Commission scolaire : Ginette Côté crie à la centralisation du pouvoir vers le ministre

Par Charlotte Paquet 5:30 PM - 2 octobre 2019
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La présidente de la Commission scolaire de l’Estuaire, Ginette Côté, ne voit rien de bon dans le projet de loi qui veut signer l’arrêt de mort des commissions scolaires au Québec.

Le projet de loi sur l’abolition des commissions scolaires au Québec entraîne une onde de choc partout. À la Commission scolaire de l’Estuaire, la présidente Ginette Côté crie à une centralisation du pouvoir vers le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, et non à un pouvoir décentralisé vers les écoles comme il le prétend.

Même si elle s’y attendait puisque la disparition des commissions scolaires était l’une des promesses de la Coalition avenir Québec (CAQ), il n’en demeure pas moins que le dépôt du projet fait mal. Il propose de transformer les commissions en centres de service gérés par un conseil d’administration formé de parents, d’employés et de membres de la communauté.

Mme Côté considère savoir de quoi elle parle lorsqu’elle évoque les dangers liés à la perte de démocratie dans le monde scolaire et les risques découlant de l’arrivée des centres de services. Sa feuille de route dans le monde scolaire est pour le moins impressionnante. Elle a œuvré six ans au sein d’un comité d’école, puis quatre ans comme commissaire avant d’accéder à la présidence de la CSE en 1987.

« J’ai fait tous les paliers. Des écoles, on en a construites, on n’en a pas fermées et c’est notre fierté », a clamé la présidente, rappelant l’importance du pouvoir politique d’un conseil de commissaires dans des dossiers comme le maintien des petites écoles de village ou la reconstruction de l’école La Marée à Pointe-Lebel, après l’incendie qui l’a ravagée il y a 10 ans. « Si on n’avait pas été stratégique, l’école n’aurait pas été reconstruite », assure-t-elle.

Elle affirme ne voir absolument rien de positif dans le plan de match du gouvernement. « Ce que j’espère, c’est que les gens vont prendre conscience de la perte qu’ils subissent », a-t-elle indiqué en soulignant que c’est un gouvernement local qui disparaît. Un gouvernement, ajoute-t-elle, qui faisait en sorte qu’un ministre n’ait pas le pouvoir de venir fermer une école.

Élections scolaires

On se souviendra que le débat entourant l’éventuelle abolition des commissions scolaires remonte aussi loin qu’en 2002. À l’époque, le parti de l’Action démocratique du Québec, l’ancêtre de la CAQ, avait lancé cette idée devant la très faible participation aux élections scolaires.

Or, comme le mentionne la présidente Côté, pour l’augmenter, le milieu scolaire a proposé à Québec de tenir ces élections en même temps que les élections municipales, comme le font l’Ontario et le Nouveau-Brunswick. Le passage au vote électronique a également été suggéré. Dans les deux cas, les demandes n’ont pas eu de suite.

Mme Côté a précisé que la tenue d’élections scolaires aux quatre ans représente 64 cents par électeur. « Pour un exercice démocratique, ce n’est pas cher. » Elle a également noté qu’aux élections municipales de novembre 2017, il y avait eu davantage de candidats élus sans opposition, donc seuls en lice, qu’aux dernières élections scolaires.

Enfin, tout en mentionnant que le ministre Roberge est un beau parleur et un bon politicien « car il patine vraiment bien », la présidente de la CSE a émis des réserves quant aux économies de 45 M$ qu’il prévoit réaliser en quatre ans avec la disparition des commissions scolaires. Elle rappelle les dépassements exorbitants de coûts pour la création des classes de maternelles 4 ans.

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