Une première au Canada, à Pessamit – Des fouilles pour comprendre la sédentarisation des autochtones

Par Steeve Paradis 5:00 AM - 29 mai 2019
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On aperçoit en avant-plan les installations de la compagnie de la Baie d’Hudson à Pessamit en 1946.

On aperçoit en avant-plan les installations de la compagnie de la Baie d’Hudson à Pessamit en 1946.

Baie-Comeau – Afin de mieux comprendre l’expérience de la sédentarisation par une Première Nation, le Conseil des Innus de Pessamit et Archéo-Mamu Côte-Nord mèneront un inventaire archéologique des lieux significatifs de Pessamit. Cette manière de procéder est une première au Canada.

Le fil des événements qui a conduit à la Loi sur les Indiens, en 1876, là où s’amorce la mise en réserve des peuples autochtones, est plutôt bien connu. Même chose pour ce qui est de l’époque des pensionnats.

« Mais la sédentarisation, autant dans les médias que dans le monde scientifique, on n’en a pas vraiment parlé », a souligné le directeur général d’Archéo-Mamu, François Guindon. « Comment a-t-on vécu ça à Pessamit, cette sédentarisation? », a-t-il ajouté.

Le projet Auenitshenat Pessamiulnuat? – Qui sont vraiment les Innus de Pessamit? cherchera à répondre à cette question. Depuis le 21 mai et ce, jusqu’au 28 juin, un inventaire archéologique des secteurs historiquement significatifs de Pessamit sera réalisé, avec la participation des Pessamiulnuat de tous âges.

Cet inventaire devrait permettre de mieux comprendre les transformations de la réserve comme espace et de documenter comment les Innus se sont adaptés à l’environnement artificiel de la réserve. Des aînés de la communauté feront connaître leur interprétation des découvertes à travers leur vécu et leurs connaissances des événements.

« Pour guider les recherches, on va échantillonner les premières maisons du début de la réserve, autour de 1850, jusqu’au début du 20e siècle. Les cartes anciennes peuvent nous indiquer où se trouvent ces maisons », a signalé l’archéologue, expliquant au passage qu’aucune de ces maisons n’est encore debout.

Vision plus positive

Selon le communiqué d’Archéo-Mamu et du Conseil des Innus, ce projet pourra générer une vision plus positive des Innus et de leur histoire, et peut-être, inspirer des carrières en archéologie, en histoire et en ethnologie auprès des jeunes.

Ces derniers sont d’ailleurs invités à s’intéresser au projet. Des jeunes de la polyvalente des Baies ont d’ailleurs visité le site le 22 mai et les élèves de l’école primaire Nussim et de l’école secondaire Uashkaikan collaborent au projet.

Le grand public est aussi invité à participer à ces recherches, qui mobilisera jusqu’à 10 chercheurs sur le terrain. En plus de visiter le site de recherche, les intéressés pourront participer bénévolement aux fouilles. Il faut toutefois communiquer à l’avance avec Archéo-Mamu Côte-Nord avant de se rendre sur place, car le site de recherche se déplacera régulièrement.

Les responsables du projet disent espérer que les résultats éclairent « les politiques gouvernementales visant le bien-être et la guérison des peuples autochtones du Canada, en plus de participer à la réconciliation ».

Patrimoine Canada, l’Association canadienne des musées, Innovation et développement Manicouagan, le ministère québécois de l’Économie et de l’Innovation ainsi que la Société d’aide au développement des collectivités Manicouagan participent financièrement au projet.

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