Agression d’Aline Bouchard Caron : les proches et des voisins craignent pour leur sécurité
Aline Bouchard Caron a été sauvagement attaquée dans sa résidence de Tadoussac en octobre 2017.
Des membres de la famille d’Aline Bouchard Caron disent « craindre pour leur sécurité » depuis la libération sous caution des présumés agresseurs de l’octogénaire de Tadoussac. Et des résidents du voisinage ne sont pas rassurés.
Olivier Roy Martin
Collaboration spéciale
Jointe par le Journal Haute-Côte-Nord, une proche de la dame sauvagement battue dans son domicile de Tadoussac en octobre 2017 a accepté de commenter par écrit la décision du tribunal.
« La famille de la victime est très déçue de la remise en liberté sous caution et avec restrictions des accusés », peut-on lire dans le message de cette personne qui préfère rester anonyme. « Des membres de la famille qui désirent garder l’anonymat ont ajouté craindre pour leur sécurité », ajoute-t-on sans préciser ce qui justifie ces craintes.
Après une enquête sous caution de plusieurs jours, la juge Sonia Bérubé a décidé la semaine dernière de libérer les accusés Christopher Sehota-Paquet, 28 ans, et Ko Prakongham, 44 ans. Une ordonnance de non-publication empêche actuellement les médias de diffuser les motifs derrière cette décision.
Rappelons toutefois que les deux hommes étaient emprisonnés depuis leur arrestation en juillet. Ils font notamment face à des accusations de tentative de meurtre, de voies de fait graves, de séquestration et d’introduction par effraction. Les procédures judiciaires devaient se poursuivre vendredi dernier, mais l’enquête préliminaire a été reportée au 30 septembre.
Des aînés craintifs
Une amie de longue date de la victime qui réside près de son ancienne demeure raconte que « sa pression s’est mise à monter » après la libération sous condition des suspects.
« Ça me donne un coup. J’ai peur, confie Jeanne Olsen. Je suis indignée. Si c’était de moi, ils seraient restés en dedans », mentionne l’aînée attristée par l’état de santé de son amie d’enfance, qui conserve des séquelles importantes de l’agression. « Je suis allée voir [Aline] aux Bergeronnes. Et ça fait pitié à voir », assure-t-elle.
À quelques pas de l’ancienne demeure de la victime, on peut sentir l’inquiétude chez la vice-présidente du club FADOQ du village. « Ce n’est pas rassurant de savoir qu’ils sont déjà en liberté quand ils viennent juste d’être pris depuis le printemps. Moi, ça ne me rassure pas », admet Nicole Maltais.
Cependant, la femme de 74 ans reconnaît le droit à la présomption d’innocence des deux présumés responsables dans cette affaire. « On ne peut pas les juger », nuance-t-elle.
Interrogés au sujet de la remise en liberté des accusés, d’autres résidents des environs croient plutôt qu’il s’agit d’une affaire familiale qui ne les regarde pas. C’est pourquoi ils ne voient pas de raison de se sentir menacés.
Les émotions ne guident pas la justice, rappelle la défense
« Ce n’est pas en fonction des craintes appréhendées des gens que [la] juge doit se prononcer », rappelle l’avocat de Christopher Sehota-Paquet, Me Matthieu Métivier, qui rappelle le droit de son client à la présomption d’innocence.
« Les gens ont une tendance viscérale à ce que les gens soient détenus vu la nature des accusations dans ce dossier », déplore-t-il après avoir vu des commentaires négatifs circuler sur les réseaux sociaux à propos de la remise en liberté.
L’avocat de Ko Prakongham, Me Louis-Philippe Doucet Galienne, abonde dans le même sens. « L’emprisonnement en attente d’un procès est l’exception. La règle, c’est la libération. Tout ça découle bien entendu du principe de présomption d’innocence », fait-il valoir.
Par ailleurs, la durée de cette enquête de plus d’un an et demi n’est pas nécessairement un gage de la solidité de la preuve, souligne l’avocat Matthieu Métivier. « Il y a des enquêtes qui ont été beaucoup plus longues qui ont mené à des acquittements ou à des arrêts de procédure. »
Et en ce qui concerne la sécurité du public, Me Louis-Philippe Doucet Galienne estime que les conditions de remise en liberté des co-accusés sont suffisamment strictes pour les dissuader de commettre des crimes.
« Des conditions si contraignantes mettent des bâtons dans les roues de quelqu’un qui pourrait avoir des idéations criminelles. Ça dissuade énormément de faire des folies », estime-t-il.
Même si elle respecte la décision de la juge Sonia Bérubé, l’avocate de la Couronne, Me Annick Boivin, s’est dite « déçue ».
15 000 $ en échange de la liberté
Les nombreuses conditions de remise en liberté incluent le paiement de montants avec dépôts qui totalisent 15 000$ pour les co-accusés. Il leur est également interdit de communiquer avec Aline Bouchard Caron ou d’être en sa présence.
Pour éviter que cela ne se produise, la Cour enlève à Ko Prakongham et Christopher Sehota-Paquet le droit de circuler dans les villages de Tadoussac, des Bergeronnes ou des Escoumins, à moins d’en être obligés pour aller au palais de justice de Baie-Comeau.
À cela s’ajoute l’interdiction de posséder des armes, des téléphones cellulaires, des substances explosives ou des couteaux (sauf au restaurant ou pour tout autre usage légitime).
Christopher Sehota-Paquet doit également habiter en permanence dans un centre de désintoxication de Québec, où il suivra une thérapie.
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