Juste à temps

Par Marcel Marsolais 7:02 PM - 14 janvier 2020
Temps de lecture :

Avez-vous l’impression de courir partout en ayant le sentiment que vous allez être en retard partout? Courir comme la vitesse du numérique, car nous nous comportons de plus en plus comme nos téléphones dits intelligents. On nous pose une question, faut répondre dans la seconde. On nous texte quelque chose et la personne voit tout de suite si vous êtes en train de lui répondre.

Si vous ne répondez pas dans la seconde, le téléphone sonne pour savoir si vous avez lu le message. Les psychologues appellent ce phénomène l’anxiété numérique. Ce besoin puissant de savoir que l’autre répond immédiatement à votre anxiété.

Cette hyperconnexion (qui devient de l’hyperdépendance) provoque du stress sur des choses parfois complètement invraisemblables : des gens ne veulent plus aller dans le bois si le chalet n’a pas de réseau. Des parents passent leur temps sur le téléphone dans les estrades alors que l’enfant joue au hockey devant eux.

On dépense des fortunes en forfait international pour nos téléphones pour notre semaine de vacances sur la Costa del sol, alors que la plupart des hôtels et des Airbnb offrent pourtant un service de wifi.  Pourquoi? Parce qu’il faut rester connecter, même sur la plage.

Alors, imaginez  les compagnies de téléphonies cellulaires qui annoncent la venue du 5G. Ce nouveau mode de communication veut nous rendre la vie encore plus facile et accélérer la vitesse de réponse de nos téléphones. Mais pourquoi faire bon Dieu?

Mais c’est aussi pour avoir une maison intelligente qu’ils disent. Qu’est-ce qu’il y a d’intelligent à faire ouvrir les lumières à partir d’un mobile? Je lève mon index vers l’interrupteur et ça fonctionne très bien. J’aime mieux que ma maison reste insignifiante, c’est moins intrusif.

J’ai un cousin qui m’expliquait pendant les Fêtes qu’il est capable d’allumer son sapin de Noël  n’importe où il se trouve. Eh ben, dis donc toi? Ça sert à quoi en bout de ligne, tu n’y es pas pour le voir.

Selon certaines statistiques de source française, les gens passent plus de 20 minutes par jour sur Facebook seulement  et consultent les réseaux sociaux près de 80 fois durant la journée. Ça provoque de tristes situations : ma conjointe et moi étions au restaurant dernièrement et une famille de quatre était attablée à côté de nous. Ils ne se sont parlés que pour savoir ce qu’ils commandaient, le reste du repas, ils avaient la tête penchée vers leur refuge numérique. Peut-être qu’ils se textaient? Beaux liens familiaux.

La rapidité des informations obtenues sur les mobiles influencent nos propres comportements. On fait tout rapidement et on angoisse si le colis commandé en ligne aux Philippines n’arrive pas le lendemain. On est en train de former des générations d’anxieux et de cyberdépendants.

On développe l’idée que tout doit être livré dans l’immédiat. Il faudrait plutôt développer l’idée de laisser agir le temps sans tout précipiter. Peut-être y aurait-il moins d’anxiété et de détresse psychologique dans la population?

Partager cet article