Feuilles, donc là où il n’y a pas d’exploitation forestière, la population de caribous forestiers diminue tandis que plus au sud, là où l’industrie forestière est active, la population augmente.

Études à poursuivre

Avant de cibler quelque raison que ce soit pour expliquer le déclin de certaines populations de caribou, comme l’activité humaine, l’exploitation forestière, la maladie, les changements climatiques ou autres, les études doivent se poursuivre, martèle M. Gagnon. « Tant que les études scientifiques ne seront pas complétées, on peux-tu avoir un moratoire. Puis, quand il y aura une décision et qu’on est certain de notre coup, s’il y a des impacts, ça prendra des mesures de transition pour les travailleurs et la communauté touchée. »

Le syndicat Unifor fait d’ailleurs circuler depuis peu une pétition qui va dans le même sens que les propos de son directeur. Il invite les travailleurs et la population à la signer. Elle sera adressée aux gouvernements du Canada et du Québec,

Avec la pénurie de main-d’œuvre qui frappe déjà fort l’industrie, M. Gagné est d’avis que si demain matin une annonce venait confirmer une diminution des possibilités forestières, « on sera vraiment dans le trouble ».

Aides-pêcheurs

Le syndicat a aussi dans sa mire les aides-pêcheurs de la Gaspésie, dont certains l’ont interpellé pour dénoncer le fait que leur expertise et leurs compétences ne sont pas reconnues et respectées. « Les gens sur la Côte-Nord sont aussi touchés », souligne le directeur québécois.

Unifor souhaite regrouper ces travailleurs au sein d’une section communautaire afin de devenir leur voix. Il veut aussi faire reconnaître leur statut par l’entremise de livrets de pêcheurs, un peu le pendant d’une carte de compétence. Il souligne que ces gens-là ont des conditions de travail « inimaginables », en plus d’avoir de la difficulté à se qualifier à l’assurance-emploi.

M. Gagné a déjà rencontré à Ottawa des acteurs du gouvernement fédéral, dont la ministre du Revenu national et députée fédérale de la Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier. Tous sont conscients de la problématique, selon le directeur. Il veut maintenant rencontrer à Québec le ministre André Lamontagne, de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, pour discuter de la problématique.

Une fois le cas de la Gaspésie réglé, Unifor compte regarder vers la Côte-Nord où l’industrie de la pêche donne de l’emploi à plusieurs aides-pêcheurs.

Fait à noter, le directeur d’Unifor a profité de sa visite sur la Côte-Nord pour faire la promotion de la campagne de boycottage des véhicules GM assemblés au Mexique, à la suite de l’annonce de la fermeture de l’usine d’Oshawa en novembre 2018. Le numéro d’identification des véhicules provenant du Mexique commence par le chiffre 3, tandis que celui des véhicules assemblés au Canada commence par 2, a-t-il averti.

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