L’externat en médecine pour la jeune Innue de Pessamit – Eve Martin-Riverin suit les traces de Stanley Vollant

Par Charlotte Paquet 8:00 AM - 9 mai 2019
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Si tout se passe comme prévu, Eve Martin-Riverin deviendra le deuxième médecin originaire de Pessamit, après le Dr Stanley Vollant. La semaine dernière, les deux ont participé à un événement destiné à encourager la persévérance scolaire des jeunes Innus de leur communauté et faire connaître les carrières dans le domaine de la santé.

Si tout se passe comme prévu, Eve Martin-Riverin deviendra le deuxième médecin originaire de Pessamit, après le Dr Stanley Vollant. La semaine dernière, les deux ont participé à un événement destiné à encourager la persévérance scolaire des jeunes Innus de leur communauté et faire connaître les carrières dans le domaine de la santé.

Baie-Comeau – Eve Martin-Riverin marche sur les pas du Dr Stanley Vollant. Si tout se passe comme prévu, la jeune femme deviendra le deuxième médecin originaire de Pessamit.

L’étudiante en médecine à l’Université Laval vient de terminer ses trois années d’études précliniques. En août, c’est l’externat qui l’attend à Lévis.

« Je le savais que c’était en santé que je voulais aller. J’étais sûre que je voulais aider le monde. Le contact humain m’intéressait », souligne celle que Le Manic a rencontrée lors de la tenue de la mini-école des sciences de la santé en milieu autochtone, la semaine dernière, à Pessamit. Si elle a réussi à entrer en médecine, ce n’est cependant pas sans sacrifices, dit-elle, en notant au passage ses années d’études à Baie-Comeau.

Eve Martin-Riverin, qui a rencontré le Dr Vollant pour la première fois en 2018, admet qu’elle représente un modèle pour la jeunesse de sa communauté, en ce sens qu’elle a réussi à performer à l’école ainsi que dans la pratique du hockey jusqu’au niveau collégial.

Une fois l’externat fait, c’est la résidence qui attend la jeune femme. Elle pense la faire en médecine familiale. « Mais je reste ouverte à tout », assure-t-elle en faisant référence à une éventuelle spécialité. Elle a encore quatre années d’études au moins devant elle.

Un médecin fier

S’il en est un qui se réjouit du cheminement de la future externe en médecine, c’est bien le Dr Stanley Vollant.

« L’année dernière, je suis allé à l’Université Laval pour donner une conférence. Il y avait trois à quatre cents étudiants de médecine. Il y a une fille qui s’approche de moi et qui commence à m’interpeller en innu, puis elle dit je suis de Pessamit. Ça m’a donné un frisson généralisé. Le poil m’a dressé. C’était comme wow! », confie le premier chirurgien autochtone au Québec.

Le médecin se dit particulièrement heureux qu’une jeune citoyenne de sa communauté ait pris le chemin qu’il a voulu tracer. « Ça vient comme combler un désir, un rêve que j’avais que des jeunes prennent ce chemin. Ça m’a rempli de fierté », avoue-t-il.

Le Dr Vollant souligne que depuis la création en 2008 du programme en médecine pour les jeunes autochtones du Québec, entre 20 et 30 d’entre eux ont gradué. Le médecin s’est grandement investi dans la mise en place de cette formule qui dédie des places aux jeunes des Premières Nations.

Deux de plus

Fait à noter, Chloé-Éloïse, l’une des filles du Dr Vollant, devrait entrer en médecine à l’automne par le biais du programme général et non par le contingent autochtone. Elle suivrait ainsi les traces de son père et de sa mère, la Dre Marie-Ève Morissette, qui pratique à Baie-Comeau.

Une autre jeune de Pessamit s’apprête aussi à entrer en médecine dans quelques mois. « Le fait qu’il y en a de plus en plus qui rentrent, ça ouvre encore plus la porte. Les gens se disent qu’il n’y a pas juste Stanley, il y en a plein d’autres », fait remarquer celui qui, dans les nombreuses conférences qu’il prononce, insiste toujours sur le fait qu’on « peut réussir si on veut, si on a un rêve et si on persévère dans ce rêve-là ».

Le chirurgien est heureux de voir des jeunes de sa communauté se diriger en médecine. « J’ai besoin de personnes qui vont me remplacer. À 54 ans, je devrais plutôt m’efforcer à créer de nouveaux modèles, que je vais enrichir, que je vais former et que je vais inspirer pour qu’ils prennent cette relève-là », conclut-il.

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