La première pelletée de terre de Mason Graphite attendra

Par Charlotte Paquet 10:28 AM - 14 mars 2019
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Yves Perron et Jean L’Heureux, respectivement vice-président ingénierie et construction et vice-président développement du procédé, entourent le président du comité de suivi du projet du lac Guéret, Jean-Pierre Barry. Photos Le Manic

Baie-Comeau – Il faut oublier une première pelletée de terre en avril pour Mason Graphite, car le financement est plus difficile que prévu à ficeler.

C’est ce que la minière a confirmé mercredi, à Baie-Comeau, lors d’une séance publique suivant une rencontre du comité de suivi du projet du lac Guéret. Faut-il rappeler que l’entreprise prévoit l’exploitation d’un gisement de graphite à quelque 280 km au nord de la municipalité et le traitement du minerai dans un concentrateur situé à l’intérieur d’une usine construite dans le parc industriel Jean-Noël-Tessier.

« Malheureusement, depuis le mois de janvier, le marché des investisseurs ne s’est pas amélioré, bien au contraire. C’est plus difficile que ce qu’on s’attendait », a admis Jean L’Heureux, vice-président au développement du procédé.

Selon lui, les « perturbations » des derniers mois dans le marché minier en raison des dépassements de coûts de projets, notamment celui de Nemaska, rendent les investisseurs frileux. Il parle de dommages collatéraux qui obligent l’équipe de Mason Graphite à travailler encore plus fort pour les convaincre de la solidité de son projet.

Des investisseurs ailleurs dans le monde ont pourtant manifesté leur intérêt, mais la minière a choisi la prudence. « Il y a certaines régions du monde où il est facile d’avoir de l’argent, mais on ne veut pas des provenances grises et douteuses. On veut que ce soit clean », assure le vice-président.

Rappelons que le coût de réalisation du projet de construction se chiffre à 258 M$. Une partie de l’argent a déjà été dépensée en équipements et en travaux d’ingénierie. L’entreprise a aussi besoin de fonds pour être capable d’opérer dans les premières semaines et les premiers mois avant que les revenus rentrent.

Le travail se poursuit

À la cinquantaine de personnes présentes à la séance publique, Mason Graphite a assuré que ce n’est pas parce que financement n’est pas conclu que rien ne se fait. Les travaux d’ingénierie se poursuivent et sont finalisés à 75 %. Des équipements majeurs sont arrivés à Baie-Comeau ou en route, comme les broyeurs et les filtres destinés à l’usine.

Aucun contrat n’a encore été signé avec des entrepreneurs de la région pour la réalisation des travaux de déboisement, d’excavation et de fondation. Par contre, certains ont été négociés avec des lettres d’intention.

Dans le lot de travaux en cours, il y a aussi les étapes à franchir en vue de la construction d’une usine de deuxième transformation à Baie-Comeau, qui fabriquerait du graphite sphérique destiné principalement aux batteries lithium-ion. Plusieurs millions de dollars ont été investis à ce chapitre ces dernières années, précise Jean L’heureux.

Valoriser les résidus

L’entreprise se penche aussi sur les façons de faire pour valoriser les résidus provenant de la transformation du minerai. « La roche qui descend du lac Guéret contient environ 30 % de graphite », note le vice-président. Pour les 70 % restants, une autre usine pourrait éventuellement être construite, mais le développement d’un procédé de valorisation commence à peine.

« Déjà pour la première usine, c’est de l’ouvrage, du stock », affirme-t-il en rappelant que le graphite qui sortira du concentrateur sera déjà un produit fini notamment utilisé dans la fabrication de freins et de téléviseurs.

Enfin, soulignons que 250 000 tonnes de roches seront extraites annuellement du gisement du lac Guéret pour être traitées à l’usine de Baie-Comeau. Il s’agit d’un très petit projet dans le monde minier en général, mais du côté du marché du graphite naturel, c’est majeur puisque la production représentera près de 10 % de la capacité mondiale.

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