Charles-Émile Bolduc s’éteint à l’âge de 105 ans

Par Charlotte Paquet 4:23 PM - 9 juillet 2019
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En mars 2017, le 103e anniversaire de naissance Charles-Émile Bolduc avait été souligné de belle façon à l’Oasis des pionniers. Il est entouré d’Alice Dufour et de Johanne Proulx. Photo Facebook

Baie-Comeau – Charles-Émile Bolduc n’est plus. À 105 ans bien sonnés, sa promenade en ce bas monde, comme il le disait si bien, est terminée. Il est parti en emportant avec lui son amour de la vie et de ses semblables, son intelligence vive, sa curiosité sans limite et sa grande passion pour la marche.

Le Baie-Comois est décédé le 4 juillet à l’Hôpital Le Royer à Baie-Comeau, laissant dans le deuil son fils Jean-François, sa belle-fille, ses petits-enfants, ses sœurs et son frère. Ses funérailles ont été célébrées le mardi 9 juillet en la cathédrale Saint-Jean-Eudes.

« Je vous avoue qu’avec les années et l’usure de ma carcasse, mes jarrets ont beaucoup ramolli. Cependant, je suis encore ici pour vous raconter ma promenade en ce bas monde », déclarait-il en septembre 2010 dans les pages du défunt journal Plein Jour de Baie-Comeau. Aujourd’hui, sa promenade est terminée, mais quel magnifique parcours il aura accompli.

M. Bolduc a vécu les 15 dernières années de sa vie à l’Oasis des Pionniers, en partie avec sa deuxième épouse, Tonie Denis, décédée en 2010. On se souviendra que les deux veufs avaient uni leurs destinées en 1995 à l’âge de 78 ans pour elle et 81 ans pour lui.

La marche

Au fil des ans, le disparu s’est beaucoup fait remarquer dans la communauté pour les kilomètres qu’il accumulait à la marche au quotidien malgré son âge très avancé. Tranquillement, un pas après l’autre, il avançait. Sa santé était importante pour lui et il voyait dans l’activité physique une façon de la préserver le plus longtemps possible.

Questionné sur son désir de vivre jusqu’à 100 ans dans l’entrevue de 2010, alors qu’il lui restait encore quatre années avant d’atteindre le chiffre magique, M. Bolduc avait répondu : « C’est intéressant de vivre, mais de vivre en bonne santé. La santé, c’est toi qui t’en occupes, pas les voisins. Il faut être égoïste de son état. »

Le centenaire n’a pas d’ailleurs pas souffert de longs mois avant de mourir. Hospitalisé le mardi 2 juillet, il est décédé dans la nuit du mercredi au jeudi. Comme le mentionne Éric Thibeault, propriétaire de l’Oasis des pionniers, « il a eu une belle vie et il a eu une belle mort, il est parti comme un petit chaton ».

Son arrivée en région

Natif de Beauceville, Charles-Émile Bolduc a travaillé comme bûcheron dans les Cantons de l’Est et aux États-Unis de 14 à 42 ans avant de débarquer sur la Côte-Nord en 1956, à l’invitation de son beau-frère, le Dr Louis Fortin, père du comédien Bernard Fortin. Il lui avait suggéré de tenter sa chance pour un emploi à la papetière. C’est ce qu’il a fait et il y aura œuvré comme surveillant à l’entretien et gardien de sécurité jusqu’à sa retraite à l’âge de 65 ans.

Une fois cette nouvelle étape arrivée, ce raconteur dans l’âme a découvert l’écriture comme moyen d’expression. Il a publié deux ouvrages à saveur historique.

Le défunt aura passé de très nombreuses années à remplir ce qu’il appelait son logbook, soit un agenda dans lequel il notait son quotidien, une sorte de journal intime.

Un grand homme

Baie-Comeau et la Côte-Nord viennent de perdre un grand homme avec le décès de M. Bolduc. D’ailleurs, les nombreux témoignages de sympathie rendus à sa famille par l’entremise du site Internet de la Coopération funéraire Haute-Côte-Nord-Manicouagan le prouvent.

Entre autres messages, il y a celui de Raymond D’auteuil, emménagé à Trois-Rivières depuis quelques années, qui rappelle le modèle de discipline qu’était le disparu. « Alerte tant physiquement que mentalement, cet homme aura été un mentor pour bien des gens dont je suis. »

Pour sa part, Gabriel-Yvan Gagnon a souligné le parcours remarquable du disparu, qu’il a comparé à une véritable épopée. « Les deux livres qu’il a publiés sont riches d’enseignements et de témoignages sur notre histoire régionale. Ce marcheur infatigable nous laisse de beaux souvenirs. »

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