Une conseillère municipale chez la députée

Par Charlotte Paquet 3:17 PM - 21 novembre 2019
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On aperc¸oit Martine Salomon, conseillère municipale et nouvellement adjointe de circonscription dans Manicouagan, et le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, lors d un récent point de presse.

La conseillère municipale du quartier Saint-Georges à Baie-Comeau, Martine Salomon, a un nouvel emploi, celui d’adjointe de circonscription de la députée bloquiste de Manicouagan, Marilène Gill. La conciliation de ces deux fonctions peut surprendre, même si elle respecte les règles éthiques et déontologiques en vigueur.

Mme Salomon, qui vient d’ailleurs d’être nommée mairesse suppléante pour les six prochains mois, a tout à fait la légitimité nécessaire pour occuper un emploi sur la scène politique fédérale, selon le code d’éthique et de déontologie des élus de la Ville de Baie-Comeau et la Loi sur l’éthique et la déontologie en matière municipale. Elle peut l’occuper pourvu, bien entendu, qu’elle respecte scrupuleusement tous les éléments du code et de la loi.

La principale concernée se fait rassurante à ce sujet. « Je me suis engagée autant envers le conseil municipal de la Ville de Baie-Comeau que mon employeur que, pour éviter toute forme de conflit d’intérêts, je ne serai pas impliquée dans aucun dossier me liant à l’un ou à l’autre. » Mme Salomon se dit aussi tenue à des règles de confidentialité tant chez l’un que chez l’autre. « Je suis ultraprofessionnelle », insiste-t-elle.

Le privé reste privé

Tout en indiquant ne pas avoir de pouvoir sur la carrière d’un membre du conseil, le maire Yves Montigny explique que son rôle dans le présent cas sera de garantir que tout ce qui se dit en privé demeure privé.

« Ce qui est important pour moi, c’est que tout ce qui est discuté en caucus en lien avec les dossiers municipaux, donc qui n’est pas public, que c’est vraiment important de conserver un huis clos », dit-il, précisant qu’il ne faudrait pas que ça se retrouve sur le bureau de la députée. « Dans mon rôle de maire, il faut m’assurer que ça soit respecté à la lettre. Je vais être vigilant là-dedans afin de m’assurer que les règles d’éthique soient respectées. »

Par ailleurs, les activités de représentation publiques auxquelles Martine Salomon pourrait participer préoccupent aussi le maire. Il veut éviter ce qu’il appelle de double représentation, ce qui veut dire qu’elle ne peut être présente à la fois comme élue municipale et adjointe à la députée fédérale.

« Moi, quand je vais quelque part, que ce soit au McDo ou ailleurs, les gens savent que je suis le maire. Il faut que ce soit clair dans l’esprit des gens qu’elle est là pour la Ville de Baie-Comeau. »

Enfin, M. Montigny indique que dans le cas de plusieurs dossiers, notamment ceux du port et du rail, il discute directement avec Mme Gill.

Rien de politique

Le nouvel employeur de Mme Salomon a assuré que cette dernière n’aura pas à se placer entre l’arbre et l’écorce dans l’exercice de ses fonctions. « Adjoint de circonscription, ça n’a rien de politique comme rôle », a indiqué Marilène Gill. « C’est principalement du travail administratif comme les demandes de passeport, d’assurance-emploi ou peut-être d’immigration, par exemple. »

La députée de Manicouagan fait aussi valoir qu’elle a discuté du dossier avec le maire Montigny et qu’autant un que l’autre sont d’accord sur la teneur du nouvel emploi de Martine Salomon, qu’elle occupe depuis une dizaine de jours, et qu’il était primordial d’éviter toute apparence de conflit d’intérêts.

« Pour moi, Mme Salomon, de par son poste de conseillère, doit se retirer de tous les dossiers qui concernent la Ville, comme QcRail ou le port. On ne veut pas que ces choses-là se mêlent », enchaîne Mme Gill, signalant au passage que sa nouvelle employée n’aura « aucun pouvoir décisionnel ».

Marilène Gill a également déclaré que l’embauche d’un conseiller municipal par un bureau de député n’est pas un précédent et que l’Union des municipalités du Québec, le Bureau du directeur général des élections du Canada, celui de la Chambre des communes et le ministère des Affaires municipales du Québec ont été consultés avant que cette embauche ne soit officialisée.

Avec Steeve Paradis

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