Un souper dans le noir fructueux en sensibilisation et en financement

Par Charlotte Paquet 12 février 2019
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Le dévoilement du résultat financier de l’activité a été fait en compagnie de la présidente et de la coordonnatrice de l’Association des personnes avec difficultés visuelles de Manicouagan, Sylvie Tremblay et Sylvie Girard, et de la présidente et d’un membre du club Lions de Baie-Comeau, Marlene Romero et Steeve Loiselle. Photos Le Manic

Baie-Comeau – Cent cinquante convives ont soupé dans le noir samedi. Non, non, ce n’est pas une panne de courant qui les a pris par surprise. Ils ont plutôt vécu l’expérience volontairement dans le cadre d’une activité de sensibilisation et de financement de l’Association des personnes avec difficultés visuelles de Manicouagan.

En pleine Semaine de la canne blanche, l’organisme s’est associé au club Lions de Baie-Comeau, dont la vision est l’une des grandes causes, pour réaliser ce souper dans le noir, le deuxième de son histoire. Le premier avait été organisé en 2004.

« Le premier objectif de cette activité-là, c’est la sensibilisation, pour permettre aux gens de vivre pendant quelques heures seulement ce que les personnes avec des difficultés visuelles vivent au quotidien », a expliqué Sylvie Girard, la coordonnatrice de l’association qui fêtera en 2019 ses 25 ans d’existence.

Trois personnes sont d’ailleurs venues témoigner de leur vie avec une déficience visuelle. Il s’agit de Bernard Landry, qui se déplace avec une canne blanche, Cynthia McCluskey, toujours accompagnée de son chien-guide, et Sylvie Tremblay, présidente de l’association et maman de Caroline, atteinte d’une déficience visuelle.

Des défis

Samedi soir, le temps d’un repas, les participants ont donc pu se mettre dans la peau d’une personne vivant avec des difficultés visuelles. Ils ont réalisé les défis posés par le simple fait de se rendre à sa table, de piquer sa fourchette dans une bouchée ou encore de verser du vin dans sa coupe.

Malgré le bandeau qui recouvrait leurs yeux, les convives ont pu se rendre au bar (avec l’aide de bénévoles) et identifier leurs billets de banque ou leurs pièces de monnaie grâce à des trucs reçus à leur arrivée sur place.

Il est particulier de réaliser jusqu’à quel point les autres sens, comme le toucher et l’ouïe, sont davantage sollicités lorsque nos yeux ne voient pas, comme a pu le constater la représentante du Manic, qui s’est prêtée au jeu.

« Je m’aperçois qu’on est beaucoup dépendant des personnes de confiance près de nous. On se retrouve aussi à prendre beaucoup plus de temps », a fait remarquer Yves Montigny, maire de Baie-Comeau, en faisant référence aux gestes qui peuvent sembler naturels aux personnes voyantes. La députée bloquiste de Manicouagan, Marilène Gill, a également participé au souper dans le noir.

Dans l’assistance, des gens ont vite réalisé que ce n’était pas évident comme expérience. « C’est déstabilisant au bout de ne rien voir », a souligné Mario Desrosiers. Sa conjointe Linda Poitras a noté que le bruit de fond du bavardage dans la salle semblait la déranger davantage avec les yeux bandés, comme si son ouïe, finalement, s’était aiguisée.

Un peu plus loin à une autre table, Martin Tremblay a avoué trouver son expérience « assez spéciale ». « On est bien chanceux d’avoir nos deux yeux qui fonctionnent normalement », a alors ajouté Chantal Gagnon.

Un beau résultat

Cette deuxième édition du souper dans le noir a permis à l’Association des personnes avec difficultés visuelles d’engranger 6 000 $.
Grâce aux 150 participants ainsi qu’aux nombreux bénévoles et commanditaires, le repas a rapporté 4 000 $, mais la générosité du club Lions a permis d’ajouter 2 000 $ à la cagnotte.

Cet argent permettra à des membres de l’Association et leurs accompagnateurs de prendre part à un voyage à Montréal, notamment pour visiter la fondation Mira et l’Institut national canadien pour les aveugles et participer à d’autres activités.

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