La première houblonnière nord-côtière prend racines

Par Charlotte Paquet 1:45 PM - 20 août 2019
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Steve Berthiaume et Karyne Lapierre sont copropriétaires de la ferme Les Jardins de Carmanor à Ragueneau. Ils viennent de compléter la mise en terre des 800 premiers plants de leur houblonnière. Photos courtoisie

Baie-Comeau – D’ici à deux ans, le terroir de la Côte-Nord sera plus présent que jamais dans l’offre de la microbrasserie St-Pancrace grâce à la ferme Les Jardins de Carmanor et sa toute première production régionale de houblon, cet élément essentiel dans la production de bière.

Les deux copropriétaires de l’entreprise de Ragueneau, Steve Berthiaume et Karyne Lapierre, viennent de compléter la mise en terre de 800 premiers plants de houblon. C’est fait depuis le jeudi 15 août. Ils projettent en planter 1 000 de plus, mais pas avant les premières récoltes en 2021.

« On est dans la phase de tests », explique M. Berthiaume, en faisant référence à la croissance des diverses variétés de plants le long des gigantesques treillis construits en début de saison 2019 et visibles à partir de la route 138. D’ailleurs, que ces supports puissent être aperçus des passants n’est pas sans raison. « On a fait exprès, car c’est vraiment beau. Ce sont des plantes qui atteignent 20 pieds de hauteur », souligne l’agriculteur.

Le couple a jeté son dévolu sur six variétés de houblon, dont quatre commerciales, comme la Sterling et la Nuggets, et deux québécoises, constituées d’un mélange de houblon commercial et rustique.

Si Steve Berthiaume et Karyne Lapierre ont choisi de produire du houblon à Ragueneau, en plus du volet verger et maraîcher de leur ferme, c’est qu’ils considèrent évidemment que le climat de la Côte-Nord s’y prête bien. « Ici, on a un bon climat sec avec des journées très longues. C’est important pour faire pousser les plants », poursuit l’homme.

Les variétés de houblon ont été déterminées d’après des critères d’adaptation au climat de la région, notamment en étant prêtes à la récolte de la mi-août à la fin septembre. Les copropriétaires, qui ont investi à ce jour près de 25 000 $ dans leur houblonnière, ont travaillé en collaboration avec la microbrasserie St-Pancrace dans le choix des types de houblon afin de répondre à ses besoins.

Bières saisonnières

Estimée à 300 kg de houblon frais (équivalant à 60 kg en granules) pour ses 800 premiers plants, la production qui sortira de la houblonnière ragueneauvienne est destinée exclusivement à la production de bière de récolte par la microbrasserie baie-comoise.

« On récolte le matin et le soir, le houblon est déjà dans les cuves. Ça donne des bières au goût différent. Ce seront des bières saisonnières à l’automne », indique le producteur.

En raison du défi de l’éloignement, la transformation du houblon en granules n’est pas dans les cartons de l’entreprise, dont cette production représentera une petite fraction des besoins de la St-Pancrace.

Politique, sports et agriculture

Steve Berthiaume et Karyne Lapierre sont installés dans la Manicouagan depuis quelques années. Lui travaille comme conseiller politique du député Martin Ouellet et elle, kinésiologue de formation, comme agente de développement chez Loisir et Sport Côte-Nord.

Les deux conjoints ont acquis la Ferme Aux beaux rosiers à la fin d’octobre 2017. En 2018, ils ont préparé leur terrain en vue des diverses plantations qu’ils visaient. Au début de la saison en cours, ils ont poursuivi leurs travaux avant de procéder aux premières plantations.

Ainsi, le verger des Jardins de Carmanor renferme déjà des pommiers, des poiriers et des arbres à mini kiwis. « Ce sont des arbres d’un an et demi à trois ans qu’on a plantés », précise M. Berthiaume. Les premières récoltes sont prévues dans trois ans pour les pommes et une variété de kiwi et dans six ans pour les poires et un autre type de kiwi.

En 2020, la ferme se lancera dans la culture maraîchère avec des légumes conventionnels comme les tomates, concombres, laitues et betteraves, entre autres. « On va commencer par la base. » Fait à noter, grâce à ses poules pondeuses, l’entreprise agricole offre déjà ses œufs frais.

Le couple d’agriculteurs à temps partiel espère que les affaires marcheront suffisamment bien pour leur permettre de se consacrer entièrement aux Jardins de Carmanor dans un délai de deux à trois ans.

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